Pour améliorer
le pouvoir d’achat, supprimons
les fromages !
La question du pouvoir d'achat est de nouveau sur la sellette, chacun des
candidats potentiels à la future élection présidentielle prenant la posture
sur ce sujet en s'efforçant bien entendu de se démarquer de celle des
autres. Le Premier ministre vient de déclarer : « La question du pouvoir
d'achat est aussi une priorité du gouvernement, même si en la matière nous
n'avons pas de baguette magique ». Dans la même intervention, le Premier
ministre a fait à nouveau la promotion de la prime obligatoire de 1000
euros, dont nous avons décrit le caractère catastrophique. Un autre ministre
a adopté un langage martial, parlant de donner « un coup de poing contre
la hausse des prix » ! En 2008, Mme Christine Lagarde fut dépêchée dans
un supermarché pour faire ses courses crayon en main et démontrer que le
camembert n'avait pas augmenté ! Nous allons montrer qu'en fait, s'il n'y a
pas de baguette magique, c'est parce que le gouvernement lui-même est à
l'origine de la dégradation de ce pouvoir d'achat et que pour l'arrêter il
faudrait qu'il renonce à sa propre action.
Cette question du pouvoir d'achat n'est qu'un aspect parmi d'autres de la
paupérisation générale du peuple français. Celle-ci s'exprime de diverses
façons comme le chômage, l'insuffisance des logements, la faiblesse des
retraites allant parfois jusqu'à une vraie misère, et bien d'autres
manifestations. Un étalon de mesure se trouve dans la prospérité des restos
du cœur : ces gens qui pilonnent l'économie française, soit pour détruire
les industries et services, soit pour les chasser ailleurs, ont au moins une
production qui marche bien, c'est justement celle des restos du cœur.
L'Insee, dans son étude annuelle sur les revenus, montre qu'un Français sur
deux vit avec moins de 1580 euros par mois. Évidemment ces chiffres sont
très difficiles à interpréter : il est plus difficile d'être pauvre à Paris
qu'en province avec les mêmes revenus. Les familles monoparentales souffrent
bien davantage que les familles stables et unies. Il est remarquable
également que les immigrés récents souffrent plus que d'autres.
Les causes
Les causes de la dégradation du pouvoir d'achat sont bien connues des
économistes. Elles se ramènent toutes à leur source commune, c'est-à-dire la
socialisation générale du pays, entreprise et poursuivie par tous les
gouvernements depuis plusieurs décennies, quelles que soient les couleurs
apparentes qu'ils se donnent pour gagner les élections.
Cette socialisation se traduit par l'interventionnisme abusif de l'État dans
tous les domaines de la vie publique et privée. Les conséquences sont le
poids des impôts et le déluge de réglementations polluant toute activité
créatrice de richesse.
A signaler à ce sujet l'Autorité de la concurrence, créée le 4 août 2008
pour succéder au Conseil de la concurrence qui, paraît-il, ne faisait plus
l'affaire. Le motif de sa création était précisément le pouvoir d'achat, une
concurrence accrue étant censée le favoriser. Les Autorités indépendantes,
naviguant pratiquement sans contrôle véritable, sont l'une des causes de la
paupérisation du peuple français et elles comptent parmi les moyens pour les
prédateurs publics de s'enrichir indûment. La vogue des « observatoires »,
dont le nombre exact ne sera jamais connu, se rattache à la même logique.
Ce qui domine le paysage, c'est l'immensité de la richesse que les
prédateurs publics captent à leur profit et qui, en pesant lourdement sur
l'économie, écrase davantage les pauvres que les riches, lesquels peuvent
toujours trouver des solutions. Le calcul de ce prélèvement abusif est
extrêmement difficile à faire. La socialisation met dans les mains de l'État
des sommes d'argent et de moyens presque sans limite. C'est ce que j'ai
appelé dans un livre aujourd'hui épuisé : « La République Fromagère »
(R.F. pour les intimes !)Tous les jours et parfois plusieurs fois par jour,
on voit dans le journal se manifester l'avidité des prédateurs publics pour
arracher à leur profit telle ou telle partie du butin étatique.
Cela se traduit en particulier par la création de postes nouveaux et
parfaitement inutiles pour les recalés du suffrage universel ou les
ministres débarqués lors d'un énième remaniement ministériel. C'est aussi la
création de structures abusives, comme les Autorités indépendantes citées
plus haut. Dans la gestion courante de ces dinosaures publics se trouvent
d'innombrables parlottes qui brassent du vent et s'accompagnent de fêtes
diverses. Quoi de plus confortable que de faire régulièrement la fête avec
des amis !
Des calculs montrent qu'environ 10 % du PIB s'évaporent ainsi chaque année.
Les deux décentralisations, avec des structures parfaitement inutiles et
même nocives sur tout le territoire national, ont déclenché une course
fabuleuse en vue de dérober pour usage privé le butin des collectivités
territoriales. Les projets insensés du Grand Paris et de la création de «
Métropoles » s'inscrivent dans cette logique dépensière, avec à la clé de
confortables fromages républicains pour lesquels la bataille est déjà
commencée : l'effet de paupérisation est garanti avec ces projets.
La marge de manœuvre
L'absence prétendue d'une marge de manœuvre est une des légendes répandues
par les pouvoirs socialisants depuis des décennies. C'est complètement faux
et la légende a pour but de permettre aux prédateurs publics de continuer la
« danse devant le buffet », l'orchestre médiatique répétant à l'envi la
légende. Les données énoncées plus haut montrent que la marge de manœuvre
est considérable, puisqu'elle correspond exactement au degré de
socialisation du pays.
Pour bénéficier de cette marge de manœuvre, il faut détruire le socialisme
morceau par morceau.
Destruction des dépenses publiques d'abord, en choisissant les plus
scandaleuses, les plus idiotes, les plus inutiles, les plus néfastes. Nous
parlons bien de destruction et non pas de diminution. Les pouvoirs publics
nous chantent perpétuellement l'utilité d'une simple diminution de ces
dépenses : c'est une mauvaise chanson. Que signifie la suppression de
quelques fonctionnaires si par ailleurs l'on crée une kyrielle de structures
nouvelles pour gâter les camarades ? Le bon chemin est de supprimer des
services entiers, ce qui supprime les bureaux, les palais, les dépenses de
communication, les contentieux et les réglementations.
Parallèlement il faut évidemment supprimer des impôts. Dans cette action,
comme dans les dépenses, la bonne pratique n'est pas d'écorner simplement
les impôts : cela ne servira à rien car l'impôt réduit renaîtra
inévitablement de ses cendres. Il est nécessaire de détruire complètement
certains impôts grands ou petits : avec eux disparaîtront les déclarations,
les bureaux, les contentieux qui leur sont attachés.
Pour retrouver la prospérité perdue, il faut donc bien renoncer au
socialisme, cette vache sacrée, et amorcer un cercle vertueux qui élargira
encore plus la marge de manœuvre.
A cette fin, et pour gagner entre autres la bataille du pouvoir d'achat, les
gouvernants doivent être clairs dans leur tête, ce qui n'est pas gagné
d'avance.
Michel de Poncins
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