EDF, un ilot de bonheur dans une
France en faillite !
La Cour des comptes vient de jeter tout tranquillement un pavé dans la mare
à l'occasion de son rapport annuel paru le mardi 12 février. C'est la totale
!
EDF est théoriquement privée et cotée en bourse. Dans les faits, elle est
jalousement gérée par l'État, lequel est rempli de camarades des dirigeants.
Or le rapport est très critique sur les pratiques de ces dirigeants. Les
salariés bénéficient de salaires et d'avantages très généreux, sans lien
évident avec la performance de l'entreprise. De ce fait, et contrairement
aux salariés du secteur privé, ils n'ont pas subi de ralentissement de la
progression de leur rémunération globale depuis 2008 en dépit des résultats
contrastés d'EDF.
Parmi les heureux bénéficiaires de ce généreux mouvement, il est évident que
le groupe des hauts dirigeants est amplement gâté. Il se trouve aussi que de
proche en proche tout le personnel se trouve favorisé. Parmi les avantages
divers se trouvent de fastueuses retraites. Parmi les coûts, ne pas oublier
les niches confortables offertes à des camarades en panne dans leur
carrière.
La Cour pousse son analyse dans le détail. Elle pointe de nombreux avantages
pour les salariés, comme des tarifs avantageux ou des abonnements gratuits.
Espérons modestement que cette possibilité pour une dépense essentielle ne
conduit pas certains agents particulièrement serviables et peu scrupuleux à
faire bénéficier leurs gentils voisins de cette aubaine !
Les origines historiques
Le conte fantastique a des racines historiques profondes. Après la guerre,
le premier acte fut une opération de banditisme d'État, par laquelle le
pouvoir politique nationalisa les diverses compagnies d’électricité qui
remplissaient parfaitement leur office et auraient pu continuer ainsi à la
satisfaction générale.
Malgré l’ambiance révolutionnaire de l’époque, une indemnisation des
actionnaires fut prévue sous forme d'un titre donnant droit à 1% du chiffre
d'affaires pendant de longues années. Le banditisme initial conduisait
inévitablement à des problèmes, car on n’imagine pas facilement une
entreprise rembourser ses actionnaires par un pourcentage sur le chiffre
d'affaires tout en continuant son développement. Les titres spéciaux ont été
considérés longtemps comme des placements de père de famille atteignant des
valeurs inattendues : pour certains, la rapine initiale fut une véritable
chance !
Parallèlement, un autre 1% du chiffre d’affaires était dévié vers les
syndicats sous couleur d'action sociale. Ces sommes énormes ont été captées,
illico presto, par la CGT et ont servi clairement à l'enrichissement des
syndicats et donc des chefs syndicalistes et de leur entourage. Le comité
d'entreprise, plaque tournante de cet argent, avait été accroché durement
pat la Cour des comptes en 1990 et 2007. La richesse du syndicat lui a
permis d'acheter et d'entretenir plusieurs luxueux châteaux dans la France
profonde. Les camarades qui dirigent ces demeures doivent bénéficier de jobs
fort sympathiques !
Au premier acte de banditisme s'en est ajouté un deuxième par un prélèvement
abusif de 2% du chiffre d'affaires. L'énormité des sommes a pesé pendant des
années sur les utilisateurs du courant, donc sur toute la France : un calcul
honnête devrait tenir compte des intérêts composés et des variations
monétaires. Il est impossible à faire mais il montrerait sur des décennies
l'immense déperdition de richesse qui en est résulté. Un principe financier
veut que les dégâts initiaux ne se réparent jamais. C'est comme si des
paquets de billets avaient été déchirés.
Le monopole
De toute façon, la brutalité du monopole assurait les arrières. Bien sûr et,
mensongèrement, la propagande dira que la France fut ainsi équipée et que sa
technique était « enviée dans le monde entier ». L'information dans le cadre
du monopole étant télécommandée par EDF, personne ne saura jamais la vérité.
Pendant des lustres, les pouvoirs successifs logèrent dans ce fromage très
républicain leurs amis et connaissances. C'était la belle époque où, à
l’échelon d’en-dessous, les fils d'EDF devenaient facilement EDF. Nous
ignorons si ce système perdure.
Il faut rappeler le temps pas si lointain où les énarchos-socialos au
pouvoir avaient imaginé investir en Amérique latine. L'idée géniale
consistait à se rattraper sur les populations de ces pays en leur faisant
supporter la mauvaise gestion d’EDF en France. Trois pays d'Amérique latine
furent visés : Brésil, Mexique, Argentine. Il a fallu plier bagage après des
milliards d'euros de pertes.
L'action EDF fut introduite à la cotation en novembre 2005 au cours de 25,54
euros et se retrouve aujourd'hui à 14,65. Si l'on tient compte de la
dépréciation monétaire la chute est sévère.
Pour les économistes, une nationalisation ouvre dès le début la porte à
diverses causes de ruine. Quand, plus tard, un autre pouvoir veut
légitimement dénationaliser, la ruine s'inscrit dans les faits. Des exemples
de ce type ont foisonné dans les pays de l'Est !
Michel de Poncins
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