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25/11/08 | Bernard Martoïa |
Ceux qu’on sauve, ceux qu’on ne veut pas sauver … Le deuxième plan de sauvetage de Citigroup de 25 milliards de dollars est assorti d'une garantie de l'État à hauteur de 90 % des 306 milliards de dollars de créances irrécouvrables accumulées par la plus grande banque américaine. Ce plan intervient peu après le deuxième, accordé, le 11 novembre 2008, à AIG, d'un montant de 152 milliards. Pourquoi sauver ce secteur et pas celui de l'automobile qui ne demande pas le dixième des sommes englouties à perte par le premier ? Dans son allocution télévisée du 24 septembre 2008, au cours de laquelle il a annoncé un plan de sauvetage de 700 milliards de dollars, le président George Bush a pris soin de souligner, en préambule, son aversion envers l'intervention de l'État pour sauver une entreprise défaillante, et de préciser ensuite que si elle devait se faire en raison de la gravité de la crise, elle ne devait pas revêtir un caractère discriminatoire. C'est pourtant ce qu'il fait en refusant d'aider le secteur automobile gravement touché par la récession économique. Des journalistes américains ironisent sur le déplacement séparé à Washington des trois patrons de l'industrie automobile à bord de trois jets privés. C'est évidemment une faute de leur part alors qu'ils sollicitent l'argent du contribuable américain. Les patrons de Citigroup ou de AIG se déplacent-ils différemment ? Seraient-ils plus coupables que les banquiers ? Bien sûr que non, mais il existe un préjugé à leur égard. Quelques jours après avoir reçu la première tranche de 85 milliards de dollars de la part de la Fed, les dirigeants de AIG se sont rendus à l'hôtel Saint Regis, au sud de Los Angeles, où ils ont dépensé la bagatelle de 440.000 $ au cours d'un weekend fastueux. Lors de l'audition, le 7 octobre 2008, de l'ancien président de AIG, Robert Willumstad, par la commission des finances à la Chambre des Représentants, son président, le démocrate Henry Waxman, s'est indigné que les dirigeants de cette entreprise, sauvée par le contribuable américain, se moquent éperdument de "la souffrance des Américains qui perdent leur emploi, leur maison et leur couverture médicale." Les patrons de l'industrie automobile américaine seraient coupables de ne pas avoir anticipé la crise en produisant des modèles économes en énergie. Mais la crise n'a-t-elle pas été provoquée par la cupidité des banquiers ? Ces derniers sont absous et ils ont, en sus, la garantie que l'État se portera à leur secours. A terme, le secteur bancaire américain sera entièrement nationalisé car il ne peut se sauver lui-même. La facture laissée au contribuable américain sera sans commune mesure avec celle de 150 milliards de dollars après la faillite des Savings & Loan dans les années 90. Si les démocrates ont emporté facilement les élections du 4 novembre 2008, ils ne le doivent pas seulement à leur idée creuse de changement (entonnée à satiété par le sénateur Obama) mais au comportement inadmissible de dirigeants d'entreprise proches de Bush que les électeurs américains ont voulu sanctionner. Bernard Martoïa
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