Messieurs les politiciens, 
	commencez par moraliser 
	                                 
	la politique ! 
	 Si l'on cherchait un fil conducteur 
	général dans la Pensée Unique Totalitaire (P.U.T.), on trouverait en bonne 
	place, parmi d'autres, le combat contre le capitalisme et les capitalistes. 
	Les candidats réels ou présumés à l'élection présidentielle se donnent 
	joyeusement la main en la matière. 
	 
	François Hollande en a fait un cheval de bataille marquant. Il a fustigé 
	publiquement la « planète financière » et projette de punir fortement les 
	riches pour leur enlever de leur richesse dans une idée de redistribution. 
	La France compte au moins cent impôts importants, ce qui est le double du 
	nombre existant généralement ailleurs. Cette chape de plomb bouge en 
	permanence et nous avons souvent dénoncé les effets négatifs de cette 
	bougeotte perpétuelle. C'est dire la difficulté de tout chiffrage de son 
	programme.  
	 
	Certains calculs aboutissent à constater que 15% de la population serait 
	fortement agressés de diverses manières : droits de succession, ISF, impôt 
	sur le revenu, impôt sur les sociétés, dividendes, taxes sur les bénéfices 
	des banques et autres projets. Ces 15 % sont des créateurs : entrepreneurs, 
	artistes, etc. Remarquons au passage que le candidat socialiste épargne 
	soigneusement dans ses projets le monde politique, alors que sur la toile 
	apparaissent régulièrement les gains fabuleux et largement défiscalisés de 
	tel ou tel prince de la politique. 
	 
	Du côté du pouvoir en place non seulement depuis 2007 mais aussi bien avant, 
	la chasse aux riches et aux capitalistes est également ouverte. Lors de la 
	sortie du programme Hollande, ce pouvoir rêve tout haut de la taxe Tobin : 
	faute d'oser la mettre en place avant d'autres pays en France, il recule. 
	Dans sa furie taxatoire, il vient d'annoncer pour février une taxe spéciale 
	à l'achat de toute action d'une entreprise française à quelque endroit dans 
	le monde que cet achat se produise : il faudra expliquer clairement ce 
	qu'est une « entreprise française ». Au bout du processus, il y aura des 
	délocalisations et une atteinte grave au marché financier de Paris. 
	 
	Ce même pouvoir a, certes, organisé le bouclier fiscal. Toutefois le tableau 
	global reste très négatif. Si l'impôt sur le revenu a été légèrement 
	atténué, une foule d'autres impôts ou pratiques administratives ont attaqué 
	les riches. Le refus des fonds de pension aurait pu sauver les retraites et 
	est le signe de la méfiance vis-à-vis du capital. Le rabotage des niches 
	fiscales est présenté comme une mesure d'économie : c'est un mensonge, car 
	il en résulte de nouveaux impôts pour des gens qui y échappaient jusqu'ici.
	 
	Attaques contre les entreprises 
	 
	Le président a popularisé les attaques contre les entreprises en proposant 
	publiquement la règle du tiers des bénéfices : un tiers des bénéfices aux 
	salariés, un tiers à l'investissement et un tiers aux actionnaires. C'est 
	une agression en règle, car non seulement en droit mais en bonne logique les 
	actionnaires sont seuls juges de l'emploi de leurs bénéfices quand il en 
	existe. Au surplus, pour développer les entreprises, seules capables de 
	créer de la richesse et des emplois, il faut que les actionnaires 
	s'enrichissent soit par capitalisation soit par des dividendes. 
	 
 Les racines de ces pratiques sont anciennes. C'est le général de Gaulle 
	qui, le 17 août 1967, signait l'ordonnance instituant la participation des 
	salariés aux bénéfices. Dans l'exposé des motifs, il était question de la « 
	loi d'airain » du capitalisme (sic). Depuis lors le système, dans la 
	légendaire tradition « bourreaucratique » française, est devenu très 
	complexe, beaucoup de gouvernements ayant ajouté des tuyauteries à l'usine à 
	gaz en construction. 
	 
	Les gains des banquiers sont sur la sellette avec des techniques que le 
	public ne comprend pas forcément : bonus, parachutes dorés, stock-options, 
	primes de départ, retraites-chapeaux, etc. Tous ces termes font allusion à 
	des contrats extrêmement compliqués et parfois incertains dans leurs effets. 
	Exemple : des stock-options n’ont de la valeur que, si le jour de l'exercice 
	du droit à souscrire les actions, celles-ci ont elles-mêmes de la valeur. De 
	ce fait beaucoup de stock-options contractées il y a quelques années n'ont 
	plus aucune valeur aujourd'hui. 
	 
	Le fil conducteur de tous ces assauts est l'idée, pour les politiques, de se 
	défausser de leur propre responsabilité dans la crise. A cette fin, ils 
	accusent mensongèrement et pêle-mêle les banques, les spéculateurs, les 
	capitalistes, les riches, présentés comme des méchants. Ils n'hésitent pas à 
	parler de « moraliser » le capitalisme, ce qui est surprenant pour des 
	personnages ne se signalant pas toujours par un excès de moralité et ruinant 
	les populations par leur luxueux carriérisme. 
	 
	Les attaques contre le capitalisme trouvent aussi leurs sources dans 
	l'ignorance de ces gens envers le rôle fondamental du capital, qui est 
	indissolublement lié au travail. Dans le Livre de la Genèse, on lit qu'Abel 
	avait de beaux troupeaux : c'était le premier capitaliste connu de 
	l'histoire des hommes. Son frère Caïn, au lieu de l'imiter, trouva plus 
	simple de le tuer : il était le premier socialiste connu.  
	Capital et travail 
	 
	Pas de travail possible et continu sans capital et pas de capital fructueux 
	sans force de travail. Bien entendu, dans l'idéologie ambiante se trouvent 
	les séquelles du marxisme, avec la lutte des classes et l'idéologie 
	égalitariste. Un des aspects de cette « P.U.T. » est la lutte contre les 
	spéculateurs, supposés à la racine de tous les maux. Voilà une imposture de 
	plus : tout acte économique quel qu'il soit comporte une part de 
	spéculation. L’acheteur d'un logement, certes, se préoccupe de savoir si le 
	logement lui convient : il s'enquiert aussi des perspectives de sa valeur 
	dans les temps futur. La spéculation est l'acte rationnel de quelqu'un qui 
	organise à son profit le temps futur. Les spéculateurs sur les marchés 
	financiers rendent grand service aux autres en prenant des risques que tout 
	le monde ne peut assumer. 
	 
	Les offensives contre les banques et leurs dirigeants font partie du 
	tableau. Elles sont accusées à tort d'être à l'origine de la crise des 
	subprimes. Or il est avéré que c'est le gouvernement américain qui les a 
	amenées, pour des raisons idéologiques, à prêter à des gens qui n'avaient 
	pas les moyens d'emprunter pour acheter leur maison. Certes, par des 
	pratiques complexes, elles ont diffusé les mauvaises créances dans le monde 
	entier. Mais ici aussi on retrouve les politiques, car la Fédéral Reserve 
	Bank américaine a inondé le système d'argent facile tout en jouant le rôle 
	de prêteur en dernier ressort, ce qui poussait à la faute. 
	 
	Le fait que les mastodontes bancaires soient des entreprises sans 
	propriétaire défini et dirigées par des salariés de très haut niveau a 
	facilité la catastrophe. Il est peu connu qu'en France une banque ancienne 
	et de structure essentiellement familiale n'a pas eu de prêts toxiques lors 
	de cette folle période. Il est évident que les banques devraient être libres 
	de leurs activités sous la stricte responsabilité de leurs dirigeants. 
	 
	En arrière plan se trouve le rêve insensé d'un capitalisme sans capital, 
	avec en conséquence la taxation de l'épargne. Or, c'est l'inverse qui doit 
	être recherché. Le capital est l'ossature indispensable de l'enrichissement 
	général. Une forte capitalisation des entreprises leur permet de se projeter 
	dans l'avenir et de bien gérer le temps. IBM a failli succomber pour avoir 
	raté le virage des petits ordinateurs. Elle a pu se reconvertir dans les 
	services grâce au matelas financier accumulé pendant les périodes fastes. 
	 
	Quelles sont les conséquences de cette chasse en meute contre les riches, 
	les spéculateurs, les banques et plus généralement la planète financière ? 
	L'énumération est courte mais désolante : chômage, panne irrémédiable de 
	croissance, délocalisations, paupérisation et prospérité insolente des 
	restos du cœur... . 
	 
	Il existe une route grande ouverte pour sortir du piège et elle a été 
	souvent décrite dans nos articles. Encore faut-il que quelqu'un de sincère 
	et crédible veuille l'emprunter. 
	 
	Michel de Poncins 
	 
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