Les fabricants de fausse monnaie !
Chaque jour un nouveau sujet chasse les autres. Aujourd'hui, ce sont les
déficits publics que les dirigeants européens veulent réduire par des
incantations, alors qu'ils sont directement responsables.
François Fillon déclare publiquement : « Nous sommes déterminés à faire
des efforts sans précédents. » Or le même est au
pouvoir depuis plus de deux ans et n'a cessé d'endetter le pays par toutes
les décisions qu'il a prises. Ayant lancé sa belle déclaration, il a couru
dans les provinces pour les élections régionales, alors qu'il sait très bien
que les régions sont à la source des dépenses insensées des pouvoirs publics
et que les candidats de l'UMP n'ont aucune envie de réduire les dépenses .
Dans toute l'Europe la situation n'est pas meilleure et les critères de
Maastricht sont enfoncés partout. 20 des 27 pays de l'Union sont sous le
coup d'une procédure pour déficit excessif, dont la France et l'Allemagne.
Celles-ci ont promis de faire des efforts pour revenir dans les clous, mais
bien entendu et par légitime prudence vers 2013 ou plus loin : cela veut
dire jamais.
En fait, la plupart des grands pays européens mériteraient de voir leur
notation dégradée. Cela ne se produit pas car les censeurs ont le vertige
devant la situation réelle des finances publiques. Y a-t-il de la corruption
dans l'indulgence de ces notations ? Nous ne le saurons pas.
C'est dans ce paysage orageux qu'intervient la déroute de la Grèce.
L'Allemagne et la France la main dans la main promettent d'intervenir sans
encore citer de chiffres Cela veut dire clairement que si elles
interviennent elles vont creuser leur déficit déjà intenable. En même temps
elles vont ruiner à due concurrence leurs contribuables avec tous les effets
habituels.
Simultanément, elles donneront un signal aux autres pays européens en
danger comme l'Espagne et le Portugal. Ces pays vont
continuer leurs acrobaties, puisque le filet européen
sera là pour les ramasser. Même signal pour les banquiers imprudents qui
n'auraient jamais dû prêter à la Grèce. Ces mauvais
banquiers ont accru le problème par leur légèreté et leur cupidité.
Quelle est l'origine de ces déficits ?
Les critères de Maastricht sont directement à viser. Il n'existe pas de
bons déficits et il n'y a que de mauvais déficits. Or ces critères pouvaient
laisser entendre qu'il y aurait de bons déficits, et logiquement les
dirigeants de tous les pays se sont engouffrés dans la brèche. La crise est
une autre explication, non par son existence mais par les méthodes adoptées
pour la combattre. Au lieu de libérer l'économie et de la faire repartir sur
la base de cette libération, les dirigeants de tous les pays à l'unisson se
sont engagés dans des dépenses publiques avec de l'argent qu'ils n'avaient
pas.
Il y a aussi sous-jacente l'idée d'un gouvernement mondial. Pour
commencer beaucoup rêvent d'une gouvernance économique de l'Europe, et ce
rêve se manifeste même chez les personnes qui se
prétendent eurosceptiques. La catastrophe des
déficits publics ne peut que conduire à la résurgence de ce
projet d'une direction économique de l'Europe. C'est pour cette
raison d'ailleurs que l'idée en cours chez certains d'une Europe des patries
est tout à fait irréaliste. Si l'Europe existe, elle ne peut que déraper
vers l'institution d'un super État européen à caractère plus ou moins
totalitaire. Le mouvement est largement amorcé : voir la Cour de justice de
Luxembourg qui exerce au bout de la chaîne un pouvoir dictatorial et
conjoint avec la Commission.
Enfin il faut ajouter la cupidité des dirigeants de tous les pays. Assez
curieusement, chez les économistes ce facteur est rarement mis en valeur ou
même pas du tout. Cette cupidité explique les immenses dépenses
publiques dont la plupart sont inutiles ou même
négatives. La raison du silence relatif des
économistes est que le phénomène est diffusé dans toute la sphère publique
et il est impossible d'accuser uniquement une seule personne ou un
seul groupe : en témoignent toutes les informations qui font ces jours-ci la
joie des hebdomadaires sur les gaspillages des régions françaises.
En France, cette cupidité représente à peu près entre 5 et 10 % du PIB,
ce qui est considérable et explique une grande part de la paupérisation
croissante du pays.
Une seule perspective peut être raisonnablement tirée de cette situation.
En Europe particulièrement mais aussi dans le monde entier, les déficits
publics sont tels que nous allons vraisemblablement vers une période de
grande inflation. Les manipulateurs étatiques clament que l'inflation est
sous contrôle : ce n'est que provisoire car les mêmes continuent à créer de
la monnaie en abondance.
Tout au long de l'histoire, les politiques, pour se débarrasser des
dettes qu'ils créaient par leurs folies, ont fabriqué de la fausse monnaie.
Nous y allons tout droit.
Michel de Poncins |