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6/11/11 | Claude Reichman |
Maison Sarkozy : on solde ! Moins 20 % à tous les rayons ! Le G20 de Cannes aura au moins servi à démontrer que personne dans le monde ne veut prêter de l’argent aux Etats de la zone euro pour les aider à faire face à leurs dettes. « Je suis seule ce soir, avec mes rêves », disait une chanson des années cinquante. Il s’agissait là de sentiments. Comme aujourd’hui d’ailleurs. Ce sont ses illusions de puissance et de grandeur que l’Europe contemple dans le miroir ébréché de ses finances publiques. Elle ne rêve pas d’un chevalier servant mais d’un prêteur généreux. Mais comme Godot, celui-ci ne viendra pas. Il ne nous reste plus qu’à nous serrer la ceinture. Tant mieux, car s’endetter pour traiter la dette ne peut mener qu’à la catastrophe. Chaque pays est désormais face à ses responsabilités. C’est en nous en tirant seuls, les uns et les autres, que nous assurerons notre salut collectif. Pour la France, le choix est simple. Nos dépenses publiques atteignent 57 % du PIB. C’est dix points de plus que l’Allemagne. Laquelle n’est ni sous-administrée ni socialement sinistrée. Nous devons donc ramener nos dépenses, actuellement de 1000 milliards d’euros, à 800 milliards. Qu’est-ce que les dépenses publiques ? Des services que l’Etat nous vend (en réalité, il nous oblige à les acheter). Il se trouve que, même sous la contrainte, nous ne parvenons plus à les payer (d’où le déficit public). Pour les maintenir, l’Etat ne cesse d’emprunter et de s’endetter. Mais aujourd’hui, les prêteurs se font de plus en plus tirer l’oreille et demain, craignant de n’être pas remboursés, ils ne nous prêteront plus, mettant l’Etat, les régimes sociaux et les collectivités locales en faillite. Face à cette perspective affolante, le président de la République bricole de nouvelles taxes, rabote des niches fiscales et réduit les dépenses à doses homéopathiques. Il ne peut rien sortir de cette politique, sinon un étouffement de l’activité économique, de moindres rentrées fiscales et la nécessité de nouveaux prélèvements. Il faut donc résolument changer de cap. Que fait un commerçant quand il n’arrive plus à écouler sa marchandise ? Il la solde. C’est ce que doit faire la puissance publique. Elle nous vend sa camelote 1000 milliards par an, qu’elle nous la solde à 20 % de son prix, soit 800 milliards. Autrement dit l’Etat, la Sécurité sociale, les communes, les départements et les régions ne recevront plus que 800 milliards et devront se débrouiller avec cette somme, au demeurant fort généreuse encore. 20 % de moins pour tout le monde, ce n’est pas la mer à boire. N’importe quelle famille malmenée par la crise en fait autant tous les jours, alors pourquoi pas l’Etat et ses annexes ? Sur le chiffre de 20 % de réduction des dépenses publiques, tous les économistes sérieux sont d’accord, ainsi d’ailleurs que bon nombre d’hommes politiques qui n’osent pas le dire en public. C’est sur la manière d’y parvenir que les avis divergent. A vrai dire, il n’y a pas même de propositions sérieuses à ce sujet. La plupart d’entre elles consistent non pas à réduire sérieusement le train de vie de la famille mais à supprimer les croquettes du chat ! Au demeurant, il n’est pas possible politiquement de baisser les dépenses publiques de 20 % par la méthode de l’échenillage. Celui à qui l’on retire un avantage ou une subvention hurle que son voisin n’est pas touché, et ainsi de suite. Tout le monde à la toise, c’est la bonne méthode si l’on veut que personne ne s’estime plus mal traité que les autres. Une fois que nous paierons tous 20 % de moins pour la camelote étatique, il s’agira de mettre bon ordre aux innombrables scandales de sa gestion. Mais du moins le ferons-nous dans un climat moins dramatique, sans la menace permanente des huissiers. Finalement, c’est la plus simple des réformes que celle-là. Et la plus facile à défendre dans l’opinion. Quand l’inondation a tout envahi, la première chose à faire est d’évacuer l’eau et la boue. Et en ce moment, il se trouve, Françaises, Français que tous ensemble on est dans la flotte, pour ne pas employer un mot plus malodorant. Alors écopons, écopons. Et toute cette matière accumulée dans nos rues, ramenons-là à ce qu’elle vaut : 800 milliards. Et c’est bien payé ! Claude Reichman
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