Un nouveau médicament allemand pour
mieux tuer les malades
A partir de 1948, l’Allemagne (ou plutôt la République fédérale
d’Allemagne) a traversé une période de croissance rapide et de grande
prospérité. A l’origine de ce qui a été qualifié de miracle économique se
trouvent les réformes « ultralibérales » du ministre des finances de
l’époque, Ludwig Erhardt. Depuis lors, les dirigeants tant de gauche que de
droite de ce pays se sont efforcés de corriger les imperfections du marché
et de rendre leur économie plus sociale. A la suite des mesures prises par
le chancelier Kohl afin d’absorber l’Allemagne de l’Est tout en gonflant les
revenus de ses habitants, notre voisin d’Outre Rhin est devenu l’un des
malades de l’Europe (avec la France et l’Italie) tant sa croissance est
aujourd’hui anémique et son chômage élevé.
Au cours de sa campagne électorale de l’été dernier, Angela Merkel a proposé
une mesure digne de son célèbre prédécesseur Erhardt : introduire une flat
tax de 25 % sur les revenus des entreprises aussi bien que des ménages.
Malheureusement, ses électeurs en lui refusant la majorité au Bundestag,
l’ont conduite à former un gouvernement de coalition avec les
sociaux-démocrates. Et voilà que ce gouvernement, au lieu d’une baisse des
taux d’imposition, fait voter une hausse de la TVA de 3 % ! Que ne fait-on
pas pour rester au pouvoir !
Ce supplément de TVA est censé apporter à l’Etat allemand les ressources
nécessaires pour réduire son déficit budgétaire en deçà de la limite
autorisée par Bruxelles. Ce qui se produirait toutes choses égales par
ailleurs. C’est-à-dire si ces 3 % n’avaient aucun effet sur les revenus des
consommateurs. Or, leur pouvoir d’achat diminuant de 3%, les Allemands vont
consommer moins (ou épargner moins) et la demande de biens et de services
diminuera. Au moins deux conséquences s’ensuivront : les ventes auxquelles
s’appliquera la nouvelle TVA seront réduites, donc les recettes de cette
taxe diminueront. Et puis, comme les firmes produiront moins, le chômage
augmentera entraînant une suite malheureuse de conséquences économiques et
sociales bien connues.
Par ailleurs, les augmentations d’impôts ont la fâcheuse habitude d’inciter
les agents économiques, surtout les plus productifs d’entre eux, à moins
travailler, investir et innover. Avec encore des conséquences malheureuses
sur la croissance et l’emploi !
A partir de 2007, date de l’entrée en vigueur de la nouvelle mesure fiscale,
attendons-nous à une détérioration de la santé du malade allemand.
Florin Aftalion
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