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5/11/09 |
Carla sur un air
de Marie-Antoinette : Ce n’est pas de Point de Vue qu’on attendait un tel brûlot. L’hebdomadaire des têtes couronnées et des people s’est livré dans son numéro 3197, du 28 octobre au 3 novembre 2009, à une étude comparative qui sent la poudre. Il ne s’agit de rien de moins que d’établir un parallèle entre Carla Bruni et la reine Marie-Antoinette. Ce dossier de huit pages est titré « Carla sur un air de Marie-Antoinette » et sous-titré « Son petit Trianon, sa cour, son confesseur …ses caricaturistes », et le moins qu’on puisse dire est que les journalistes de Point de Vue ne se sont pas retenus ! Le papier d’ouverture est signé d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre, un grand nom de France, et n’y va pas par quatre chemins : « La reine est une « tête au vent », primesautière pour ceux qui l’apprécient, frivole et puérile aux yeux de ceux qui la décrient. La première dame ne se définit pas autrement lorsqu’elle chante dans son dernier album « Je suis une enfant/Je tourne le dos au temps/Cheveux et jupe au vent/Une enfant. » » L’une et l’autre chantent, signale la journaliste, mais ont peu de voix. Jusque là, rien de très méchant. Mais les choses se gâtent quand il s’agit du soupçon de favoritisme. Cela commence comme une ode à la fidélité : « Amies généreuses et loyales, elles le sont toutes les deux. » Mais cela continue comme un réquisitoire : « L’une défend les intérêts de madame de Polignac et de madame de Lamballe, leur trouvant charges et pensions. L’autre place ses amis … » Vous voulez des détails ? En voici : « Frédéric Mitterrand devrait son poste à Carla, Philippe Val, nouveau patron de France Inter aussi, et elle est l’âme de l’ouverture à gauche. » Il n’y a donc pas à s’étonner que la France de droite n’apprécie pas cette curieuse forme de rupture, le mot fétiche de Nicolas Sarkozy pendant sa campagne présidentielle : « Comment ne pas voir dans l’affaire Polanski/Mitterrand un peu l’écho d’une fronde contre son ascendant politique, tout comme Paris grondait, à la veille de 1789, contre la détestable influence que l’on prêtait à la reine sur son mari ? Fronde aussi contre l’élite à qui tout serait permis. » Mais le procès ne se termine pas avec ces gracieusetés. Aussi inconscientes, apparemment, l’une que l’autre, Marie-Antoinette et Carla cultivent « leur distance avec le peuple » : « Privilégiées, elles fuient les emblèmes du pouvoir que sont Versailles et l’Elysée pour se réfugier à Trianon en ce qui concerne la reine, dans un hôtel particulier du XVIe ou dans la forteresse du cap Nègre pour la Première dame. Sans parler de leurs centres d’intérêt : l’une joue à la bergère, l’autre défend la psychanalyse dans une émission diffusée sur France 3-Ile de France et tant pis pour la Gaule profonde. Les Français ont faim ? Donnez leur des brioches ! Les Français sont mécontents ? Asseyez-les sur un divan … » Tout lecteur attentif peut dès lors nourrir les plus grandes craintes sur l’avenir politique du couple présidentiel. Nicolas Sarkozy ne s’est-il pas exclamé, dans un accès de lucidité, en décembre dernier : « Les Français adorent quand je suis avec Carla dans le carrosse, mais en même temps ils ont guillotiné le roi. » ? Fort heureusement, au moins en ce qui concerne Carla, Point de Vue, dans un autre article de son dossier, nous rassure : « Scandale. On hurle que la reine s’est fait peindre en chemise …La première aimait la mode à la folie. Elle en a perdu la tête. Voilà qui n’arrivera jamais à la seconde. » Bon, d’accord, mais cela ne nous dit rien sur le sort de son mari. Peut-être l’hebdomadaire nous renseignera-t-il dans un prochain dossier ! |