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24/5/06 Florin Aftalion

Un nouveau médicament allemand pour mieux tuer les malades

A partir de 1948, l’Allemagne (ou plutôt la République fédérale d’Allemagne) a traversé une période de croissance rapide et de grande prospérité. A l’origine de ce qui a été qualifié de miracle économique se trouvent les réformes « ultralibérales » du ministre des finances de l’époque, Ludwig Erhardt. Depuis lors, les dirigeants tant de gauche que de droite de ce pays se sont efforcés de corriger les imperfections du marché et de rendre leur économie plus sociale. A la suite des mesures prises par le chancelier Kohl afin d’absorber l’Allemagne de l’Est tout en gonflant les revenus de ses habitants, notre voisin d’Outre Rhin est devenu l’un des malades de l’Europe (avec la France et l’Italie) tant sa croissance est aujourd’hui anémique et son chômage élevé.
Au cours de sa campagne électorale de l’été dernier, Angela Merkel a proposé une mesure digne de son célèbre prédécesseur Erhardt : introduire une flat tax de 25 % sur les revenus des entreprises aussi bien que des ménages. Malheureusement, ses électeurs en lui refusant la majorité au Bundestag, l’ont conduite à former un gouvernement de coalition avec les sociaux-démocrates. Et voilà que ce gouvernement, au lieu d’une baisse des taux d’imposition, fait voter une hausse de la TVA de 3 % ! Que ne fait-on pas pour rester au pouvoir !
Ce supplément de TVA est censé apporter à l’Etat allemand les ressources nécessaires pour réduire son déficit budgétaire en deçà de la limite autorisée par Bruxelles. Ce qui se produirait toutes choses égales par ailleurs. C’est-à-dire si ces 3 % n’avaient aucun effet sur les revenus des consommateurs. Or, leur pouvoir d’achat diminuant de 3%, les Allemands vont consommer moins (ou épargner moins) et la demande de biens et de services diminuera. Au moins deux conséquences s’ensuivront : les ventes auxquelles s’appliquera la nouvelle TVA seront réduites, donc les recettes de cette taxe diminueront. Et puis, comme les firmes produiront moins, le chômage augmentera entraînant une suite malheureuse de conséquences économiques et sociales bien connues.
Par ailleurs, les augmentations d’impôts ont la fâcheuse habitude d’inciter les agents économiques, surtout les plus productifs d’entre eux, à moins travailler, investir et innover. Avec encore des conséquences malheureuses sur la croissance et l’emploi !
A partir de 2007, date de l’entrée en vigueur de la nouvelle mesure fiscale, attendons-nous à une détérioration de la santé du malade allemand.

Florin Aftalion

 

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