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5/11/11 | Michel de Poncins |
Les collectivités locales nous ruinent ! Depuis peu, des emprunts toxiques contractés par un grand nombre de collectivités ont fait irruption dans le paysage médiatique. Le département de la Seine-Saint-Denis, la ville d'Angoulême, celle d'Argenteuil et bien d'autres s'avouent gravement touchés. Pour favoriser leurs projets, souvent douteux, les élus se sont laissés aller à contracter ces emprunts très dangereux car à taux variable. Ils furent appâtés par des taux de départ anormalement bas, ce qui offrait l'occasion de faire passer des projets difficiles. Rien dans la finance n'étant gratuit, ces emprunts étaient indexés sur des indices parfois complexes et volatils : par exemple sur la parité dollar-yen ou même sur le franc suisse ! La sanction devait bien venir un jour ou l'autre par la majoration insupportable des remboursements et des charges d'intérêts. Cette triste affaire ne reflète pas seulement l'incompétence et la légèreté des élus. La négligence des autorités de tutelle, fort nombreuses dans un pays sur-administré, a aussi sa part ; comme à l'habitude tout le monde est responsable et personne n'est coupable ! L'une des raisons de cette situation détestable est la possibilité et le désir de s'endetter. La banque Dexia, aujourd'hui en quasi-faillite, a joué un rôle majeur dans ce désastre, en poussant les collectivités à s'endetter par son intermédiaire ; ses dirigeants ont ainsi pu tirer profit du piège tendu aux collectivités locales. L'endettement de ces collectivités est passé de 93 milliards d'euros en 2005 à 138 milliards en 2010, sans que l'on sache si le chiffre cité dans les journaux est exact : en matière d'endettement les dettes cachées sont toujours à craindre. Quel que soit le vrai chiffre, il forme une partie importante de l'endettement global de la nation, lui-même destructeur de richesse. Nous nous trouvons devant un nouveau et dramatique scandale d'État qui
touche des milliers de collectivités. Dans cette période où nous recevons
les feuilles d'impôts locaux, voici l'occasion de remettre à plat le
problème majeur des gaspillages de ces collectivités locales. Parmi les 600 000, se trouvent de 5 à 10 000 super-privilégiés. Leur poids insupportable se traduit d'abord par des salaires accompagnés d'avantages informels excédant parfois largement les rémunérations et se renforçant par des cumuls indécents. Ces privilégiés du système exploitent le butin public en parfaite légalité ; ce sont eux ou leurs amis qui fabriquent les lois leur permettant de bénéficier de cette situation. Mais, en plus, l'effet négatif est amplifié par l'activité de ces élus qui veulent montrer qu'ils existent en prétendant rendre service. Dans ce contexte, les gaspillages sont innombrables. Tout le monde a en
ligne de mire les palais somptueux, chaque organisme rêvant d’avoir le sien,
mais il y en a bien d'autres. A Clermont-Ferrand, un tramway a été mis en
route pour une facture en accroissement constant et il n'a pas fonctionné. A
Vitrolles, dans les Bouches-du-Rhône, un cube de béton a coûté plus de 15
millions d'euros et devait devenir un complexe sportif et culturel démesuré
pour une ville de 28 000 habitants : il a finalement été fermé. A signaler
aussi les « ambassades » que les régions créent à l'étranger : la ville de
Lyon entretient des ambassades notamment à New York et à Tokyo. L'État se vante de supprimer un fonctionnaire sur deux. Si c'est vrai, cela devrait se traduire par la mutation des ces fonctionnaires dans les régions. Bien au contraire, le résultat des deux décentralisations fut de renforcer les compétences des régions avec un accroissement de leurs effectifs. Il s'est ajouté un double emploi avec les services des préfectures. N'oublions pas l'absentéisme du personnel, composé parfois d'amis des élus et qui dépasse largement les niveaux du privé ! Enfin au titre des pertes d'argent il faut souligner le freinage des activités des entreprises, pénalisées par des formalités absolument insupportables pour obtenir telle ou telle subvention : l'habitude détestable des financements croisés est un obstacle redoutable à la vitesse de réaction des entreprises censées en être les bénéficiaires. Quel est le comportement du gouvernement face à cette situation ? Il agit dans un sens tout à fait opposé à l'intérêt national. Il prétend d'abord réduire le millefeuille administratif et se lance à cet effet dans une opération complexe et longue. Simultanément il agit dans l'autre sens en créant de nouvelles collectivités ; la plus désolante est le Grand Paris, rêve pharaonique dont les Parisiens et d'autres n'ont nul besoin : l'effet de ruine est déjà en route par la création de nouvelles administrations et de postes prestigieux. S'ajoute l'idée de « métropoles », nouvelles collectivités autour de certaines grandes villes. Comment arrêter le désastre ? Ne soyons pas, toutefois, pessimistes car toute situation historique est
réversible. Une autre formule serait de prendre pour cible les luxueux voyages collectifs que font, sous un prétexte ou un autre, les conseils généraux le plus souvent vers de prestigieuses destinations. Des citoyens victimes pourraient par des moyens appropriés empêcher leur départ. Une seule victoire dans un département serait significative. S'il y a d'autres moyens, merci à nos lecteurs ne nous les signaler. Michel de Poncins
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