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    28/9/11 | Philippe Nemo | 
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	L’insupportable police des idées en France ! Ce qui frappe dans la police des idées qui a été mise en place depuis quelques années en France, c'est son caractère crypto-religieux. Aux personnes qui énoncent des faits et arguments au sujet de l'immigration, des mœurs familiales et sexuelles, de l'école, de la sécurité, de la politique pénale, des politiques sociales, de la fiscalité, etc., n'allant pas dans le sens de l'orthodoxie régnante, on n'oppose pas d'autres faits ou d'autres arguments, mais une fin de non-recevoir. On ne veut pas discuter avec elles, on veut qu'elles disparaissent purement et simplement de l'espace public. On veut que la société soit purifiée de leur présence. Ces prohibitions absolues rappellent certains traits caractéristiques des mentalités magico-religieuses. D'abord le curieux vocabulaire employé, inconsciemment emprunté aux fanatismes de jadis. Quand une thèse ou un mot non-conforme se profilent à l'horizon, il est de plus en plus fréquent qu'on se récrie sur les «relents» et l'odeur «nauséabonde» qui émaneraient d'eux (ce langage ridicule est couramment parlé aujourd'hui dans les milieux journalistiques). Or les fanatiques de jadis se plaignaient eux aussi des odeurs de soufre que répandaient les hérétiques et qui était censée émaner de l'antre de Satan. C'est un langage d'exorcistes ! On ne peut qu'être frappé, ensuite, par l'imprécision foncière de ce même 
	langage. On dira, par exemple, que les opinions incriminées «rappellent les 
	heures les plus sombres de notre histoire ». C'est une allusion, en général, 
	aux événements de la Seconde Guerre mondiale. Mais les personnes qui 
	tiennent ce langage seraient le plus souvent incapables de citer des faits 
	ou des dates au sujet de ces « heures sombres », ou d'articuler le moindre 
	raisonnement précis montrant qu'un lien quelconque existe entre les opinions 
	en question et les crimes des nazis.  Dire qu'une immigration massive et ne s'accompagnant pas d'intégration 
	risque de dégrader le tissu social des sociétés européennes et donc de semer 
	le malheur en Europe sans résoudre pour autant les problèmes du tiers-monde 
	est vrai ou faux, mais c'est un propos de nature sociologique et politique 
	qui n'est, de soi, ni moral ni immoral. Vouloir changer l'école pour y 
	former à nouveau les scientifiques et experts dont le pays a besoin est 
	peut-être une vaine espérance, mais ce n'est pas un crime honteux. 
	S'interroger sur le développement psychologique des enfants qui auront été 
	élevés par des couples homosexuels ne relève pas d'une intention perverse. 
	Or, les discours de ce type sont bannis de l'espace public. Ils le sont par 
	l'effet non d'une quelconque argumentation, mais de mouvements violents et 
	irréfléchis. Par exemple, dans les sociétés musulmanes traditionnelles, on structure idées et comportements (et non pas seulement la nourriture) selon ce qui est halal, c'est-à-dire conforme et autorisé, et ce qui est haram, c'est-à-dire maudit et interdit. Ce partage constitue une norme rigide sanctionnée par de dures pénalités, alors qu'il n'y a rien en lui de rationnel. Nul ne pourrait dire pourquoi ce qui est autorisé est autorisé, pourquoi ce qui est interdit est interdit ; ce qui en décide, c'est l'impénétrable volonté d'Allah telle que rapportée par le Coran et les traditions. Plus généralement, dans les sociétés où règne ce que Lévy-Bruhl a appelé 
	les mentalités primitives, ce qui décide du licite et de l'illicite est la 
	volonté des dieux et des ancêtres telle que rapportée par le mythe. Par 
	exemple, on trouve dans la Bible des interdits étranges qui sont 
	manifestement des reliquats de vieux mythes d'origine, comme l'interdiction 
	de faire bouillir les chevreaux dans le lait de leur mère ou de manger dans 
	un animal le nerf de la cuisse. Ajoutons que cette irrationalité des 
	structures de tabou s'accompagne de leur non universalité : étant donné que 
	les normes et les tabous d'une société archaïque dépendent du mythe 
	fondateur qui lui est propre, ils sont à la fois illégitimes, 
	incompréhensibles et inapplicables pour les hommes d'une autre société. Philippe Nemo (Extrait de La régression intellectuelle de la 
	France, Editions Texquis.) 
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