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Des placebos pour nos "quartiers difficiles " |
17/11/05 | Florin Aftalion |
L'immigration doit être un atout majeur dans le développement d'une
économie. Elle est même indispensable lorsque sa population vieillit. Pourtant, en
France elle constitue un problème et non une solution. Pourquoi ? La réponse tient à deux raisons. La première concerne les immigrés. En termes économiques, ils devraient être capables de produire plus de ressources qu'ils n'en consomment. Pour qu'il en soit ainsi, les immigrés doivent apporter ou être capables d'acquérir un capital humain qui, associé aux ressources du pays d'accueil, soit suffisamment productif. Or, nous constatons que les immigrés arrivés en France depuis les années 1960 et qui se sont installés dans les cités des banlieues étaient dépourvus de capital humain. De plus, leur culture et leurs traditions ne valorisent pas l'enseignement et l'acquisition de connaissances. Il s'ensuit que leurs enfants et petits enfants sont peu disposés à la réussite scolaire dans un système où, circonstances aggravantes, leur intégration est rendue difficile par leur surnombre. Autrement dit, à une génération d'individus sans formation succèdent des générations d'illettrés capables, au mieux, de trouver des emplois non qualifiés, de plus en plus rares dans notre société postindustrielle. A contrario, nous voyons bien que les immigrés qui apportent avec eux une culture du travail et de l'accumulation du savoir ne posent pas les mêmes problèmes. C'est le cas des populations originaires du sud-est asiatique dont les jeunes ne souffrent ni de racisme ni d'un chômage exceptionnel. La seconde raison évoquée plus haut concerne la France comme pays d'accueil. Son économie est incapable de créer assez d'emplois pour occuper même ses citoyens bien formés. Ceux qui ne le sont pas n'y ont évidemment aucune chance. Les causes du blocage de la création d'emplois sont bien connues : une fiscalité dissuasive, un marché du travail rigide, un gaspillage de ressources dans un système de sécurité sociale pervers et des syndicats qui maintiennent par le chantage des privilèges ruineux dans le secteur public empêchent la création rapide de richesses, donc d'emplois. Les obstacles à la croissance sont aujourd'hui si graves que notre économie peine à maintenir un taux (officiel) de chômage pour l'ensemble de la population de 10%, qui monte à 23% chez les moins de 25 ans et à quelque 40% chez les jeunes des " banlieues difficiles ". Si l'analyse que nous venons d'esquisser est correcte, que nous réserve l'avenir ? Des centaines, voire des millions d'individus ne peuvent trouver d'emploi. Ils le savent, d'où leur désespoir. Pour que la situation change, toute l'économie française devrait être réformée de fond en comble. Nos hommes politiques refusent de le faire. Leur réaction devant les émeutes des banlieues consiste à renforcer le contrôle policier, ce qui dans l'immédiat est certes nécessaire, et à promettre des plans condamnés à l'échec. Ces plans ont en commun de reposer sur le sempiternel remède : les subventions. Même affectées à des programmes de formation (ce qui est un pas dans la bonne direction), elles ne peuvent représenter qu'un remède marginal. D'autres interventions projetées par le gouvernement résultent d'erreurs de diagnostic : la " discrimination positive ", la " lutte contre le racisme à l'embauche " ou la création d'une " Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité " risquent de faire plus de mal que de bien. De telles réformes contenteront ceux qu'elles vont faire vivre - membres d'associations, soi-disant éducateurs et autres médiateurs - mais n'auront pas plus d'effet qu'une couche de peinture neuve sur une HLM délabrée. Concluons : puisque les solutions proposées par le gouvernement pour apaiser la révolte des " quartiers difficiles " ne tiennent compte d'aucune des deux raisons qui l'expliquent, la probabilité pour qu'elles réussissent est strictement nulle. Florin Aftalion |