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24/9/22 | Claude Reichman |
Les femmes ont eu la peau du petit rouquin !
Admirable permanence de l’âme humaine. Les évènements qui se déroulent dans la France contemporaine n’ont rien de très différent de ceux de la Grèce antique au IVe siècle avant JC. La seule vraie différence, c’est que nous n’avons pas encore trouvé l’Aristophane qui les tournera en dérision. Dans « L’Assemblée des femmes », l’auteur grec met en scène la prise du pouvoir par les Athéniennes, au détriment des citoyens mâles qui ne parviennent pas à réformer les institutions de la cité. Inutile de rappeler que les nouvelles institutions vont sombrer dans le ridicule et dans l’égoïsme des intérêts particuliers. Ainsi, les femmes, quand elles sont au pouvoir, ne font pas mieux que les hommes. Ni plus mal, doit-on ajouter, car Athènes avait à nouveau sombré dans la tyrannie alors que les hommes la dirigeaient sans partage. Dans tout évènement digne de ce nom, il faut une victime emblématique. Là, nous avons « un petit rouquin », comme le dit la belle chanson de Michel Delpech. Il n’est pas antipathique, malgré ses idées, Adrien. Il s’exprime plutôt bien et ne ridiculise pas la classe politique. Mais il a deux défauts. Le premier est d’avoir proclamé il y a peu son extrême aversion pour les violences faites aux femmes. Le second, c’est d’avoir une femme qui a eu envie de le quitter. Alors il s’est un peu mis en colère, Adrien, et, dans une dispute avec Céline, il l’a giflée. Pourquoi Céline, un ou deux ans plus tard, est-elle allée porter plainte au commissariat ? Probablement parce que le divorce n’avançait pas assez vite à son gré. Et c’est alors que la France s’est enflammée. L’histoire d’Adrien et Céline est des plus banales. Depuis que les hommes et les femmes vivent ensemble, ils se disputent. Ils s’aiment aussi, soyons équitables. Mais les gens heureux, dit-on, n’ont pas d’histoire. Le problème, ici, c’est qu’Adrien est député et qu’il a vocation à succéder à Méluche, dit Mélenchon pour les intimes. C’est donc un garçon en vue, qui a en outre un talent de chanteur de rock et qu’il frappe bien …la batterie. Bref, il ya de quoi faire du bruit. Et c’est là que, sans le concours d’Aristophane, les Insoumis, puisque tel est le nom de leur parti, nous offrent un spectacle du plus haut comique. Car les femmes du groupe ne défendent guère leur collègue Adrien, qui se voit pousser à la démission, tandis que les hommes en arrivent à dire qu’administrer une gifle à sa femme est moins grave que la battre tous les jours ! Je me souviens d’une phrase que j’ai souvent entendue dans ma jeunesse : « On ne doit toucher à une femme qu’avec une rose. » Adrien ne la connaissait peut-être pas, ou alors il l’a oubliée dans un instant de colère. Le pauvre garçon risque de le payer pendant toute sa vie. Car nous sommes entrés dans une époque de sorcières. Et pour leur plus grand malheur, les hommes ont pris la place des femmes dans la chasse que l’on fait aux jeteuses de sort. C’est la vie, diront certains. C’est bien fait, diront d’autres. Mais tous feraient bien de se demander pourquoi notre société est entrée en déraison. Car enfin, cela faisait un bon moment qu’on avait cessé de s’attaquer aux sorcières. Mais voilà : le peuple se trouve en face de politiciens qui ne sont jamais responsables de rien. Alors il faut bien trouver des innocents pour payer à leur place. Ce n’est certes pas nouveau. La Grèce antique et la Bible parlent l’une et l’autre du bouc émissaire. Adrien est en bonne compagnie ! Adrien n’est certes pas tout à fait innocent. Mais il est coupable de participer d’un mouvement qui, sous prétexte de protéger les femmes, veut surtout détruire la société actuelle. Celle-ci est bien loin d’être parfaite, et il faut assurément la réformer. Les femmes, en France, ne votent que depuis 1945, et il a fallu attendre le milieu du siècle pour qu’elles puissent ouvrir un compte bancaire sans l’aval de leur époux. Aujourd’hui, les femmes travaillent, sont chefs d’entreprise, pilotes d’avion et officiers dans l’armée. Personne ne s’en insurge, preuve que la société a totalement admis ces évolutions. Il n’en reste pas moins qu’elles sont des femmes, que les hommes sont des hommes, et que leur coexistence n’est pas toujours un chemin de roses, surtout quand ils ont envie de quelqu’un d’autre. A ce moment là, le seul salut des couples est dans la civilisation, qui nous apprend à ne pas gérer nos conflits dans la violence. Adrien voulait, avec ses amis politiques, à imposer aux Français un système qu’ils refusent en majorité. Il aurait mieux fait d’en rabattre un peu et de s’occuper plus de son épouse. Tout se serait mieux passé pour lui. Pauvre petit rouquin. Si coupable et si à plaindre finalement. Même si la politique, depuis toujours, ne connaît qu’une règle : « Vae victis ! » Claude Reichman
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