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22/7/09 | Gérard Pince |
La burqa nuit gravement à votre santé ! Pourquoi suis-je gêné par la vue d’une burqa ? Tous ceux qui sont hostiles à une réglementation répètent cette question à satiété. Pour y répondre, observons tout d’abord que la vie en société implique un partage de sensations auditives, visuelles et olfactives. En règle générale, la bonne éducation et la politesse régissent ces échanges de sensations mais la loi impose aussi de nombreuses limitations. Par exemple, on interdit le tapage nocturne, la fumée du tabac et les enseignes lumineuses qui fatiguent la rétine. Un son ou une odeur peuvent donc altérer la santé d’autrui. De son côté, la sensation visuelle d’un vêtement n’est pas neutre. En effet, dans une société, le rôle du vêtement ne consiste pas seulement à se protéger du froid. Il représente aussi un signal visuel qui a pour fonction d’établir une communication entre les consciences (1). En ce sens, le voile intégral transmet visuellement le message d’une culture et d’un mode de vie que je réprouve. Dans ces conditions, en m’imposant la sensation de sa burqa, la femme voilée m’oblige à partager ce qui est bon pour elle mais ce qui est mauvais pour moi. Cette vision s’avère tout aussi nuisible à ma santé que la fumée ou le bruit puisqu’elle altère à la longue mon équilibre mental. Je réponds donc à la question inaugurale : Oui, la vue de la burqa nuit gravement à ma santé et son port devrait être interdit au même titre que le tapage nocturne ou la fumée du tabac. Il existe une alternative mais je doute qu’elle soit recommandable. On peut en effet, au nom de la tolérance, accepter tout ce que l’on voudra mais à condition que les communautés vivent dans des quartiers, des écoles, et des espaces publics séparés. Par exemple, j’admets fort bien que certains jouent du tamtam toute la nuit à condition que cela se passe loin de chez moi. Par ailleurs, puisque les lois sont l’expression des modes de vie, on aura aussi, toujours au nom de la tolérance, des législations distinctes. Par exemple, la polygamie sera interdite ici et autorisée ailleurs. Nous aboutirons ainsi à détestable ségrégation que personne ne souhaite (2). Vous m’objecterez que s’il fallait interdire tous les comportements et opinions qui nous indisposent, on en viendrait alors à abolir les libertés. Vous pourriez aussi remarquer que chaque individu choisit librement son comportement, et que cela n’empêche pas pour autant des lois communes. Il faut donc montrer, à présent, pourquoi les principes de tolérance et de liberté ne peuvent pas s’appliquer au cas de la burqa. Nous sommes tous différents, physiquement, intellectuellement, moralement, socialement. Nous avons des opinions parfois opposées en matière de goûts, de couleurs, de croyances, de politique etc. Pourtant, nous parvenons à vivre en société avec des lois communes. Ce miracle tient au fait que quelles que soient nos différences, nous partageons un mode de vie quotidien et un héritage culturel commun. Comme nous participons, de surcroît, aux valeurs universelles qui sont nées sur notre sol au siècle des lumières, nous pouvons aussi communiquer avec des populations qui n’ont ni le même mode de vie, ni le même héritage culturel mais qui partagent néanmoins ces valeurs (Je pense par exemple, aux Indiens ou aux Japonais). Dans ce contexte, la tolérance et le respect de la liberté individuelle trouvent pleinement leur sens. Avec l’Islam radical, nos modes de vie et nos héritages culturels s’avèrent non seulement différents mais surtout antagonistes (3). Pour les islamistes, notre mode de vie est scandaleux, tout comme le leur l’est de notre point de vue. Comme cet Islam refuse par ailleurs les valeurs universelles, on ne peut donc rien partager sinon une animosité réciproque. Tant que chaque communauté vit dans son propre pays, cette incompatibilité ne présente pas d’inconvénients majeurs. En revanche, lorsque l’Islam radical s’implante chez nous, lorsqu’il se sert du voile comme d’un drapeau pour afficher son opposition totale à notre société, il provoque de facto un climat général d’hostilité qui constitue un trouble grave à l’ordre public. Dans ce contexte, la liberté de porter la burqa devient une licence accordée aux fauteurs de troubles. C’est d’ailleurs au nom de ce principe que notre législation prohibe à juste titre le port d’insignes nazis ou l’exhibition publique de comportements allant à l’encontre de toutes les valeurs d’une société démocratique et évoluée. Dans ce cadre, l’interdiction de la burqa ne contreviendrait donc pas aux valeurs de tolérance et de liberté (4). Je recommande donc aux membres de la mission parlementaire de se concentrer sur la notion de trouble grave à l’ordre public qui représente le meilleur angle d’attaque pour obtenir l’interdiction de la burqa en France. Gérard Pince 1- Des bibliothèques entières ont été consacrées à la symbolique du
vêtement. Historiquement, il a toujours représenté un vecteur de pouvoir,
soit en interdisant à une catégorie de la population de porter certains
vêtement (féodalisme), soit au contraire par l’obligation faite à tous de
porter le même uniforme (totalitarisme).
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