Plafonner le salaire des grands patrons :
		                           
		une mauvaise idée !
		
		Le quotidien 
Libération n’est jamais en panne de fausses bonnes 
		idées. Sa cléricature bobolchevique flatte l’instinct égalitaire des 
		Français, ces derniers ayant la passion de l’égalité, et l’on peut 
		craindre même que ce soit celle de l’envie. Mais cette passion, ils 
		l’assouvissent au prix du sacrifice de la liberté, deuxième terme de 
		l’oxymore républicain ! Je vais sans doute scandaliser certains 
		lecteurs, mais je ne suis pas plus favorable à ce plafonnement (pas plus 
		de 100 SMIC soit 1,75 million d’euros) qu’au contrôle des paradis 
		fiscaux.
		
		Le moteur social de l’envie profite à l’oligarchie politique
		
		Bien sûr, on pourra trouver excessive la rémunération d’un patron en 
		ce qu’elle représente des centaines de SMIC et de bas salaires, mais 
		restituées au CA de l’entreprise, ces sommes n’auraient aucun effet sur 
		la bonne marche de l’entreprise, pas plus qu’elles ne bénéficieraient 
		aux 87,2 millions de pauvres européens (chiffres OIT).
		
En revanche, des rémunérations plafonnées provoquent de la pénurie de 
		dirigeants qui, dans une économie mondialisée, auront tôt fait de partir 
		sous d’autres cieux plus rémunérateurs. D’autant qu’une concurrence bien 
		pensée pourrait tendre à freiner leur rémunération, alors que des 
		mesures de contraintes créent des effets de rente. Ainsi aurions-nous 
		payé leurs études, Polytechnique, l’ENA, même HEC, largement perfusée 
		par les chambres de commerce et les centimes additionnels parafiscaux, 
		pour les voir partir. 
		Aussi bien la compétence et la responsabilité de ces hommes sont 
		considérables, des milliers de rémunérations et d’emplois dépendent 
		d’eux. Une responsabilité bien supérieure à celle d’un brailleur de 
		micro payé 150 000 euros pour venir déverser sa haine à Verdun, ou 
		quelque frappeur de ballon importé à grands frais pour capter 
		l’attention des foules. 
		Personne ne se scandalise de rémunérations qui ne sont pas à la 
		hauteur des compétences et de l’utilité sociale, les politiciens les 
		premiers, qui proclament tous, sans aucune exception, qu’ils aiment le 
		foot, mais seront les premiers à critiquer les salaires des patrons. Et 
		pendant ce temps-là, nos donneurs de leçons sont exemptés de toute 
		réflexion sur leurs propres rémunérations.
		
		Hypocrisie de la classe politique
		
		Posons une équation simple. Soit x le capital pouvant engendrer une 
		rémunération, soit 2 % le rendement moyen de tout investissement et 
		principalement l’investissement productif dont on sait que le retour est 
		alourdi par le risque et des charges considérables. Soient maintenant 
		les retraites des anciens présidents de la République (1,5 à 2,5 
		millions d’euros), la retraite future du locataire de l’Élysée (on la 
		lui souhaite néanmoins le plus tôt possible), les retraites du président 
		de l’Assemblée nationale, nommé préfet hors cadre en plus, celle des 
		députés des sénateurs, cela nous donne : 2 % de x = R.
		
		Vous découvrirez avec stupéfaction l’ampleur du capital requis et ce que 
		vous, contribuables, donnez à cette fine équipe de prébendiers. Un 
		revenu des hommes de l’État exclusivement constitué d’argent public ! Où 
		est la morale ? Qui donne des leçons ? Là est l’hypocrisie. Je 
		n’écouterai quant à moi le discours des politiciens sur les 
		rémunérations des grands patrons que lorsque les politiques se seront 
		résolus à diminuer leurs scandaleuses rémunérations, trop payés qu’ils 
		sont, trop longtemps, trop nombreux.
		
		Pourquoi le service de l’État enrichirait-il les hommes de l’État ? 
		Qu’il ne les appauvrisse pas, certes, mais en France on croit encore que 
		la richesse vient de lui, c’est un archaïsme hérité de l’Ancien Régime 
		et très en vogue en Afrique et dans les pays en développement. Qui 
		s’interroge sur les largesses dont bénéficie Mlle Julie Gayet sur fonds 
		publics ? Mais l’on fait grand cas, dans nos manuels scolaires, des 
		favorites de nos rois. Le petit patron, l’artisan, l’agriculteur, chez 
		qui débarquent les huissiers, ne pourraient-ils pas les renvoyer à Mme 
		Trierweiler pour lui réclamer ce qu’elle a coûté aux contribuables, 
		payable sur les droits d’auteur de « Merci pour ce moment » ?
		
		La lutte contre les paradis fiscaux : un pas vers la gouvernance 
		mondiale
		
		J’en conviens là aussi et, comme pour les patrons, je n’écris pas cela 
		pour les défendre, mais parce que Timeo Danaos… Je me méfie des cadeaux 
		que les moralistes politiques ou journalistes de tout poil prétendent 
		faire au bon peuple pour l’amuser. Se soustraire au fisc est 
		condamnable, mais ni plus ni moins immoral que le fiscalisme 
		confiscatoire. L’affaire des Panama Papers a d’ailleurs révélé qui était 
		derrière l’opération : George Soros, un modèle de loup carnassier de la 
		finance, sauf qu’il montre patte blanche en se faisant l’agent actif du 
		« grand remplacement européen ». À ce prix, je préfère la liberté, car 
		chacun sait que s’il existe des paradis fiscaux, c’est parce qu’il 
		existe des enfers fiscaux. Sous couvert de morale, le mondialisme avance 
		masqué.
		
		On aura compris que l’auteur de ces lignes n’a pas un kopek dans un 
		paradis fiscal et qu’il n’a pas non plus les revenus d’un capitaine 
		d’industrie. En revanche, il souhaite que ses lecteurs, une fois encore, 
		ne fassent pas comme les Français, qu’ils préfèrent la liberté à 
		l’égalité.
		
		Olivier Pichon