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10/11/10 Michel de Poncins
       Retraites : le théâtre de marionnettes !

Malgré le vote de la loi sur la retraite, la bataille n'est pas finie et il n'est pas exclu qu'elle se prolonge longtemps. Il ne faut pas oublier que sa promulgation n'empêchera pas un très grand nombre de recours. Dans la France d'aujourd'hui, personne n'est jamais sûr de la validité d'une loi, qui peut même être annulée rétroactivement. On peut aussi imaginer pendant une période intermédiaire toutes sortes de négociations secrètes entre les acteurs avec d'étranges retournements !

Le monde entier a vu avec stupéfaction la France s'offrir une sorte de théâtre de marionnettes où chacun jouait avec conviction le rôle de guignol qui lui revenait de droit. Le tout s'est déroulé sur fond de mensonges variés.

Les retraites

Le premier mensonge fut d'affirmer que le projet était une réforme capable de sauver les retraites dans le cadre de la répartition, ce qui n'est pas vrai. Le système est condamné non seulement par la démographie, mais aussi par sa nature même. Reculer l'âge de départ à la retraite dans un avenir incertain ne peut pratiquement servir à rien. La capitalisation, seul moyen d'assurer l'avenir des retraites, et en particulier de sauver la répartition pour ceux qui veulent y rester, fut absolument exclue, sur ordre exprès d'un quarteron de chefs syndicalistes. C'était une grève contre une non réforme.

Nous avons déjà dit ce qu'il fallait penser de ces collégiens criant dans la rue qu’ils faisaient grève pour leur future retraite : pur mensonge, car la meilleure façon pour un collégien de préparer sa retraite est de travailler afin de gagner sa vie et de pouvoir épargner pour ses vieux jours.

Un étrange raisonnement fut énoncé. L'accroissement naturel du PIB grâce aux progrès techniques devrait permettre aux gens de travailler moins longtemps, c'est-à-dire de prendre plus tôt leur retraite. Résumons sans vraiment rire : de longues études et la retraite au plus vite, cela grâce aux robots !

Un mensonge couramment proclamé, y compris dans les cortèges, est que Sarkozy serait un « ultralibéral », terme doublement injurieux dans la sémantique à la mode. Pour juger sereinement, il ne faut pas s'arrêter aux déclarations d'un président qui bat la campagne depuis son élection en 2007, la campagne se déroulant au hasard des sondages : le jugement doit se porter sur les actes. Depuis plus de deux ans, le pouvoir a engagé le pays dans une marche forcée vers le socialisme. Il y a un ministre de l'industrie, ce qui est typique d'une orientation socialiste. Pendant ces événements, ce ministre est intervenu dans certains dossiers d'une façon tout à fait autoritaire et antilibérale. Nous reviendrons prochainement sur cette marche forcée vers le socialisme qui n'est pas perçue par tous, tant le rôle de chacun dans le théâtre des marionnettes est figé.

Les multiples et prétendues grèves

La grève est la rupture d'un contrat de travail, généralement en vue d'améliorer les conditions de ce travail. Toute autre manifestation de colère n'est pas une grève mais une sorte de guerre.

Ces guerres furent si nombreuses pendant cette période, et continuent de l'être, qu'il n'est pas possible de toutes les énumérer. Des ports ont été bloqués avec des dommages irrémédiables aux armateurs et à l'environnement économique. Des aéroports sont également bloqués, obligeant les passagers à traîner eux-mêmes leurs bagages sur de longues distances. De même les attaques contre la circulation et contre les raffineries ne peuvent en aucune façon être assimilées à des grèves. Le personnel des raffineries jouit d'un statut très privilégié. En les arrêtant, il a déclaré une véritable guerre au peuple français qui a absolument besoin de rouler.

Cela ressemble tout à fait à la véritable guerre permanente qu'un groupe de syndicalistes cheminots a déclarée aux dix millions de banlieusards habitant la couronne de Paris et qui ne sont jamais sûrs, depuis très longtemps, de trouver un train à l'heure. Cette guerre permanente s'est rallumée pendant ces évènements.

Un autre mensonge courant est d'affirmer que le droit de grève étant inscrit dans la constitution (on se demande pourquoi), il serait supérieur à tous les autres droits. Or le droit de circuler librement, de travailler, le droit de propriété sont normalement supérieurs au droit de grève.

Une contrevérité par omission fut de ne montrer dans les médias que des personnes favorables à la grève et de ne jamais faire entendre le peuple immense de ceux qui savent bien qu'il faut travailler pour préparer sa retraite. Dans cette désinformation mensongère, les médias reçurent l'aide de sondages trafiqués faisant croire à une approbation populaire de la grève.

À la revendication principale et mensongère concernant la retraite, telle que nous l'avons décrite ci-dessus, se sont très vite ajoutées d'autres revendications multiples et variées n'ayant pas de rapport du tout avec la retraite : les salaires, l'emploi des jeunes, celui des vieux, le pouvoir d'achat, le bouclier fiscal... .

Le plus guignolesque dans ce jeu de marionnettes fut lorsque les grévistes publics prétendirent faire grève pour représenter les privés empêchés par leurs mauvais patrons d'arrêter le travail (sic). Il faut reconnaître qu'il est difficile pour des agents publics d'imaginer que les privés sont les seuls créateurs de richesse et que le vrai patron c'est le client, c'est-à-dire souvent eux-mêmes. Le scénario des éboueurs de Marseille est assez drôle : ils ont arrêté leur grève s'apercevant qu'ils travaillaient contre eux-mêmes en ne travaillant pas !

Nous passerons sur la non-représentativité des syndicats qui est bien connue et dont nous avons déjà traité.

Les ruines

Le gouvernement, par la voix de Christine Lagarde, a volé au secours des grévistes en déclarant que les dommages à l'économie étaient finalement négligeables. Ce type de calcul est absolument faux car il n'est pas possible de totaliser toutes les pertes subies par une multitude d'entreprises petites, moyennes et grandes, et s'ajoutant aux destructions visibles.

En outre, le dommage principal est l'image détestable que l'étranger a reçue de la France. Une décision de délocalisation se prend à un moment donné et il s'en prend tous les jours. Il est évident que pendant ces événements des décisions ont été prises dont nous ne connaîtrons jamais les effets sur l'emploi. Qui peut mesurer l'étendue de la ruine due au blocage de Marseille ?

Quant aux dégâts moraux, ils sont inconnus et inchiffrables. Que dire de ces collégiens poussés dans la rue avec l'idée d'y préparer leur avenir (sic), alors que l'opposition manifestait une satisfaction discrète devant la perspective d'accidents irréparables ?

Une vérité

Dans les cortèges, l'antisarkozisme était visible, s'inscrivant sur des pancartes : le pouvoir actuel fut rendu responsable de tous nos malheurs. Il est difficile de nier que ce n'est pas sans raison : ayant tout centralisé d'une façon inattendue au sommet de l'Etat, le voilà devenu la cible. Mais il y a un paradoxe : si les manifestants l'accusent, c'est à cause de son ultralibéralisme supposé. Or sa véritable responsabilité, c'est bien au contraire de ne pas avoir desserré le carcan socialiste qui étouffe la France depuis si longtemps, alors qu'il a aurait pu et dû le faire dès l'été 2007.

Le théâtre des marionnettes nous réserve décidément bien des surprises !

Michel de Poncins


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