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10/1/09 | Claude Reichman |
Nicolas Sarkozy n’a que peu de jours pour lancer un vrai
plan de sauvetage
Il est grand temps que M. Sarkozy comprenne le problème français et s’applique à lui apporter une solution. Chaque jour qui passe est un jour perdu, gaspillé en déplacements inutiles, en apparitions télévisées s’efforçant de masquer le vide de l’action, et en vains discours. Ce n’est pas ainsi qu’on gouverne un pays, et encore moins quand une crise mondiale s’abat sur lui, venant ajouter ses effets à ceux d’une crise nationale largement antérieure et qui, à elle seule, menaçait déjà de faire s’effondrer notre pays. Les Français qui travaillent comme salariés dans le secteur privé ont aujourd’hui deux problèmes : comment boucler leur fin de mois et savoir si demain ils auront encore un emploi. Les 2. 700. 000 chefs d’entreprise français, dont l’immense majorité a moins de 10 salariés, se posent eux aussi deux questions : comment faire la paye et régler les impôts et les charges sociales du mois, et savoir s’ils auront assez de clients le mois suivant pour ne pas se déclarer en faillite. Il y a par ailleurs 6 millions de fonctionnaires et 13 millions de retraités qui semblent ne se faire aucun souci, assurés qu’ils sont de toucher leur traitement ou leur pension quoi qu’il arrive. Commençons par ces derniers, c’est-à-dire ceux qui se croient les plus heureux. Sans vouloir leur être désagréable et leur gâcher la vie, il faudrait qu’ils réalisent que l’argent qui leur est versé provient – et provient uniquement – du travail des salariés du privé et des résultats des entreprises. Une entreprise qui ferme, c’est des traitements de fonctionnaires et des pensions de retraite en moins, ou bien de la dette en plus. En résumé, tout le monde se tient dans le pays, et le malheur des uns, à une telle échelle, provoque forcément le malheur des autres, même s’il se produit parfois un léger décalage dans le temps. Qu’a fait M. Sarkozy depuis que la crise mondiale est devenue, en septembre 2008, violente et dramatique ? Il a annoncé un plan de 26 milliards d’euros dont la moitié correspond au paiement de dettes de l’Etat aux entreprises et l’autre à des investissements plus ou moins vagues et à effet lointain. Mais les sommes dues aux entreprises étaient évidemment déjà intégrées dans leurs perspectives, quant aux investissements, personne ne peut en attendre quoi que ce soit de positif à court ni même à moyen terme, alors que l’horizon économique se dessine en jours ou au mieux en semaines. On le voit, le plan Sarkozy ne répond en rien aux nécessités de l’heure. Il ne s’agit plus de savoir s’il convient de préparer un deuxième plan, mais de le faire en toute urgence et de lui donner la consistance qui réponde à la gravité de la situation. Le professeur Jean-Jacques Rosa a fait observer le 6 janvier dernier, approuvant l’analyse de son collègue Ed Glaeser, professeur à Harvard, que « l’avantage d’une réduction de l’impôt sur le travail (le "payroll tax", correspondant à nos cotisations sociales) est sa simplicité de mise en œuvre, alors que dépenser des centaines de milliards de dollars dans les programmes publics d’investissements en infrastructures demande une très difficile sélection de projets valables, qui seront également très longs à réaliser ». Nicolas Sarkozy doit s’inspirer de ce constat. Les Français sont désemparés non seulement parce qu’ils ont de lourds soucis immédiats, mais aussi parce qu’ils ne voient pas d’issue à la crise. Le rôle du politique est précisément de tracer des objectifs, de montrer la voie pour les atteindre et d’en mettre en place les moyens. Au vu de ce qui précède, n’importe qui peut comprendre que la seule
politique valable dans les circonstances actuelles consiste non pas à
endetter le pays pour financer des grands projets dont on n’a d’ailleurs, en
France, pas le moindre besoin, notre pays étant un des mieux équipés du
monde en infrastructures, mais à utiliser les déficits auxquels tous les
Etats de la planète ont décidé d’avoir recours pour éviter la catastrophe
économique à soulever la chape fiscale et sociale qui étouffe notre pays et
rend vains tous les espoirs de reprise. Nous sommes sur le fil du rasoir. Tout peut basculer d’un moment à l’autre dans le pire, mais on peut encore se sauver du désastre et se remettre en selle. Alors, Monsieur le Président, à cheval ! Claude Reichman
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