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25/4/11 | Laurent Artur du Plessis |
Et maintenant, la faillite des Etats ! Tant que les agences de notation s’en prenaient aux économies périphériques (Grèce, Irlande, Portugal, Espagne…), ça ne semblait pas si grave : après tout, ces États surendettés ne manifestaient-ils pas la sénescence de la Vieille Europe, frappée d’une paralysie la rendant incapable de surfer sur la vague de la reprise économique mondiale ? Il fallait laisser ce vieillard malade s’éteindre doucement tandis qu’un soleil radieux se levait ailleurs. Mais voilà : le 18 avril dernier, l’agence de notation Standard & Poor’s a abaissé à « négative » la perspective d’évolution de la note des États-Unis. En 2011, leur déficit budgétaire devrait atteindre les 1 400 milliards de dollars, près de 9,8% du PNB (malgré une croissance à 3,3%), et leur dette publique approcher les 15 000 milliards, c’est-à-dire le seuil psychologique de 100% du PIB (en 2010, elle dépassait les 13 000 milliards de dollars, soit plus de 90% du PIB). Standard & Poors a lancé une sévère mise en garde : « Il y a un risque
réel que les responsables politiques américains ne parviennent pas à un
accord sur la façon de répondre aux difficultés budgétaires à moyen et long
terme d’ici à 2013; s’il n’y a pas d’accord [entre démocrates et
républicains] et qu’une mise en œuvre significative n’est pas lancée d’ici
là, cela rendrait à notre avis le profil de risque des États-Unis
significativement plus faible que celui des autres pays AAA ». Cela interviendra dans un contexte mondial défavorable. L’équilibre des
finances publiques dans le monde reste « très aléatoire », comme l’a
dit le FMI mardi dernier : en 2011, « le ratio moyen entre dette publique
brute et PIB dépassera la barre des 100 % pour la première fois depuis la
fin de la Seconde Guerre mondiale » et « les besoins de financements
bruts atteindront des niveaux records ». Cela malgré les politiques
d’austérité mises en œuvre par de nombreux États. Les taux d’intérêt vont
monter. L’économie mondiale sera violemment secouée. La crise américaine
aura des répercussions sur les banques centrales, les grands réseaux
bancaires, les sociétés multinationales, les fonds de pension… Les pays
exportateurs verront leurs débouchés américains se restreindre
drastiquement. Les ondes de choc sur l’économie mondiale seront multiples. Pour sauver les banques, on a chargé les mules étatiques. C’est à leur tour de défaillir. Au-delà des États, il n’y aura plus de recours : plus rien ne s’opposera à la terrifiante logique purgative de la crise. Laurent Artur du Plessis
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