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22/10/08 | Baudouin Prot |
Pour les entreprises en situation difficile, l’accompagnement
bancaire peut faire l’objet de
davantage de difficultés RTL, mercredi
22 octobre 2008. Bonjour Baudouin Prot Nous avons conclu notre rendez-vous à 19h hier soir, et donc ceci
explique que juste avant, dans les écrans publicitaires, une publicité
concernait BNP Paribas. La situation financière, même si elle s'améliore, reste difficile et le marché pour ce type de prêts subordonnés pour les banques, est actuellement fermé. Les banques françaises sont solides, absolument. Donc, ça n'est en aucun cas ni une opération de sauvetage, ni un cadeau. Ces prêts pour BNP Paribas c'est 2 milliards et demis d'euros. Nous allons payer 400 points de base, c'est-à-dire que nous paierons l'an prochain 100 millions d'euros à l'Etat. Pour l'ensemble des banques, l'Etat touchera 400 millions d'euros. C'est une opération dans laquelle l’Etat, grâce à la qualité de sa
signature, va aider le système bancaire à continuer à prêter. Nous nous
sommes engagés auprès du gouvernement à continuer à prêter tout au long de
l'année 2009 ; et c'est la raison pour laquelle j'ai souhaité que BNP
Paribas revienne sur les ondes et d'ailleurs, dans les journaux dès
aujourd'hui, pour dire : vous avez un projet, nous avons des crédits. On va reparler de ça ; mais pour être précis, ces 2 milliards et demi d'euros, vous ne pouviez pas les emprunter sur le marché parce qu'on ne les prête pas, le marché est toujours gelé vis-à-vis des banques ? Oui, le marché ... sous l'impulsion du président de la République,
Nicolas Sarkozy, un plan d'ensemble a été mis en place en France et en
Europe, très puissant, depuis une dizaine de jours, qui comporte à la fois
des actions de la Banque Centrale Européenne et qui injecte des liquidités
de façon beaucoup plus puissante qu'avant ; et aussi, sur le plan du
financement des banques. Ce plan est puissant, ce plan est cohérent et ce
plan va permettre au système bancaire français et européen de passer la
crise. Ce n'est pas ce que disent les dirigeants de PME. Ils disent : nous quand on va frapper à la porte, on nous dit : on n'a pas d'argent pour vous ! Ecoutez, nous avons pris une série d'engagements précis -l'ensemble des
banques françaises à l'égard des PME- nous avons pris aussi des engagements
précis à l'égard de ceux qui ont des prêts relais. Je suis conscient qu'il y
a un certain nombre de préoccupations à cet égard. Nous verrons et nous
démontrerons dans les prochaines semaines qu'il en est ainsi. Donc, selon vous, les témoignages des patrons de PME qui disent : On ne nous prête pas d'argent aujourd'hui, sont des témoignages partiaux ? C'est-à-dire que d'une part, ça dépend évidemment de la situation de chaque entreprise. Les entreprises qui continuent -et c'est l'essentiel des entreprises françaises- à avoir des bilans solides et de bons fonds d'exploitation, à mon avis n'ont pas de problèmes pour se financer. Après, évidemment, lorsqu'on entre, et c'est le cas maintenant, dans une période de fort ralentissement économique, on a forcément des entreprises dont les résultats, dont l'activité commencent à être affectés. Et là, je dirais que l'accompagnement bancaire peut faire l'objet de davantage de difficultés parce que la situation de l'entreprise elle-même devient plus difficile. Mais ce qui est essentiel -et ce plan gouvernemental va tout à fait y aider- c'est que fondamentalement, nous avons pris des engagements. Il devrait y avoir globalement 75 milliards d'euros de crédits nouveaux à l'économie française en 2009 pour l'ensemble français. C'est l'engagement que nous avons pris et chez BNP Paribas nous participerons pleinement à cet effort. Donc, si on a bien compris, l'Etat supplée un peu les marchés pour vous prêter de l'argent. Vous aurez besoin d'autres sommes comme ça. Il y aura d'autres recapitalisations des banques françaises ? Ce que Christine Lagarde a prévu et le gouvernement, c'est que nous verrons courant 2009. Si les choses s'améliorent, ce qu'on peut espérer, graduellement et suffisamment vite, je crois que nous n'aurons pas à y revenir. Si nécessaire, le gouvernement a déjà prévu une nouvelle enveloppe du même montant qui pourrait être dégagé au printemps prochain. J'espère fortement que nous pourrons nous en passer. Parmi les réactions à ce prêt de l'Etat aux banques, j'ai noté celle de Didier Migaux, président socialiste de la commission des finances à l'Assemblée Nationale. Il dit ceci : Il est souhaitable que les banques qui reçoivent des Fonds de l'Etat, s'engagent à fermer leurs activités dans les paradis fiscaux dans les meilleurs délais. BNP Paribas a des activités dans les paradis fiscaux ? Quasiment pas d'activités dans les paradis fiscaux. Quasiment pas ! Donc, celles que vous avez, vous allez les fermer ? Ecoutez c'est que c'est tout à fait marginal et en plus, je crois que là on est en train de mélanger complètement le sujet. Il faut que nous continuions à financer ... BNP Paribas est une grande banque qui est présente dans 85 pays ... donc aucun paradis fiscaux. Il ne faut pas commencer à lier le financement de l'économie française, à essayer de couper l'ensemble du financement de l'économie mondiale. Il faut faire la chasse aux paradis fiscaux ou pas, d'après vous, Baudouin Prot ? La chasse aux paradis fiscaux, oui. Il y a d'ailleurs toute une action internationale très ferme qui est menée ; et bien entendu, BNP Paribas respecte toujours les indications dans ce domaine comme d'ailleurs dans un autre domaine qui a fait pas mal parler de lui en ce qui concerne les rémunérations des dirigeants ... C'est un autre sujet ... nous respectons tout à fait les dispositions et nous allons mettre en œuvre très rapidement chez BNP Paribas les dernières recommandations MEDEF AFEP que nous considérons comme tout à fait justifiées. Beaucoup de gens sont choqués par les sommes qui sont mises à disposition des banques. Vous savez des gens qui aident des sans-logis ou des gens qui ont faim. Ils disent : eh bien pour nous, il n'y a pas autant d'argent. Vous comprenez ces sentiments, Baudouin Prot ? Je comprends ce sentiment mais je crois que ce sentiment ... les sommes dont on parle sont considérables et c'est ce qui peut choquer. Mais il faut bien comprendre que toutes les sommes mises à la disposition des banques sont des prêts, sont des prêts qui vont rapporter à l'Etat et qui seront remboursés. Donc, il n'y a aucune aide au sens de subventions. Pour les banques bien portantes comme BNP Paribas, les sommes nous sont prêtées, nous allons les rembourser d'ailleurs dès que possible et elles portent intérêt de façon importante. Elles vont donc apporter au budget 2009 des recettes qui, je crois, seront les bienvenues pour le budget de l'Etat. Dans le journal d'Elisabeth Martichoux à 8h sur RTL, nous allons
raconter cette histoire d'un déposant à Angoulême qui a retiré 5 millions
d'euros, hier, à son agence bancaire. Est-ce que vous constatez, Baudouin
Prot, dans vos guichets des retraits de particuliers ? Franchement, chez BNP Paribas : non. Pour dire ça d'un mot, nous sommes une des trois banques les plus solides du monde, en tout cas les mieux notées, et donc je vais vous dire très franchement que depuis maintenant plusieurs semaines, nous avons au contraire un afflux de capitaux, je dirais en France et dans le monde entier, BNP Paribas est considérée comme un des rocs de l'industrie bancaire, à juste titre. Et donc nous bénéficions d'un afflux de déposants. Vos collègues de la Caisse d'Epargne ont dû démissionner à la suite
d'une perte sur des opérations boursières de 600 millions d'euros. Je comprends que la responsabilité soit exercée mais je dirige BNP Paribas et je ne porte pas de jugement sur la gestion des autres établissements. Baudouin Prot qui dirige la BNP Paribas chez qui on dépose de l'argent. Voyez, la crise n'est pas pour tout le monde, visiblement ! Auteur de l’interview : Jean-Michel Aphatie
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