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22/12/09 Michel de Poncins

Patrons, salariés, prenez-vous en aux oligarques qui paradent dans les palais officiels !

Un historien honnête analysant dans une centaine d'années la France d'aujourd'hui et en particulier la Ve République aura beaucoup de mal à trier entre les diverses calamités : le mensonge, la prédation publique et la corruption érigés en « valeurs » incontournables de la République, un groupe d'oligarques régnant à leur profit sur les affaires publiques et privées, le trafic permanent des élections, la paupérisation croissante du peuple français
et bien d'autres catastrophes.

Mais il pourra aussi décrire les clameurs que l'on entend dans la rue depuis des décennies. Si ces temps-ci cela s'accélère d'une façon saisissante, c'est néanmoins un phénomène ancien. Il est impossible de tout rappeler mais il est facile d'évoquer ce qui s'est passé en novembre et décembre 2005. Le gouvernement Juppé prétendait réformer la sécurité sociale alors qu'en fait il ne voulait pas réellement le faire. Le résultat fut l'effet de ruine dans le cadre d'une grève interminable. L’aboutissement fut aussi l'augmentation
de la CSG et la création de la CRDS, causes récurrentes de ruine ultérieure.

Aujourd'hui les réclamations sont innombrables. Les producteurs de lait se révoltent, non sans raison, parce qu'en fait ils ne touchent pratiquement pas de salaire pour leur activité extrêmement fatigante. Les agriculteurs, dans leur ensemble, viennent de déposer des bottes de paille devant l'Élysée afin de protester également pour leur niveau de vie. Les chauffeurs routiers s'insurgent aussi et à juste titre de ne pas être rémunérés suffisamment pour leur travail difficile et dangereux, et les « dabistes » de même. Toutes les professions sont en clameur tour à tour pour réclamer des augmentations.

Les manifestations sont accompagnées très souvent de l'intervention de casseurs.Les voitures incendiées ne sont qu'un « hors d'oeuvre » insupportable. Il s'ajoute la destruction de commerces et les agressions sanglantes contre les forces de l'ordre. Curieusement personne ne parle de l'intrusion probable de services secrets étrangers qui peuvent tirer profit du désordre qui s'installe en France et pour lesquels c'est un jeu facile que de piloter les casseurs. Le silence officiel à ce sujet reflète sans doute la crainte de devoir dire la vérité aux Français.

Arrêtons la description, car les journaux sont pleins de ces événements qui révèlent l'impossibilité de rémunérer convenablement les gens. Quelques remarques essentielles s'imposent à l'observateur qui regarde objectivement ces clameurs.

D'abord et d'une façon absolument générale les protestataires se trompent de cible. Quand un producteur de lait accuse les supermarchés dans leur ensemble, avec l'encouragement attentif de la presse, il pénètre dans un monde extrêmement compliqué. Le lait n'est que rarement revendu en l'état mais franchit de multiples étapes dans une chaîne complexe d'intervenants pour arriver aux produits finis sur nos tables.

En outre les industriels et les magasins ne peuvent être que transparents à l'égard de leurs fournisseurs. Ils sont bien obligés de leur retransmettre les coups de massue que les politiciens leur infligent, tout comme aux salariés qui de ce fait ne gagnent pas leur vie convenablement : la surabondance des impôts, des charges sociales et des réglementations abusives est connue. Les industriels échappent parfois à cet écrasement soit en déposant le bilan soit en délocalisant. Il est clair que les grands commerces ne peuvent pas se délocaliser. La même analyse peut être faite pour les routiers, car les patrons routiers sont victimes comme leurs employés de l'action cruelle et persistante des prédateurs publics.

De sorte que l'on aboutit à l'analyse véritable que la presse fortement complice cache prudemment : employés et patrons ont les mêmes adversaires qui sont les oligarques qui paradent dans les palais publics.

Une autre constatation est que les organismes patronaux qui devraient dire la vérité au peuple français ne le font pas et se trouvent ainsi être les complices objectifs de la catastrophe. La raison en est que ces grandes organisations recrutent leurs dirigeants dans le même vivier que les politiques et que, comme ces derniers, ils s'enrichissent sur le système. Personne n'a entendu Mme Parisot et bien d'autres se tourner vers les pouvoirs publics pour les mettre devant leurs responsabilités et, en fait, exiger qu'ils rendent l'argent prélevé abusivement sur l'économie.

L'opinion publique est incroyablement conditionnée. Lorsque les agriculteurs demandent l'intervention du président de la République en déposant leurs bottes de paille devant l'Élysée, ce n'est pas du tout pour exiger qu'il taille dans le scandaleux budget de la présidence qui commence à être connu, mais pour lui demander des lois leur transférant de l'argent qui sera volé à d'autres dans l’immense usine à gaz.

Ce jour-là, ces agriculteurs étaient bien trop occupés à réussir leur coup pour réaliser que le palais était vide. Au même moment, 192 chefs d'Etat essayaient par des discours de lutter contre l'influence du soleil sur le climat, cela avec de l'argent que la plupart, sauf rares exceptions, n'ont plus ! N'est pas Josué qui veut !

Que cette coïncidence soit jugée désolante ou hilarante, elle montre par un « petit » exemple comment les oligarques sont attachés à détruire le tissu économique qui, pourtant, leur permet d'acquérir leur pouvoir avec la richesse insolente qui s'ensuit.

« Faisons un rêve ».

Pour arriver à la nécessaire « Libération », il faut que les patrons et leurs employés comprennent très exactement où se trouvent leurs ennemis communs et qu'ils unissent leurs efforts pour s'en libérer.

Michel de Poncins

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