« Je dépense donc je suis ! »
Le « grand emprunt » est comme l'arlésienne de l'opéra de Bizet : une belle
fille qui se faisait attendre. Depuis environ un an cette arlésienne va et
vient et comme d'autres belles filles elle est ruineuse.
Le voici qui ressurgit soudain le 9 décembre 2010. François Fillon III a
annoncé que 35 milliards d'euros prélevés sur le « grand emprunt » seraient
dépensés pour préparer l'avenir : enseignement supérieur, numérique,
recherche industrielle, PME, développement durable sont sur les rangs.
Plusieurs opérateurs publics ont déjà reçu l'argent et le répartiront. 23
appels à projets ont été lancés et 800 dossiers on été déposés. A
l'énumération ci-dessus s'ajoutent, pour compléter le dispositif, des prêts
verts, des réseaux électriques intelligents, les énergies renouvelables
marines, l'économie sociale et solidaire, le déploiement du très haut débit.
Certains de ces supposés investissements ont déjà reçu des sous. L'énoncé de
ces projets censés sauver la France donne le tournis et balise, en fait, les
chemins de la ruine.
L’envol de l’idée
Lancé en novembre 2009, le grand emprunt reposait sur l'un des principes
mensongers de la « République Fromagère » (R.F.) : « Je dépense donc je suis
». Un courtisan avait eu l'idée tout à fait par hasard et l'avait ajoutée au
dernier moment dans un discours de l'hyper actif président : la fusée
s'était aussitôt envolée. Le prétexte initial était la crise qu'il fallait
surmonter, les énarcho-socialos au pouvoir pensant illégitimement que l'État
est le seul à pouvoir agir efficacement alors que c'est le contraire.
Les idées fausses foisonnaient : d'abord, par imitation du capitalisme, se
trouve le concept que l'État pourrait investir pour créer de la richesse.
Ensuite, s'ajoute le mépris de l'endettement public, l'État se précipitant
dans un endettement supplémentaire. Et, merveille parmi les merveilles,
l'idée de l'endettement était lancée sans savoir ce qui allait être fait
avec de l'argent qui n'existait pas encore. Chez les entrepreneurs privés,
dans la mesure où ils résistent encore aux assauts destructeurs du
gouvernement, la question d'un endettement éventuel n'est posée que si l'on
se trouve en face d'un projet déjà structuré et porteur d'avenir,
c'est-à-dire annonciateur de profits.
Après réflexion, l'emprunt ne fut pas placé dans le public, de crainte d'un
désaveu magistral malgré la servitude probable des banques. De même, une
salutaire réflexion conduisit progressivement à diminuer son importance. On
se contenta donc de piocher dans la gestion courante de la trésorerie
publique, celle-ci pouvant encore emprunter sur les marchés sans que
personne ne sache quand cette possibilité disparaîtra le jour où les
prêteurs internationaux sonneront la fin de la « récré » ! Vue ainsi,
l'arlésienne devient un fantôme d'emprunt couplé avec une simple invitation
pressante à dépenser de l'argent inexistant.
L’inévitable parlotte
Pour savoir où investir, il fallait d'urgence ouvrir une parlotte. Elle
rassembla pendant plusieurs mois 24 membres. La trouvaille fut de confier la
présidence de la commission à deux cumulards, Rocard et Juppé, dont le seul
titre de gloire avait été de créer deux impôts censés boucher le trou
insondable de la Sécu.
La mission qui leur fut octroyée sans rire était de « dessiner la France de
demain ». Les énarchos-gauchos au pouvoir ignorent que la France de demain
ne peut être dessinée que dans le cadre de la liberté d'action de chacun des
Français et en particulier des créateurs d'entreprises. Les projets, pendant
le déroulement de la parlotte générale, ont flotté au hasard de la pression
des lobbies, des syndicalistes et des partis politiques officiels, chacun
tirant à hue et à dia.
Fromages et PQ
En dehors des comités Théodule dont la commission était l'un des exemples,
la création permanente de nouveaux fromages publics est une autre « valeur »
de la « R.F » évoquée plus haut.
René Ricol fut nommé commissaire général à l'emprunt et rattaché directement
au premier ministre. Remarquons qu'il n'était pas haut-commissaire, ce qui
nous montre qu'une hiérarchie subtile existe entre les fromages. Il est aidé
par un comité de surveillance qui comprend notamment des parlementaires et
des « personnalités qualifiées » (« PQ » pour les intimes). Ce comité de
surveillance doit assurer la circulation des fonds depuis le commissaire
général jusqu'aux opérateurs existants, avec des contrats d'objectifs très
précis.
Une bureaucratie publique étant éternelle par définition, nous voilà mal
partis !
Un vent de ruine
Qui sème le vent récolte la tempête. Voici, en un bref énoncé, comment le
vent de la ruine générale souffle dans une opération aussi folle : dépenses
publiques avec impôts à l'appui, endettement supplémentaire, vanité des
projets où l'argent disparaît sans espoir de récupération, délais
interminables et démarches obscures imposées aux entrepreneurs ayant la
faiblesse de déposer des projets pour avoir des subventions, création d'une
nouvelle administration, assèchement des financements privés seuls créateurs
de richesses, combines pour bénéficier de la manne publique. Ayant beaucoup
de respect pour les PQ de la R.F., nous n'osons aller jusqu'à pouvoir penser
à ce que pourraient « envelopper » les combines.
Ronald Reagan
Le regretté président des USA déclara un jour : « Les mots les plus
terrifiants de la langue anglaise sont : je suis le gouvernement et je suis
là pour vous aider ». Ce n'est pas l'avis des fausses élites qui nous
gouvernent, cela non seulement pour des raisons idéologiques, mais surtout
pour protéger leurs propres intérêts solidement engagés dans le
développement perpétuel de la susdite R.F. Cette prétention insupportable de
nous aider fait prendre au pays le chemin de la ruine. Le résultat est une
économie indéfiniment languissante avec chômage et paupérisation.
La solution existe pourtant et est à portée de la main : libérer l'économie
est la seule façon de préparer l'avenir et beaucoup de pays s'y sont
résolument engagés.
Michel de Poncins
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