Contre le chômage, on n’a jamais essayé
ce qui marche !
Le drame du chômage revient à la une des journaux avec les
lamentations publiques auxquelles se joint le président lui-même par ses
vœux. Les mauvais chiffres s'accumulent. En novembre, il y eut trente mille
demandeurs d'emploi supplémentaires et les perspectives sont sombres. Les
jeunes sont particulièrement touchés. Avec un taux de chômage « officiel »
de 10 %, la France est très mal placée. De ce fait, le pouvoir réagit en
convoquant un sommet à l'Elysée, autrement dit une parlotte. L'une des idées
est de simplifier et d'accélérer les procédures de chômage partiel. Il est
envisagé aussi des « accords compétitivité-emploi » pour les entreprises
connaissant un trou d'air provisoire.
L'enchaînement des faits récents est le suivant : chômage récurrent,
aggravation, parlottes officielles, interventionnisme étatique, syndicats
embusqués, bricolage d'urgence, nouvelles usines à gaz en perspective.
Rien de nouveau
Rien de tout cela n'est nouveau. En avril 2009, le président Sarkozy
présentait un plan d'urgence destiné prétendument à atténuer le taux de
chômage. Il visait à faciliter le recrutement de jeunes dans les entreprises
par le biais de l'apprentissage et de contrats aidés. Selon la coutume, ce
plan était imprégné de dirigisme, ce qui embarrassait fort les socialistes !
Le plan coûtait 1,3 milliard d'euros et générait à due concurrence le
chômage dans toute la population, jeunes et vieux, à cause des impôts
nécessaires. Il était promis 320 000 contrats d'apprentissage en un an,
grâce à une exonération de charges et à une prime ; de l'argent a été
déversé dans une campagne d'information sur l'apprentissage.
Des sortes de nouveaux fonctionnaires, sous le nom de « référents »,
devaient faire la promotion de l'alternance. Une mission de promotion et de
développement de l'alternance incitait les entreprises à signer une charte
d'apprentissage contenant des objectifs d'embauche. C’était du temps perdu,
sauf bien entendu pour l’heureux « missionnaire » ; il existe des « Hauts »
commissaires : aurons-nous bientôt des « Hauts » missionnaires ? Les
référents et le missionnaire existent-ils toujours ? Mystère.
Un nouveau contrat de travail était créé : le « contrat accompagnement
formation », s’ajoutant à la nuée de contrats de travail possibles. La
liberté des employeurs était de nouveau réduite par l'obligation de
rémunérer les stages de plus de deux mois alors que jusqu'alors l’obligation
ne survenait qu’à partir de trois mois.
A l'époque, l'élection de 2012 était lointaine et le président avait une
totale liberté d'action. Il pouvait, en abandonnant ses idées socialisantes,
résoudre le problème du chômage. Il ne l'a pas fait et la patate chaude lui
retombe dessus pendant sa campagne présidentielle, déjà ouverte bien que non
déclarée.
Le 4 juillet 1977, Raymond Barre avait lancé le premier « pacte national
pour l'emploi des jeunes ». Ses successeurs à Matignon ont inventé une
kyrielle de dispositifs : contrats de qualification, stages d'insertion dans
la vie professionnelle, travaux d'utilité collective, contrats
emploi-solidarité, emplois-jeunes, contrats jeunes en entreprise, contrat
d'insertion dans la vie sociale, contrat de professionnalisation. Dominique
de Villepin avait aussi mis en œuvre un « plan d'urgence pour l'emploi des
jeunes ». Selon le principe des calamités, chaque dispositif nouveau est une
autre calamité prétendant corriger les précédentes.
L’explication du chômage
Les causes du chômage sont multiples. Elles peuvent être énoncées, sauf
erreur ou omission, en notant que leurs effets sont cumulatifs :
désindustrialisation, impôts destructeurs des entreprises, immigration
sauvage, Smic en accroissement constant, code du travail et son incroyable
complexité des multiples contrats de travail, extrême difficulté des
licenciements, grèves permanentes chassant les investisseurs hors de France,
nuée d'organismes publics souvent immortels et prétendant s'occuper de la
calamité .
Toutes ces causes découlent de la politique socialisante de la fausse droite
ou de la vraie gauche. Le chômage est bien fils du socialisme. Dans
l'impossibilité d'agir sur la totalité des causes, que faudrait-il pour
remettre au plus vite les Français au travail ? Il y a deux leviers
essentiels : les entreprises et le code du travail.
Libérer les entreprises devrait être au cœur de l'action. Elles sont les
seules, aptes à faire décoller la croissance en créant de la richesse et des
emplois.
Il est nécessaire de supprimer un ou deux impôts parmi les plus
destructeurs. Soulignons un point important : réduire un impôt ne sert à
rien ; même réduit, l'impôt génère des frais, des fonctionnaires et des
contentieux, et quelle que soit le niveau de la réduction, il renaîtra un
jour. La suppression totale implique la suppression des bureaux, des
déclarations, des formulaires et de l'incertitude.
Le code du travail, en croissance perpétuelle, compte plus de 2 600 pages,
il pèse 1 kilo et demi. De nombreux organismes et personnages parasitent
l’économie sous son abri : ils sont embusqués et entraînent la destruction
des entreprises et de l'emploi. Or la vraie garantie des salariés est
l'existence de nombreuses et prospères entreprises. Pour contourner le
puissant pavé, la seule solution est de permettre des contrats de travail
entièrement libres ; employeurs et employés contracteraient à partir de
projets bâtis par des avocats.
Une solution à minima serait de faire disparaître deux ou trois des
dispositifs qui empêchent les entreprises d'embaucher ; cela déclencherait
un cercle vertueux. La possibilité de licencier facilement pourrait ouvrir
le cycle des embauches. On se souvient de la loi de 1948 qui, en organisant
le maintien dans les lieux, a détruit le marché du logement pendant de
longues années. Dans le domaine de l'emploi, il existe une sorte de maintien
dans les lieux qui gèle toute possibilité d'évolution rapide. Le projet
actuel d’« accords compétitivité -emploi » en vue de gérer les trous d'air
reflète bien cette situation.
Tout est possible
Personne ne peut dire que ces évolutions sont impossibles. La Suisse, pays
de plus grande liberté, se signale par un taux de chômage très bas avec de
la pénurie de main d'œuvre dans certains métiers. En Nouvelle-Zélande, pays
qui s’est largement libéré et pourtant sous des gouvernements travaillistes,
il existe un contrat de travail libre entre les employeurs et employés. Les
bénéficiaires de ces contrats gagnent en moyenne 35 % de plus que les autres
!
Faute de s'engager dans cette voie, le drame épouvantable du chômage se
poursuivra : les plus fragiles en souffriront davantage que les autres.
Michel de Poncins
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