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12/5/09 | Michel de Poncins |
Il nous faut un véritable pouvoir libérateur ! Il est clair que la liberté économique ne doit pas être encadrée ; dans
le domaine de la vie quotidienne qui s’exprime par d’innombrables activités
économiques, chacun doit être libre absolument de ses actions et de ses
choix, sans que des politiques ou des tiers ne s'en occupent abusivement. La
sagesse populaire toujours bien inspirée énonce depuis des siècles que «
chacun doit s'occuper de ses moutons » ! Un pouvoir socialiste se reconnaît à divers stigmates dont en particulier
le fait d’encadrer toutes les activités. Quand une activité n’est pas
encadrée, les énarques au pouvoir parlent d’un « vide juridique »,
expression cruelle et méprisante qui laisse entendre que nous serions des
incapables, à qui on doit dicter tous les aspects de leurs choix. Le pouvoir
sarkoziste n'échappe pas à cette imposture et des faits récents nous le
démontrent une fois de plus. Pour bien apprécier les dégâts fabuleux de cette catastrophe nationale
qu’est l’interventionnisme à tout va, il faut se rappeler, une fois de plus,
que l’une des causes de « l'effet de ruine » est l'inondation torrentielle
des lois, ce qui conduit aux grandes calamités nationales : la santé, les
retraites, le chômage pour toutes les générations, l'endettement public, la
baisse des niveaux de vie et tous les déficits. La France est la proie d'une véritable folie « bourreaucratique ». À
l'inondation de lois s'ajoute l'augmentation permanente du nombre de pages
que contient chaque loi, avec en outre les décrets d'application et les
circulaires. Personne ne peut calculer : ainsi, du nombre de pages que l’on
inflige aux entreprises, aux particuliers, aux associations, aux
contribuables, le tsunami est dévastateur. Dans ce déluge, il est utile pour
l’analyse de distinguer diverses catégories de lois tout aussi assassines
les unes que les autres. D’abord les lois contradictoires avec d’autres lois, et elles sont légion
; plusieurs des 90 codes qui écrasent l’économie françaises sont
contradictoires entre eux. Bonjour les incertitudes et les procès. S’y ajoutent les lois inappliquées, tout simplement faute de décrets
d’application et de circulaires, qui ne viennent pas. En effet, la galaxie
des usines à gaz législatives est tellement compliquée qu'il faut absolument
des décrets d'application et des circulaires pour se mouvoir dans la forêt
vierge, et très souvent ceux-ci ne viennent pas. Ces lois sont des lois «
mort-nées ». M. Sarkozy se vante d'avoir réformé la France depuis deux ans ;
en fait la statistique officielle, établie par un organisme d'État, a
indiqué que seulement 8 % des lois qu'il avait fait voter sont applicables
aujourd'hui : ses prétendues réformes sont donc autant de réformes
mort-nées. Il y a, plus fort encore : les lois en « coma avancé ». En effet, une
foule d'organismes sont aux aguets pour détruire les lois après coup, comme
le Conseil d'État, le Conseil constitutionnel, la CEE et au finish la Cour
de Luxembourg. Quand le coma se termine effectivement, parfois au bout de
plusieurs années, il est rétroactif : la « République Fromagère (R.F.) a
inventé la mort rétroactive ce qui, pour des partisans de la culture de
mort, est finalement assez logique. Il existe aussi des lois pantomime. En avril 2006, le lider maximo de
l’époque, un certain Jacques Chirac, avait dit devant le prompteur qu'il
allait promulguer une loi au sujet du CPE, et l’avait fait sans tarder le 2
avril. Mais, il avait demandé tout aussitôt au gouvernement de mettre en
chantier une nouvelle loi qui pratiquement détruirait la loi que son auguste
main avait paraphée, laquelle était sans doute contradictoire avec
elle-même. Et cela nous conduit, dans cette analyse des catégories, au chef-d’œuvre
absolu de la bourreaucratie : ce sont les lois hermétiques. En effet, le
conseil constitutionnel, pourtant composé de gens supposés très malins et
payés comme tels, a annulé des lois parce qu'il n'était pas arrivé à les
comprendre ! J'ai souvent énoncé les raisons qui poussent les hommes de l'État à
fabriquer des lois sans interruption ; ces faux motifs sont d’une force sans
égale, de sorte la fabrication des lois est la seule fabrication qui marche
vraiment dans la « République Fromagère ». Parmi ces mauvaises raisons se trouve l'idée véritablement perverse de
prétendus « vides juridiques », dont les événements récents nous offrent
plusieurs exemples. Les voici. D’abord les motos-taxis. L'une des pratiques habituelles des hommes de
l'État est de surfer sur les innovations qui surviennent dans le cadre du
marché, suite à l’action d’entrepreneurs actifs aux écoutes des besoins. Dès
qu'une telle innovation apparaît, ils s’en emparent pour en faire une base
de leur activité destructrice, ce qui conduit à davantage de fonctions,
d'organismes, de règlementations, cela pour leur propre avantage. Les motos-taxis se développent : parfait. C'est une façon probablement d'arriver plus vite là où on veut aller, bien qu'avec un moindre confort que dans un taxi habituel : chacun est libre d'arbitrer entre son confort, les risques qu'il prend, et son objectif d'arriver à telle heure à tel endroit. Cela, cependant, c'en est déjà trop pour les hommes qui manipulent la France et qui en ont donc parlé, tout récemment, comme d'un « vide juridique ». Ils se proposent donc d'« encadrer » cette activité. Or les lois existantes, pourtant bien trop nombreuses comme il est dit plus haut, permettent à cette activité de se développer sans lois nouvelles, chacun se couvrant des risques sur les marchés. La seule conséquence de l’encadrement sera d'entraver la fourniture de ce nouveau service, c'est-à-dire de freiner l'enrichissement général. Une autre activité très différente existe depuis longtemps : ce sont les
« petits chanteurs à la croix de bois ». C'est une organisation extrêmement
sympathique qui depuis des décennies se renouvelle de génération en
génération. De jeunes garçons chantent des chansons magnifiques, et il
arrive souvent qu’ils se produisent sur scène pour permettre à l’association
de gagner quelques sous. Cela vaut mieux que de les voir vissés devant des
jeux électroniques ou se livrer au trafic de drogue. Or, voilà que, comme pour toute initiative privée qui marche, l'État veut
l'écraser de sa lourde patte : le préfet de l'Oise, où se trouve le siège
social de l'institution, exige désormais que les enfants soient rémunérés
quand ils se produisent sur scène. Évidemment cela va nuire gravement aux
finances de l'association ; en plus les charges sociales arrachées par la
force à cette occasion vont se perdre dans le trou immense des gaspillages
étatiques, et on est bien assuré que les malheureux enfants n'en reverront
pas la couleur lorsqu'ils auront atteint l'âge de la retraite, puisque tout
va disparaître dans la marée des déficits publics. Venons-en aux prêts de main-d’oeuvre. Des sociétés, dans cette période de
crise, commencent à s'organiser librement pour se prêter de la
main-d'oeuvre. Une filiale de Fiat a négocié un accord avec une société
voisine filiale de Plastic Omnium ; celle-ci, en difficulté, est désireuse
d'alléger ses charges de main-d'oeuvre sans perdre pour l'avenir sa
structure et son organisation ; la filiale de Fiat, qui se trouve avoir un
surcroît de travail, s'est arrangée pour emprunter de la main-d'oeuvre à sa
voisine. Nous apprenons à cette occasion qu'en France le prêt de
main-d'oeuvre entre entreprises est interdit s'il est utilisé à but lucratif
: voilà encore un aspect méconnu du pouvoir totalitaire. Pourquoi ce prêt de
main-d'oeuvre aurait-il lieu si ce n'est pour gagner de l'argent - et sauver
des emplois - dans l'intérêt de tous ? Si les prêts de main-d’œuvre se développaient à tous les niveaux, il naîtrait très vite dans toutes les régions et tous les secteurs économiques de véritables marchés de prêts de main-d'œuvre, avec peut-être des bourses, et l'intérêt commun y trouverait son compte. C’est insupportable pour les députés de l’UMP, parti que l'on situe
officiellement à droite alors qu'en fait il court sans cesse vers la gauche.
Huit députés de cette organisation ont rédigé une proposition de loi qui
sera débattue par l'assemblée en mai et qui prétend encadrer le prêt de main
d’oeuvre. Le prétexte est de le faciliter ; en fait cela va créer une
nouvelle usine à gaz avec un nuage de complications difficiles à comprendre
et propres à décourager l'opération que l'on prétend vouloir développer. Pour terminer et compléter l'explication de l'inondation des lois, dont
le prétexte des prétendus vides juridiques n'est qu'une des manifestations,
il faut se référer d’une façon surprenante au marché publicitaire. En effet
les publicitaires ont des méthodes pour calculer ce que valent les
publicités clandestines : lorsqu'une marque arrive à faire prononcer son nom
indéfiniment sans pour autant payer une vraie campagne de publicité, c’est
un succès car l'économie pécuniaire est tout à fait considérable. L'adresse suprême pour les hommes politiques est d'accrocher leur nom à une loi de sorte que leur nom soit ainsi cité sans limite de temps dans les médias : c’est une des raisons majeures du déluge des lois. Tel est le cas en particulier des lois sur l'immobilier, qui sont toutes
destructrices de l'immobilier, mais dont le nom des heureux créateurs est
prononcé indéfiniment jusque dans les cabinets des notaires ; le bénéfice
politique dans tous les sens du terme est considérable. Qui nous rendra notre liberté perdue ? La question est posée, et c'est
pour cela qu’il nous faut un véritable « pouvoir libérateur ». Michel de Poncins |