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13/7/08 Claude Reichman

Président pour se soigner !

Inquiétude ! C’est le mot qui s’impose quand on considère la façon dont Nicolas Sarkozy conduit les affaires de la France. Une inquiétude d’autant plus fondée et aigue qu’elle va bien au-delà des choix politiques du président de la République et s’attache à sa personnalité.

Le 4 juillet dernier, M. Sarkozy recevait quelques membres de la commission Attali, dont l’éditorialiste du Figaro, Yves de Kerdrel. Quelques jours plus tard, ce dernier révèle dans un article qu’au cours de cette entrevue le président s’est ainsi exprimé :" Comment ne pas être très vigilant au quotidien des Français quand, pour la première fois depuis vingt ans, leur consommation de viande diminue ? " L’observation est fondée et témoigne de la lucidité du chef de l’Etat face à la situation économique de notre pays et au grave problème de pouvoir d’achat qui affecte les Français.

Le lendemain, 5 juillet, M. Sarkozy participe au conseil national de l’UMP et déclare :
« Il y a beaucoup de gens qui me disent : “ Oh la la ! Tu n’a pas de chance.” Je suis quand même président de la République ! “ Oh la la ! C’est catastrophique cette année.” Je suis quand même président de l’Union européenne. Alors si la chance me revient l’année prochaine, qu’est-ce qui va m’arriver ? »

Est-ce bien le même homme qui s’exprime en ces deux circonstances, à vingt-quatre heures de distance ? Le premier se montre conscient des problèmes de ses compatriotes et des devoirs de sa charge, le second oppose à une « situation catastrophique » sa jubilation personnelle d’être président de la France et de l’Union européenne et semble même envisager de devenir président du monde !

Face à des comportements aussi contradictoires et troublants, on pourrait évoquer plusieurs symptômes qui signent le diagnostic de schizophrénie, qu’il s’agisse de la perte de contact, au moins temporaire, avec la réalité et d’une forme d’autisme. Certains observateurs avisés ne veulent y voir qu’une façon, habituelle chez les politiciens, de s’adapter à leur public. Espérons qu’ils ont raison. Mais il est plus que probable qu’ils se trompent. Car enfin, un homme qui s’est investi à ce point dans sa fonction, un "hyperprésident" selon l’expression consacrée, ne peut oublier du jour au lendemain, quelles que soient les circonstances et l’auditoire, les problèmes qu’il doit résoudre ni la résonance que le moindre de ses propos a dans l’opinion. Or que nous dit M. Sarkozy dans ses deux déclarations juxtaposées ? Que les Français souffrent et qu’il est heureux ! Brioches ? Vous avez dit brioches ?

On ne peut comprendre la mentalité de Nicolas Sarkozy qu’en se référant à son passé. Enfant craintif, il se réfugiait aux récréations auprès de sa maîtresse d’école. Pour conjurer sa peur des autres, il se lança dans une quête éperdue de pouvoir et de puissance, d’où son obsession de devenir président de la République qu’éclaire cruellement cette confidence, faite à Dominique de Villepin le 31 juillet 2006, et que rapporte le directeur de cabinet de ce dernier, Bruno Le Maire, dans son ouvrage « Des hommes d’Etat » : « Maintenant, je vais être clair : quoi qu’il arrive, j’irai. Ce n’est pas intellectuel, c’est instinctif, c’est animal, c’est quelque chose d’animal, j’irai. Je porte ça en moi, je ne peux pas le dire autrement. »

Alors, si les mots ont un sens et si la psychologie existe, nous avons un président de la République qui n’a jamais vu, dans sa fonction, qu’un instrument thérapeutique et qui n’aura jamais fini de se soigner, faute d’avoir dominé sa peur par l’affirmation de son caractère. A côté de cela, toutes les analyses politiques sont vaines et ne mènent à rien. La seule question qui vaille, face à des problèmes qui s’aggravent quotidiennement et à un président qui n’avait jamais prévu de s’en occuper, est celle-ci : combien de temps cela peut-il durer ?

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

 

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