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16/2/10 Michel de Poncins

Les fabricants de fausse monnaie !

Chaque jour un nouveau sujet chasse les autres. Aujourd'hui, ce sont les déficits publics que les dirigeants européens veulent réduire par des incantations, alors qu'ils sont directement responsables.

François Fillon déclare publiquement : « Nous sommes déterminés à faire des efforts sans précédents. » Or le même est au pouvoir depuis plus de deux ans et n'a cessé d'endetter le pays par toutes les décisions qu'il a prises. Ayant lancé sa belle déclaration, il a couru dans les provinces pour les élections régionales, alors qu'il sait très bien que les régions sont à la source des dépenses insensées des pouvoirs publics et que les candidats de l'UMP n'ont aucune envie de réduire les dépenses .

Dans toute l'Europe la situation n'est pas meilleure et les critères de Maastricht sont enfoncés partout. 20 des 27 pays de l'Union sont sous le coup d'une procédure pour déficit excessif, dont la France et l'Allemagne. Celles-ci ont promis de faire des efforts pour revenir dans les clous, mais bien entendu et par légitime prudence vers 2013 ou plus loin : cela veut dire jamais.

En fait, la plupart des grands pays européens mériteraient de voir leur notation dégradée. Cela ne se produit pas car les censeurs ont le vertige devant la situation réelle des finances publiques. Y a-t-il de la corruption dans l'indulgence de ces notations ? Nous ne le saurons pas.

C'est dans ce paysage orageux qu'intervient la déroute de la Grèce. L'Allemagne et la France la main dans la main promettent d'intervenir sans encore citer de chiffres Cela veut dire clairement que si elles interviennent elles vont creuser leur déficit déjà intenable. En même temps elles vont ruiner à due concurrence leurs contribuables avec tous les effets habituels.

Simultanément, elles donneront un signal aux autres pays européens en danger comme l'Espagne et le Portugal. Ces pays vont continuer leurs acrobaties, puisque le filet européen sera là pour les ramasser. Même signal pour les banquiers imprudents qui n'auraient jamais dû prêter à la Grèce. Ces mauvais banquiers ont accru le problème par leur légèreté et leur cupidité.

Quelle est l'origine de ces déficits ?

Les critères de Maastricht sont directement à viser. Il n'existe pas de bons déficits et il n'y a que de mauvais déficits. Or ces critères pouvaient laisser entendre qu'il y aurait de bons déficits, et logiquement les dirigeants de tous les pays se sont engouffrés dans la brèche. La crise est une autre explication, non par son existence mais par les méthodes adoptées pour la combattre. Au lieu de libérer l'économie et de la faire repartir sur la base de cette libération, les dirigeants de tous les pays à l'unisson se sont engagés dans des dépenses publiques avec de l'argent qu'ils n'avaient pas.

Il y a aussi sous-jacente l'idée d'un gouvernement mondial. Pour commencer beaucoup rêvent d'une gouvernance économique de l'Europe, et ce rêve se manifeste même chez les personnes qui se prétendent eurosceptiques. La catastrophe des déficits publics ne peut que conduire à la résurgence de ce projet d'une direction économique de l'Europe. C'est pour cette raison d'ailleurs que l'idée en cours chez certains d'une Europe des patries est tout à fait irréaliste. Si l'Europe existe, elle ne peut que déraper vers l'institution d'un super État européen à caractère plus ou moins totalitaire. Le mouvement est largement amorcé : voir la Cour de justice de Luxembourg qui exerce au bout de la chaîne un pouvoir dictatorial et conjoint avec la Commission.

Enfin il faut ajouter la cupidité des dirigeants de tous les pays. Assez curieusement, chez les économistes ce facteur est rarement mis en valeur ou même pas du tout. Cette cupidité explique les immenses dépenses publiques dont la plupart sont inutiles ou même négatives. La raison du silence relatif des économistes est que le phénomène est diffusé dans toute la sphère publique et il est impossible d'accuser uniquement une seule personne ou un seul groupe : en témoignent toutes les informations qui font ces jours-ci la joie des hebdomadaires sur les gaspillages des régions françaises.

En France, cette cupidité représente à peu près entre 5 et 10 % du PIB, ce qui est considérable et explique une grande part de la paupérisation croissante du pays.

Une seule perspective peut être raisonnablement tirée de cette situation. En Europe particulièrement mais aussi dans le monde entier, les déficits publics sont tels que nous allons vraisemblablement vers une période de grande inflation. Les manipulateurs étatiques clament que l'inflation est sous contrôle : ce n'est que provisoire car les mêmes continuent à créer de la monnaie en abondance.

Tout au long de l'histoire, les politiques, pour se débarrasser des dettes qu'ils créaient par leurs folies, ont fabriqué de la fausse monnaie. Nous y allons tout droit.

Michel de Poncins

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