Ma cravate est plus belle que la tienne ! 
	 
	Les gouvernements de maint pays dépensent de l'argent pour explorer la 
	planète Mars, dans le vain espoir d'y trouver les traces d'une vie ancienne 
	aujourd'hui disparue. Si le Martien de la légende observait l'élection 
	présidentielle de 2012, il constaterait que la cérémonie est sans importance 
	réelle pour l'avenir de la France et cela malgré des affirmations 
	contraires. 
	 
	Les vœux publics inutiles et ruineux servent aux concurrents principaux à 
	prendre des postures électoralistes et, parfois, à s'injurier publiquement. 
	La perte du triple A en offre le spectacle, alors que la classe politique 
	tout entière en est solidairement responsable. 
	Le facteur brouillant les cartes est la monarchie républicaine qui s'est 
	installée en France ainsi que dans la plupart des pays, donnant à l'élection 
	présidentielle une sorte de sacre laïque. C'est un événement nouveau de 
	l'histoire des hommes. Les rois d'Israël étaient sacrés par l'onction 
	divine. Jeanne d'Arc avait fait sacrer le Dauphin à Reims, comme simple « 
	Lieutenant du Roi des cieux ». 
	 
	Les urnes, désormais, tiennent lieu de Sainte Ampoule sous couleur de 
	démocratie. Dans le monde entier le bourrage de ces urnes se pratique avec 
	entrain, ce qui est la première façon de bafouer la démocratie. Les USA sont 
	tellement prétentieux concernant la démocratie qu'ils envoient des bombes 
	sur les peuples récalcitrants à leur idée sur le sujet. Pourtant, ils sont 
	loin d'être innocents dans le bourrage des urnes. En France, si le phénomène 
	est moins fréquent, il est aussi plus discret. La république « sondagère » a 
	pour effet que les élections se jouent souvent à la marge : il faut alors 
	avouer, que la tentation est terrible.
	La similitude des programmes 
	 
	La future élection est faussée au départ par la similitude des programmes. 
	Afin d'attirer le chaland, chaque candidat s'efforce de se démarquer des 
	autres, ce qui est particulièrement visible pour les deux candidats 
	principaux. Dès que l'un lance un projet, l'autre lance un contre projet. 
	Une giclée de chiffres nous est lancée, sans que personne ne puisse les 
	vérifier. 
	 
	Une triple ruine nous est annoncée. La première viendra de la persistance 
	plus que probable des déficits publics, aucune mesure crédible n'étant 
	prévue pour les éviter vraiment et les remplacer par un excédent budgétaire. 
	La deuxième ruine proviendra de la poursuite de la folie taxative, car 
	aucune des équipes n’envisage la forte et possible décrue fiscale, moyen 
	connu de laisser se créer de la richesse pour tous. La troisième résultera 
	de la poursuite du déluge de lois qui démantibulent la France depuis bien 
	longtemps. Pour créer de la richesse, il faut, en plus de la décrue fiscale, 
	supprimer des lois et non en créer de nouvelles. A cet égard, aucun des 
	candidats n'indique qu'il va réduire d'une façon marquante le nombre des 38 
	ministres ou quasi ministres, et certains promettent des ministères 
	nouveaux. Or il existe probablement une quinzaine de ministres inutiles qui 
	nous assassinent par leur activité législative. 
  
	Une autre offense grave à la démocratie est le barrage opposé soit aux 
	nouveaux candidats, soit aux petits candidats, soit encore à ceux qui sont 
	soupçonnés de ne pas être « républicains » : ce qualificatif meurtrier leur 
	est asséné par les détenteurs provisoires du pouvoir et selon leur propre « 
	bon plaisir » inspiré de leur intérêt électoral. Les instruments utilisés 
	pour ce barrage sont nombreux. Le financement public des partis est le 
	premier : la force fiscale vole de l'argent aux citoyens pour le distribuer 
	largement aux anciens partis. Citons, aussi, la condition abusive des 500 
	signatures, véritable digue contre les nouveaux ou les petits.  
	Des coûts fabuleux 
	 
	Une autre caractéristique de cette comédie électorale, avant même son 
	ouverture officielle, est son coût fabuleux. Ce coût repose sur une chaîne 
	de détournements que voici. 
	 
	En premier le détournement de fonds. Les personnages présentés abusivement 
	comme des « candidats de gouvernement » utilisent pour faire leur campagne 
	des sommes immenses arrachées aux contribuables. Le président lui-même 
	circule dans son magnifique tapis volant. Les moindres seigneurs en font 
	autant avec moins de moyens. 
	S'ajoute le détournement du temps. Le candidat socialiste confie détester 
	les riches : il doit se détester lui-même compte tenu des avantages formels 
	et informels offerts par ses diverses fonctions. Or, si l'on a la générosité 
	de penser que, malgré leur action souvent négative, il arrive que ces gens 
	rendent de temps en temps des services véritables, comment s'expliquer 
	qu'ils consacrent plusieurs mois de leur vie, et depuis déjà longtemps, à la 
	campagne électorale ? La moindre honnêteté voudrait qu'ils renoncent pendant 
	cette période à leurs émoluments. 
	 
	Enfin, intervient aussi le détournement de l'information .Toute la presse et 
	les médias sont vent debout pour informer des faits et gestes des candidats. 
	Bien entendu, les « petits » candidats et ceux qui n'ont pas été adoubés par 
	le pouvoir sont relégués à la portion congrue. Le Conseil Supérieur de 
	l'Audiovisuel (CSA), certes, est censé améliorer l'équilibre. Mais il 
	n'intervient vraiment qu'à partir de l'ouverture officielle de la campagne 
	et pour les candidats alors déclarés. Il n'est lui-même qu'une coûteuse 
	bureaucratie pour une tâche humainement impossible, à savoir découper 
	artificiellement des temps de parole dans des médias classiques. Quand le 
	collaborateur d'un candidat est dépêché à grands frais sur le lieu d'une 
	catastrophe, il n'est pas décompté, alors que c'est de la compassion 
	électoraliste pure ! En outre, les réseaux sociaux lui échappent par nature. 
	Le résultat de tout le micmac électoral est que le vote final ne peut pas 
	avoir de signification intelligible. Les candidats visent successivement 
	tous les problèmes et l'on arrive forcément à des moyennes de moyennes. 
	 
	Où est l'explication ultime de cette déroute de la démocratie ? L'on trouve 
	inévitablement le « Tout-Etat » ou le socialisme, ce qui revient au même. 
	Dans « La République Fromagère », je montre que le socialisme offre aux 
	politiques et à leurs courtisans un butin immense. La campagne déjà ouverte 
	n'est qu'une course éperdue et collective pour saisir le butin. 
	Parallèlement et sans attendre les futures législatives, les parachutages 
	dans tous les camps illustrent cette course au butin. 
	 
	Le peuple, à qui l'on fait croire qu'il est souverain, jugera-t-il sur la 
	couleur d'une cravate ? A lire les commentateurs de la presse, ce n'est pas 
	loin de la vérité. 
	 
	Michel de Poncins  
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