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9/12/10 Laurent Artur du Plessis
                       Vers la faillite des Etats !

Après la Grèce, c’est au tour de l’Irlande d’être prise dans la tourmente financière. Affolées par l’emballement de sa dette publique (99,5% du PIB), les agences de notation dégradent sa note. La crise de confiance menace de s’étendre à l’Espagne et au Portugal, puis à l’Italie.

Le cas irlandais a de quoi frapper les esprits. Vertueux, l’État s’endettait peu, avant la crise. Le faible impôt sur les sociétés (12,5%) attirait les entreprises, la croissance économique caracolait à 6%, on admirait le « Tigre celtique ». Mais l’État s’est porté au secours du système bancaire, qui s’était mis en danger par ses débordements spéculatifs : cela l’a fait basculer dans le surendettement.

Ce sont les symptômes d’une crise « systémique » : le système en son entier est atteint. On répare d’un côté, ça lâche de l’autre. En Occident, la crise se déporte maintenant sur les États, de plus en plus endettés. Y compris les États-Unis : en 2008-2009, le plan Paulson de sauvetage des banques et de relance de l’économie a mobilisé 800 milliards de dollars de fonds publics. En 2010, la dette publique dépasse les 13 000 milliards de dollars (90% du PIB).

On fait fumer la planche à billets

Dans l’arsenal de crise, à côté des déficits budgétaires, prend place la création monétaire. Récemment, la Fed (Banque centrale américaine) a décidé d’injecter 600 milliards de dollars dans l’économie : c’est le « Quantitative Easing », on fait fumer la planche à billets. Ben Bernanke, le patron de la Fed, a pris cette décision à cause de la mollesse de la reprise économique américaine consécutive au plan Paulson. Ce faisant, Bernanke accélère l’essor de bulles spéculatives tandis que la consommation ne repart pas franchement.

Même le vertueux Jean-Claude Trichet, patron de la Banque centrale européenne (BCE) abandonne ses principes de rigueur monétaire pour racheter des obligations d’États européens en difficulté. Pour que Trichet en arrive là, c’est que la situation est grave…

Les divergences de vue sur les mesures à prendre compliquent la situation. Les Américains reprochent aux Européens de mettre en place des politiques d’austérité budgétaire au lieu de continuer d’essayer de doper la consommation par la dépense publique.
Autre pomme de discorde : les monnaies. Pékin refuse de réévaluer le yuan, faussant la concurrence mondiale. Le système monétaire international, fondé sur le dollar comme monnaie de référence adossée à une économie en crise, vacille.

Le point de non retour est dépassé

La crise a dépassé depuis longtemps le point de non retour : aucun homme d’État, patron de banque centrale ou d’institution financière internationale n’est en mesure de l’enrayer. La crise ébranle maintenant les États, après avoir frappé le système financier, exposé à une sévère rechute. À terme, les grands pays occidentaux (France, Grande-Bretagne, USA…) seront, eux aussi, entraînés dans la tourmente. Ces faillites d’États en série exacerberont la crise économique mondiale. Les pays émergents en subiront le contrecoup…

Laurent Artur du Plessis


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