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30/12/08 | Bernard Martoïa |
Des millions de piscines individuelles converties en patinoires par la faute des Keynésiens "La connaissance peut être communiquée mais pas la sagesse", disait Hermann Hesse. Nous sommes abreuvés, sinon abrutis, par le discours keynésien en faveur d'une relance mondiale. Paul Krugman, le lauréat du prix Nobel d'économie, en remet une couche aujourd'hui dans son article " Cinquante Herbert Hoover". Dans sa diatribe, il compare les cinquante gouverneurs des États de l'Union au président républicain Herbert Hoover de 1929 à 1933. De quoi se sont rendus coupables les gouverneurs aux yeux du nouveau pape des keynésiens ? De réduire les dépenses de leur État. Pour la défense des gouverneurs, Krugman invoque le fait qu'ils seraient tenus par une loi d'avoir des budgets équilibrés. Il faudrait donc que ce fusible saute pour relancer la dépense. Je me demande à quelle loi il se réfère. Arnold Schwarzenegger est parvenu au poste de gouverneur de la Californie, le 7 octobre 2003, en raison de l'énorme dette de cet État. Les électeurs ont sanctionné l'ancien gouverneur Gray Davis par la procédure unique en son genre de recall, qui est un référendum demandant la destitution du gouverneur. Albert Einstein prononça cette phrase géniale que nous autres, militants de la Révolution bleue, aimons souvent citer : « On ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés ». Dans son excellente enquête (un texte capital sur la débâcle financière de vingt-et-une pages que j'ai pris la peine de traduire intégralement en deux journées de onze heures chacune de travail : 25 et 26 décembre), John Cassidy a interrogé beaucoup d'acteurs et de personnalités dans le monde de la finance pour nous offrir une vision équilibrée des responsabilités. Voici un passage saillant qui montre la responsabilité des keynésiens dans la crise actuelle. "Bernanke fournit la justification intellectuelle à l'approche non-interventionniste de la Fed à l'égard des bulles", m'a dit Stephen Roach, le président du bureau de l'Asie de Morgan Stanley, qui était parmi les économistes pressant la Fed d'ajuster sa politique. "Il a joué aussi un rôle clé dans le développement de la théorie du "surplus d'épargne dans le monde", que la Fed a utilisée comme une excuse très commode pour dire que nous faisions au monde une grande faveur en maintenant notre demande. Avec le recul, nous n'avions pas un surplus d'épargne au niveau mondial, nous avions un surplus de consommation en Amérique. Dans tous les cas, Bernanke était complice dans les bourdes colossales commises par la Fed." Cette fumeuse théorie du "surplus d'épargne dans le monde" est un avatar du keynésianisme. Elle a permis aux ménages et à l'État américain de vivre trop longtemps aux crochets du reste du monde. Cette bulle a éclaté. Que proposent les Krugman, Fitoussi et consorts ? Tout simplement de recommencer la même erreur, mais à une échelle plus grande. Comme je l'ai écrit dans mon article du 18 décembre 2008 (« L'Amérique peut-elle être sauvée ? »), je crains que ce soit la dernière relance keynésienne avant un krach mondial qui déclenchera inévitablement des guerres à travers le monde. Les événements en Grèce sont un prélude de ce qui nous attend en Europe, avec des bandes bien organisées de trotskystes saccageant tous les symboles de la société honnie : universités, écoles, bibliothèques, hôpitaux, crèches, casernes de pompiers, gares, etc. Une amie de Sacramento, qui est la capitale de la Californie, me dit au téléphone, alors que je l'appelais pour lui souhaiter Thanksgiving, ce que pensent les contribuables californiens : "Schwarzenegger n'a rien fait pour redresser les finances, il a endormi l'opinion publique en rééchelonnant la dette. Les tueries à répétition (une nouvelle vient juste de se produire à Noël) sont les signes avant-coureur d'une désintégration de notre société. Le film apocalyptique "Mad Max", tourné en 1979 en Australie, où l'on voit des bandes de motards extrêmement violents écumer les routes, est notre hantise." Il est bien connu que le malheur des uns fait le bonheur des autres. Dans cette même édition du 29 décembre 2008, le New York Times évoque le sort des piscines californiennes. En raison d'un nombre invraisemblable de saisies de maisons dans cet État, les fans du skate-board s'en donnent à cœur joie ! Ils ont l'embarras du choix pour s'adonner à leur passion. Ils ont découvert que les piscines modernes aux courbes naturelles constituent un excellent terrain de jeu. A Fresno, une ville d'un million d'habitants, Josh Peacock, un fan de 27 ans, a déclaré : "Nous avons tant de piscines que nous ne savons qu'en faire !" Des fans d'Allemagne et d'Australie viennent en Californie se livrer aux joies du patinage. Grâce à la toile, qui met à jour les maisons faisant l'objet d'une saisie (confer les sites realtor.com ou realquest.com), ils sont informés en temps réel. Sur un site des fans, on peut lire : "God bless Greenspan, patron saint of pool skating" (Dieu bénisse Greenspan, le saint patron des piscines de patinage) Josh, lui, est sur le terrain. Il se promène avec son matériel pour vider les piscines environnantes. Il dispose d'une pompe alimentée par un moteur à explosion. Grâce à la crise, le prix à la pompe d'un galon d'essence est tombé à 1.87 $ alors qu'il était de plus de 4 $ en juillet. Il a une pelle et un grand balai pour nettoyer le fond de la piscine. Après deux jours de séchage, la piscine est prête. Même les ménages qui parviennent encore à rembourser leur prêt hypothécaire ne peuvent plus se permettre l'entretien d'une piscine. Les fans ne sont pas menacés de poursuite judiciaire. Ils invoquent le fait qu'ils accomplissent une mission de salubrité publique en vidant une piscine non entretenue. Elle attire les rats et les ratons laveurs et c'est aussi un endroit idéal pour la reproduction des larves de moustique. "Nous combattons le virus du Nil à notre façon", ont déclaré les skate-boarders. Une loi californienne peut infliger une amende de mille dollars au propriétaire d'une piscine non entretenue. Afin de ne pas avoir d'ennuis avec le shérif, les patineurs se conforment à une éthique qu'ils ont élaborée eux-mêmes : pas de graffiti, ramasser ses ordures après la fête et ne jamais entrer à l'intérieur d'une maison saisie. La piscine est un très bon exemple des mauvais investissements dénoncés par l'école autrichienne. Dans mon article du 25 novembre 2008 (« La fuite en avant nous conduit à la catastrophe) », j'ai repris la parabole que nous a léguée l'économiste Ludwig von Mises à propos de l'entrepreneur imprévoyant. Elle s'applique parfaitement à la Californie, où l'on a construit des millions de piscines individuelles qui ne servent plus à rien, si ce n'est à assouvir la passion des fans d'un sport marginal. Sur un plan économique, cela aurait coûté cent fois moins d'argent de construire des kilomètres de pistes de skate-board à la place de ces piscines individuelles que nous autres, contribuables américains et européens, allons rembourser pendant des années à travers une hausse inéluctable de nos impôts. Il en sera de même avec les plans de relance de Barack Obama, Sarkozy et consorts. Notre épargne va être dilapidée pour faire plaisir à une pseudo-élite qui tire justement son pouvoir de la dépense publique. Tout se tient dans le meilleur des mondes. Bernard Martoïa
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