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28/9/10 Michel de Poncins
       Détruire le logement à grands coups de lois !

La situation du logement en France est absolument catastrophique après des décennies de socialisme plus ou moins avoué. Les prix sont bien trop élevés et beaucoup de propriétaires ou de locataires sont à l'étroit par rapport à leurs besoins. Les causes de cette calamité ont été souvent explorées et se rattachent toutes à l'intervention abusive de l'État. Le salon de l'habitat qui vient de se tenir à Orléans montre en grandeur nature certaines des causes de la catastrophe.

Il faut d'abord rendre hommage à la qualité de certains prestataires qui ont exposé leurs réalisations techniques à l'occasion de ce salon, mais là n'est pas le problème. La République du Centre décrit dans un numéro spécial et en détail certains des chemins ouverts par les politiques pour ruiner le logement.

Des logements idéologiques

Il faut signaler d'abord une trouvaille absolument incroyable : c'est le logement « idéologique ». Suivant le document, de tels logements « économisent la planète » ! En d'autres termes, les candidats au logement sont incités à faire plaisir aux caciques du prétendu réchauffement climatique rattaché à une cause humaine et parmi eux au ministre Jean-Louis Borloo et à un certain nombre d'idiots utiles. L’incitation comporte une foule d'aides de nature diverse, déversées en vue d'encourager les travaux désignés arbitrairement comme écologiques : ce sont des « aides vertes ». C'est ainsi que la limitation de la TVA à 5,5 % serait réservée aux seuls travaux que les Verts jugeraient économes en énergie. Il en serait de même pour le prêt à taux zéro.

Les utilisateurs d'un logement « idéologique » apprennent les encouragements importants de l'État à la pose de panneaux solaires sur les habitations. Indépendamment de leur laideur il faut signaler le marché de dupes auquel les propriétaires doivent se préparer. En effet l'électricité éventuellement produite sera achetée par EDF, laquelle est un organisme d'État dont les tarifs varient suivant l'humeur des politiques. Dernièrement d'ailleurs EDF a baissé de 12 % le prix de rachat de l'électricité produite par ces panneaux solaires. La propagande est si tenace que certains finissent par croire qu'ils sauvent réellement ainsi la planète !

Il existe une organisation bureaucratique publique dénommée « Agence Départementale de l'Information sur le Logement ». Si l'on multiplie par le nombre de départements, le coup de massue imposée aux candidats locataires et propriétaires est considérable, de par les impôts qu'ils doivent payer pour entretenir ces « bourreaucraties ». En plus, ces organismes militent également pour des logements « idéologiques » en prétendant apprendre aux habitants à « vivre mieux » : en filigrane se trouve ici la tradition révolutionnaire qui veut que d'en haut la vie des gens soit dirigée dans tous les détails.

Un exemple de l'orientation « idéologique » du logement est, selon le document, la maison « BBC ». Ces initiales désignent la maison basse consommation. La construction est terriblement compliquée, d'où un surcoût de 15 %. Il est pratiquement compensé par des avantages fiscaux : crédits d'impôts, majoration de prêt à taux zéro et autres. Il en résulte un double effet de ruine pour un candidat au logement : il perd sa liberté de choix alors que celle-ci dans un domaine aussi important fait partie de la richesse, et il souffre, comme d'autres, du matraquage des impôts nécessaires pour compenser les avantages fiscaux.

L’inondation des lois

Un aspect de la catastrophe est l'inondation des lois qui frappent le logement, comme d'ailleurs toutes les autres activités dans des domaines divers. Le dispositif « Robien » existait et voici qu'il ne convient plus. La propagande s'appuie désormais sur le dispositif « Scellier ». Nous vous passons les complications inextricables indiquées dans le document concernant ces divers dispositifs. Ils ont même des démembrements puisqu'il paraît qu'il faut distinguer le « Scellier BBC » et le « Scellier social ». Ajoutons le « Scellier meublé » selon une loi « Bouvard » : il serait donc juste de parler de « Scellier-Bouvard ». Le temps que les professionnels et les candidats constructeurs passent à scruter le fouillis de ces divers systèmes pour découvrir le meilleur à leur égard n'est évidemment pas chiffré mais pèse lourdement sur le prix de la construction.

Rappelons également deux points importants que peu de personnes mettent en lumière. Les prétendus bénéficiaires des avantages fiscaux s'imaginent qu'ils récoltent pour eux-mêmes ces avantages alors que les économistes savent que ce sont les intermédiaires qui en captent l'essentiel. Autre conséquence de l'inondation des lois : le fabricant de la loi en tire un grand bénéfice car son nom est prononcé des millions de fois, telle une marque de fabrique. C'est une publicité gratuite dans la course éperdue au carriérisme politique, lequel est l'une des origines de la paupérisation du pays.

Le document ne manque pas de rappeler une obligation récente, à savoir celle des diagnostics obligatoires, qui majore également pour sa part le prix des logements. Jadis lors de l'achat d'un logement, les notaires utilisaient une formule énonçant que l'acheteur prenait le logement tel qu'il était, à charge pour lui de faire tout examen qu'il voulait. Cette marge de liberté disparaît avec ces diagnostics obligatoires.

La variation permanente des lois

A l'inondation meurtrière des lois s'ajoutent leurs variations permanentes.
Nous apprenons dans le document que les aides à la rénovation sont en baisse car il a été décidé de privilégier l'amélioration de la performance énergétique des propriétaires occupants au détriment du locatif : tant pis pour les gens qui veulent investir dans du locatif. Il est question aussi dans le document du « pass foncier », système complexe pour aider les titulaires de revenus modestes à acheter leur logement. Le système est plafonné depuis le 1er juillet et disparaîtra à la fin de l'année : de ce fait, on presse les candidats de se précipiter, au risque évident qu'ils fassent des erreurs. Il en est de même du prêt à taux zéro qui comporte une foule de catégories diverses et qui va être réformé au profit d'un prêt renforcé et universel sans condition de ressources, cela dans un déluge de détails difficiles à déchiffrer.

À la fin du document arrive à un bien triste aveu : un ménage sur six en France vit en HLM, ce qui est une manifestation parmi d'autres de la paupérisation du pays. Il est clair que, si le pouvoir provisoirement en vigueur continue à décourager la construction par tous les moyens qu'il actionne dans ce sens, la proportion ne fera que s'accroître, le parc des HLM continuant par sa pente naturelle à être insuffisant.

Du temps d'Henri IV et de Sully, quelqu'un remarqua que les gens s'enrichissaient car, malgré son pouvoir, le Roi ne « tracassait pas les particuliers ». C'est une phrase extraordinaire. A présent nous sommes soumis à un millier de « Princes » qui fabriquent à leur usage un pouvoir quasi absolu grâce auquel ils nous tracassent de toute part, d'autant qu'ils puisent dans ces tracas leur propre richesse et leur propre gloire.

Michel de Poncins


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