Après la Grèce, le Portugal ? 
	 
	Après la Grèce, le Portugal sera-t-il la prochaine victime de l'action 
	conjointe, solidaire et « fraternelle » de l'Europe et du FMI ? La question 
	se pose à la lumière des dernières nouvelles de ce pays. En écrivant, il y a 
	peu, qu'il ne fallait pas aider la Grèce, nous ajoutions que l'Espagne et le 
	Portugal risquaient d'être emportés dans la tourmente et les dernières 
	nouvelles ne sont pas rassurantes. 
	 
	La Grèce s'est enfoncée dans le malheur parce que, selon la propagande 
	officielle, elle n'avait pas joué le jeu. Le Portugal, selon la même 
	propagande, nous est présenté comme un « bon élève ». Il a obéi en tous 
	points aux injonctions de l'Europe et du FMI. C'est pourquoi il a reçu en 
	mai dernier 78 milliards d'euros d'aide. A la même époque, la dette publique 
	représentait 107 % du PIB. En 2012, on vient d'annoncer que selon les 
	prévisions, elle pourrait monter à 118 %. 
	 
	C'est l'une des preuves de la nocivité des politiques imposées par la 
	prétendue « communauté internationale ». En effet cette dégradation 
	prévisible vient pour l'essentiel de ce que l'économie se réduit : les 
	médecins de Molière étaient connus pour tuer le malade grâce à leur 
	médecine. 
	 
	Vitor Gaspar, le ministre des Finances, est apprécié de ses collègues : par 
	des mesures dures il a réduit le déficit budgétaire de plus d'un tiers. Le 
	résultat est que l'économie s'est contractée de 1,5 % en 2011, avec une 
	tendance vers 3% en 2012. Les analystes extérieurs calculent que les mesures 
	prises qui conduisent à l'étouffement ne permettront pas de rembourser les 
	dettes même à long terme. 
	 
	Début février, un échange entre Vitor Gaspar, ministre des finances, et son 
	homologue allemand a fuité. Ils prévoyaient carrément qu'une rallonge serait 
	nécessaire. C'est maintenant officiel, Bruxelles envisageant un deuxième 
	sauvetage.
	Les prévisions de Moody’s 
	 
	L'agence de notation a abaissé le mardi 5 juillet 2011 de quatre crans la 
	note de la dette souveraine du Portugal. Cette note signifie que le 
	Portugal, un des pays de la zone euro touché par la crise de la dette, est 
	considéré comme pouvant faire face à ses engagements, mais que 
	l'investissement est jugé comme « spéculatif », donc risqué. 
	Il était indiqué déjà à l'époque que le Portugal aurait besoin d'un second 
	plan d'assistance financière avant d'être en mesure de se financer lui-même 
	sur les marchés internationaux. Moody's assortissait sa note d'une 
	perspective négative, ce qui signifie qu'elle envisageait de l'abaisser 
	encore à moyen terme. 
	 
	Pour justifier cet abaissement, l'agence de notation faisait valoir qu'elle 
	craignait que le Portugal ne parvienne pas à tenir les engagements qu'il 
	avait pris envers l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire 
	international (FMI), en matière de réduction de son déficit et de 
	stabilisation de la dette 
	 
	En échange du prêt de 78 milliards d'euros décidé en mai, le Portugal 
	s'était engagé à mettre en œuvre un exigeant programme de rigueur et de 
	réformes sur trois ans.Cette nouvelle cure d'austérité devait permettre au 
	pays de ramener son déficit public de 9,1 % du PIB en 2010 à 5,9 % cette 
	année, puis à 3 % en 2013. 
	 
	Moody's relevait toutefois le « risque croissant » de voir le Portugal avoir 
	besoin d'un deuxième plan d'aide avant de pouvoir de nouveau emprunter sur 
	les marchés. L'agence de notation pensait que le Portugal pourrait ne pas 
	pouvoir emprunter sur les marchés financiers « à des taux supportables » 
	avant le second semestre 2013, voire plus tard. 
	Il apparaît bien que l'agence avait vu juste dans ses prévisions, ce que les 
	dernières nouvelles confirment. En clair, et bien que cela ne soit pas dit 
	franchement, cela signifiait que le pouvoir portugais ne faisait pas assez 
	souffrir son peuple pour le soigner vraiment !  
	Résignation et impatience 
	 
	La différence, aujourd'hui, avec la Grèce est que les Portugais ne se 
	révoltent pas encore : la rue ne s'est pas enflammée. Cela va-t-il durer ? 
	Pour le moment les gens semblent accepter les mesures d'austérité imposées 
	par la force. Il est envisagé une baisse des pensions de vieillesse, une 
	dégradation des salaires, des hausses d'impôt. Les Portugais constatent, 
	chemin faisant, que, comme ailleurs, la classe politique ne participe 
	nullement aux sacrifices communs. 
	 
	A qui le prochain tour ? Il est bon de s'interroger. L'Espagne avait une 
	dette publique de 36 % du PIB avant la crise de la dette ; le coefficient 
	devrait passer à 84 % d'ici à 2013. L'Italie se situait à 105 % en 2009 et 
	devrait passer à 126 % en 2013 ; les riches Italiens, pendant ce temps, sont 
	connus par les agents immobiliers à Londres pour leur capacité à acheter des 
	biens de grand luxe ! 
	 
	Malgré la propagande, les experts reconnaissent que les exigences 
	implacables du FMI empêchent, par leur austérité, une vraie croissance de 
	s'installer. Ce FMI, sous la direction de DSK, a bâti une méthode 
	d'intervention qui a eu des effets médiocres et parfois désastreux dans 
	beaucoup de pays ayant fait appel à lui. Christine Lagarde a suivi sans 
	barguigner les mauvaises pratiques de DSK !  
	La ruine 
	 
	La ruine, à la fois pour les pays prétendument aidés et pour l'Europe, est 
	au rendez-vous. Dans le cas de la Grèce, l'argent est versé dans un trou 
	sans fond. Pour le Portugal, et demain pour d'autres, l'argent est déversé 
	sans apporter aucune solution pratique. Pour les pays prêteurs, c'est la 
	ruine par les impôts ou l'endettement nécessaire. Ces pays sont les membres 
	de l’Union européenne, en un premier cercle, et tous les membres du FMI dans 
	un deuxième : c'est donc la terre entière. La dramatique panne de croissance 
	de l'Europe y trouve une partie de ses explications. 
  
	Quant à la France, le premier ministre, François Fillon, a dit il y a 
	longtemps qu'elle était en faillite. Il faut, en outre, observer avec 
	tristesse que, sauf chamailleries de détail, tous les programmes des 
	candidats à l'élection présidentielle se ressemblent par l'organisation 
	programmée de la ruine : impôts et taxes en folie, chasse aux riches, déluge 
	de lois, bureaucraties foisonnantes, aucune mesure de véritables économies, 
	tir sur les entreprises, etc. 
	 
	Certains lecteurs de nos articles regrettent qu'il ne soit pas toujours 
	proposé de solutions pratiques pour « sortir de l'auberge ». En fait, chaque 
	fois que possible, il en est indiqué. Ici, le chemin existe et est à portée 
	de la main. Il faut renoncer totalement au « tout-Etat », ce qui ouvrirait 
	la voie de la richesse pour tous au lieu du partage de la pauvreté. A cette 
	fin, il est absolument nécessaire de libérer les entreprises, seules 
	créatrices de richesses. Les libérer implique de leur enlever le double 
	boulet fiscal et règlementaire que les pouvoirs socialisants leur ont imposé 
	depuis des décennies !  
	Michel de Poncins 
	 
	 
	 
	
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