www.claudereichman.com


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme

A la une

26/2/22 Claude Reichman
     
         Pourquoi Poutine a-t-il envahi l’Ukraine ?

La seule question qui vaille est la suivante : pourquoi Poutine a-t-il envahi l’Ukraine ? Nos journalistes s’égosillent en supputations sans jamais se la poser vraiment. Or il n’est pas très difficile de comprendre que Poutine se serait bien gardé de cette aventure s’il n’avait de grandes difficultés intérieures. Certes il présente toutes les apparences du dictateur heureux, mais c’est oublier que le peuple russe s’est, comme tous les peuples du monde, éveillé à la conscience politique grâce à Internet et que les réseaux sociaux lui apportent ce forum permanent qui caractérise les démocraties modernes. C’est ce qu’avait bien compris l’opposant Navalny quand il est rentré en Russie en sachant que la prison l’attendait. Son idée était, et reste, que le pouvoir succèderait à la prison, comme il est de règle partout dans le monde, même si les choses prennent plus ou moins de temps selon le degré d’affaiblissement des régimes politiques.

La Russie ne peut se satisfaire de la dictature poutinienne, qui n’offre pas au peuple les satisfactions économiques qu’il espère. L’aventure ukrainienne ne lui apportera rien. En fait, c’est l’Ukraine qui va devoir conquérir la Russie en y implantant les méthodes libérales qu’elle a commencé de mettre en œuvre, même si la corruption oligarchique les accompagne. La présence en Ukraine de nombreux entrepreneurs capitalistes et profondément libéraux était un véritable espoir pour toute cette Europe de l’Est encore marquée par l’imprégnation communiste.

Poutine pourra tout au plus freiner cette évolution, mais il ne l’arrêtera pas. L’entreprise libre est la solution contre la pauvreté et contre l’arriération. Nos ancêtres chasseurs-cueilleurs l’avaient, à leur modeste façon, adoptée et cela leur permettait de ne pas travailler plus de trois heures par jour tout en mangeant à leur faim. La vie tribale était évidemment collective, mais aucun grand penseur sauvage n’avait eu l’idée folle de décréter des règles d’organisation de la société, comme Marx et ses adeptes l’ont fait pour notre malheur.

Nous voilà un peu loin de Poutine, mais c’est pourtant le problème qui se pose à nos sociétés. La croissance inconsidérée des Etats modernes est la cause des drames historiques contemporains. Hayek explique, dans « La route de la servitude » que « en Allemagne les autorités centrales et locales contrôlaient en 1928, d’après une revue officielle allemande, 53 % du revenu national. En pareil cas, ces autorités contrôlent presque toute la vie économique de la nation. » Le nazisme a ainsi pu imposer rapidement sa dictature à toute la société allemande.

A ceux qui réfléchissent à l’organisation de la société française, je répète inlassablement qu’il faut y ramener le poids de l’Etat au tiers du PIB, contre les deux tiers actuellement. Ceux qui s’inquiètent des tendances dictatoriales de Macron doivent comprendre qu’elles ne peuvent se manifester que parce qu’il a en mains « presque toute la vie économique de la nation », comme le disait Hayek de l’Allemagne.

Le souverainisme, qui anime nombre d’opposants à Macron, est à l’inverse de ce dont notre pays a besoin. Ce n’est pas parce que « de bons français » contrôleront la vie économique de la nation que celle-ci sera préservée de sa dérive dictatoriale. Il faut que tous les Français soient libérés de l’emprise excessive de l’Etat, ce qui permettra à ce dernier de bien remplir sa mission tout en restant dans ses limites acceptables.
Il est extravagant qu’il soit impossible en France de défendre ce point de vue dans les médias. Et de fait personne ne le défend. Prenons l’exemple d’une des rares émissions de débat bénéficiant d’une certaine liberté, celle de Pascal Praud. Les libéraux qu’on y entend sont tous souverainistes. C’est dire que les remèdes qu’ils préconisent auront le même effet que « le poumon » des médecins de Molière.

La guerre est toujours le signe d’un échec. La guerre d’Ukraine n’échappe pas à la règle. Il va falloir, pour ramener la paix, des hommes d’Etat dignes de ce nom. Je n’en vois guère, ce qui signifie que je n’en vois pas. Le seul espoir est que finalement quelqu’un apparaisse, tienne le langage de l’enfant du conte d’Andersen, et s’écrie « l’Etat est nu ».

Quelqu’un l’a déjà dit, en France. « L’Etat c’est la grande fiction par laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde. » C’était Frédéric Bastiat, en 1850. Ronald Reagan s’en inspira. Je cherche un acteur !

Claude Reichman










Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme