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28/6/20 | Claude Reichman |
Révélation : David Pujadas est libéral !
Dans une longue interview au Point, David Pujadas, qui officie actuellement sur LCI après avoir quitté le 20 h de France 2, se moque de la gauche française « qui voit de l'ultralibéralisme partout dans un pays qui a 56 % de prélèvements obligatoires ». D’un coup d’un seul, Pujadas vient d’intégrer la minuscule cohorte des journalistes français des grands médias considérés comme libéraux (Lenglet, Doze, Sylvestre, Rioufol, Brunet). Passer de cinq à six ne les rendra pas beaucoup plus redoutables. Comme le dit Pujadas lui-même dans son interview, « nous, les journalistes, sommes comme toutes les professions intellectuelles en France, globalement à gauche ». Cela, nul ne l’ignore. Mais ce qui se dit moins, c’est que cette situation est l’élément majeur du mal français. Une démocratie moderne forge ses options politiques dans le débat permanent qui se déroule dans les grands médias et maintenant aussi sur les réseaux sociaux. Les mauvais choix économiques de la France ont été faits sous l’influence massive des journalistes de gauche. La France est, dit-on, « irréformable ». En fait quelques dizaines de journalistes de gauche empêchent toute réforme en la discréditant par avance. Et en discréditant aussi les hommes politiques qui ne pensent pas comme eux. On doit se demander comment une telle situation a pu se créer. Les propriétaires des grands médias sont presque tous en affaire avec l’Etat et comme celui-ci est, de par sa structure de redistribution, de nature collectiviste, ils ont laissé leurs journaux, radios et télévisions se remplir de journalistes approuvant et défendant bec et ongles ce type de société. Du coup le débat politique en France se borne à un thème unique : comment dépenser chaque année plus d’argent public que l’année précédente. Le plus étonnant est que les Français ont majoritairement une opinion différente et pensent qu’ils vivraient mieux si l’Etat dépensait moins. Mais ils se sont finalement résignés à supporter tant bien que mal la gestion délirante du pays, en s’efforçant de grappiller de ci de là quelque avantage public venant compenser un peu la spoliation dont ils sont victimes. Jusqu’à ce qu’un puissant mouvement de révolte, que tout le monde attendait, ne vienne, en gilet jaune, interrompre le bal costumé. Ce mouvement est le fruit du collectivisme national, qui a appauvri progressivement les entreprises et leurs salariés, qui en sont réduits, tel Verlaine, à « regarder dans leur porte-monnaie s’ils ont encore soif », c’est-à dire à ne plus pouvoir boucler leurs fins de mois. Bien entendu, les journalistes de gauche ont tous dézingué les gilets jaunes, et ceux-ci, faute d’un leader, se sont laissé envahir par des agitateurs collectivistes qui ont fait de la chasse aux riches leur thème unique. Le coronavirus a changé la donne. Pour tout le monde. L’argent public, intégralement emprunté, se déverse sur l’économie du pays, mais le pouvoir est affolé, car il voit se profiler l’instant où, ne pouvant plus maintenir ses subsides, il sera en butte à la révolte du peuple. Les guerres et les épidémies provoquent toujours des changements de régime politique. L’actuelle pandémie n’échappera pas à la règle. Et comme les journalistes de gauche ne savent rien proposer d’autre que l’augmentation des dépenses, il va falloir que la petite troupe des journalistes libéraux fasse preuve d’imagination et de persuasion pour qu’enfin la France adopte le bon chemin. Pauvre Pujadas ! Lui qui se voyait terminer paisiblement sa carrière va se retrouver en première ligne dans un combat périlleux. Il a bien la possibilité de se rétracter, lui qui vient à peine de faire son outing libéral, mais franchement ce ne serait pas une belle fin. Claude Reichman
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