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17/11/09 Michel de Poncins

Les cheminots sont en guerre contre le peuple français !

Ce qui se passe actuellement d'une façon tout à fait scandaleuse à la SNCF n'est, hélas, qu'une péripétie de la véritable guerre engagée par les cheminots contre le peuple français, guerre qui n'en finit pas de se dérouler au fil des années.

Les faits sont connus de tous, mais il faut en rappeler quelques-uns pour toucher du doigt le drame.

Les derniers évènements ont commencé le lundi 9 novembre 2009. La RATP a emboîté le pas aux cheminots et le résultat est que, sur la ligne A du RER, 9 trains sur 10 ont été supprimés et sur le RER B, trois trains sur quatre.Bien entendu, la loi du service minimum de 2007 n'a été, en toute logique, d'aucun secours et nous en parlerons plus loin. À son propos, les journaux d'ailleurs mentent en disant que le service minimum a fonctionné. Un
député de la majorité a dit la vérité : « La loi de 2007 n'est pas suffisante et il faut franchir une deuxième étape »

Les agents de l'entreprise publique de la ligne A voulaient protester sur des problèmes d'effectifs, de conditions de travail et de rémunération. Pour ce qui concerne les agents de la RATP, ils voulaient dénoncer les conditions dans lesquelles la SNCF et la RATP conduisent une réforme pour une meilleure coordination entre ces deux entreprises publiques.

Pour bien mesurer la gravité de ce conflit extrêmement cruel, il faut rappeler que sur la ligne B, il passe 800 000 personnes par jour.

En regardant en arrière, il est facile de rappeler qu'en 2008 la gare Saint-Lazare avait été complètement asphyxiée pendant plusieurs jours.

Allons plus en arrière encore.

Le mardi 7 novembre 2006, la presse annonçait la « première » (sic) grève de la SNCF de la saison, sous forme d'une grève nationale de 36 heures : ce sont les termes mêmes utilisés. Elle avait minimisé selon son habitude les événements en soulignant avec plaisir la proportion de trains continuant à circuler, et des « usagers » avaient énoncé dans les
lucarnes, le sourire aux lèvres, qu’ils « s’arrangeaient » de la calamité. Les revendications étaient toujours les mêmes, comme les salaires et la défense du « prétendu » service public, mais avec une audace encore plus grande que jamais, puisque les cheminots réclamaient l'arrêt des procédures disciplinaires contre une trentaine de guichetiers
qui avaient volé la compagnie en vendant des billets virtuels. Cette revendication insolente montre l'état de pourriture que la société enarcho-socialo française a atteint aujourd'hui. Or aucun journal à notre connaissance ne nous a dit ce qu’il était advenu des poursuites contre ces guichetiers voleurs. Cette pourriture est-elle si grande que personne n’ose
plus en parler ? L’omerta signifie-t-elle que la SNCF a capitulé en rase campagne devant cette revendication intolérable ?

Depuis des décennies, la vie quotidienne de millions de Français, et en particulier de 10 millions de banlieusards, pas simplement dans la région parisienne, est empoisonnée par des grèves à répétition grâce auxquelles brusquement les usagers sont cloués sur le quai. Aux grèves à répétition, s'ajoutent les retards techniques permanents, en particulier dans
la banlieue où jamais personne n’est sûr de trouver son train à l’heure.

Il est évident que si le droit de grève est inscrit dans la constitution, le droit de circuler librement est inscrit dans le droit des gens et devrait être très supérieur au droit de grève.

Dans ces circonstances, il est exact de dire que depuis des décennies les cheminots ont déclaré la guerre au peuple français et le mammouth de la SNCF est, de ce fait, au moins aussi redoutable que le mammouth de la prétendue éducation prétendue nationale.

Il y a plus.

L’état de guerre, s’il se manifeste par ces grèves et ces retards, se réalise aussi sur des années par la charge insupportable imposée au peuple français sur le plan financier par la SNCF. Cette charge est due à la gestion désastreuse d'une entreprise nationale, et donc aux avantages inconsidérés accordés à ses agents, ainsi qu’à la richesse personnelle des
chefs syndicalistes véritables propriétaires de l’entreprise. Le socialisme réalise toujours un transfert de propriété indue vers des propriétaires illégitimes et embusqués au coin de la « rivière argentée », qu’il ouvre largement avec l’argent volé aux « moujiks-
contribuables ».

L'exemple des retraites est connu. Les cheminots cotisent moins que les privés et moins longtemps ; ils prennent leur retraite plus tôt, avec des pensions bien plus importantes. Ce scandale dure depuis des années et a contribué indirectement à la paupérisation de la France, soit par l’endettement abyssal qu’il fait supporter, soit par une majoration indue
du prix des transports ferroviaires.

Les chiffres sont véritablement terrifiants, puisque depuis le 1er janvier 2007, la SNCF est obligée, par la réglementation comptable de l'Europe, de provisionner ces retraites qui étaient jusqu'ici inscrites hors bilan. Le chiffre à prendre en charge est de 9 milliards d'euros, alors que les fonds propres de l'entreprise ne sont que de 4,8 milliards d'euros et qu’elle est donc en faillite virtuelle. Mme Idrac, un moment présidente de la SNCF,
avait fait une pirouette en prétendant «qu'il s'agit d'inscrire différemment dans des comptes des flux qui sont déjà connus et qui sont déjà inscrits autrement ».

Nul ne pourra jamais calculer l'étendue de la perte financière infligée au peuple français par les cheminots pendant ces décennies et donc l’effet sur la paupérisation croissante de la France telle qu'elle s'observe de tous les côtés. Quand, à présent, les Français ploient tellement sous les impôts que les plus jeunes s’enfuient, une partie de ces impôts est due à la guerre menée par les cheminots.

Un pouvoir « libérateur » devra certainement libérer la France de la SNCF, comme de bien d’autres mammouths. Cela commencera par le langage de la vérité qui, d’ailleurs, sauvera les cheminots eux-mêmes en leur évitant de scier la branche pourrie sur laquelle ils comptent pour prolonger abusivement leurs privilèges insensés.

Devant la poursuite de cette véritable guerre, il est indispensable d'énoncer quelques évidences.

L'existence de services prétendument publics est un mensonge. Chaque service rendu à un autre est un service privé. Les services prétendument publics ne sont que des habillages destinés à permettre à ceux qui y travaillent d'exercer leur activité sans pratiquement aucun contrôle véritable : en effet le seul contrôle véritablement possible dans n'importe quelle activité est celui du marché, et justement les services prétendument publics échappent à ce contrôle.

Il en résulte que toute idée de service minimum doit être exclue. S'il est accepté qu'il existe des privilèges, il faut que les privilégiés le paient et le service ne doit jamais s'interrompre. La réflexion d'un député de la majorité selon qui la loi du service minimum doit être revue est significative : l'abondance des lois détruit les lois et toute loi nouvelle
implique une modification rapide car elle n'est jamais adaptée.

Le droit de grève n'est pas inscrit dans le droit naturel car c'est la rupture d'un contrat ; cette constatation est valable aussi bien pour le privé que pour le public, mais, dès lors qu'il y a une activité prétendue publique, le droit de grève est encore moins justifiable.

Enfin, pour conclure, mentionnons un point que personne dans la presse ne met en lumière. Le pouvoir quasi totalitaire en place rêve de bâtir un nouvel indice différent du PIB que, pourtant, il trafique sans arrêt dans son propre intérêt. On parle maintenant d'indice indexé sur le « bonheur» (sic) !

Nous demandons que dans cette hypothèse il soit prévu de comptabiliser en négatif le nombre des jours de grève qui créent en fait le malheur de toute la population.

Michel de Poncins

 

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