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Quand les gens de bien vont-ils enfin se réveiller ? |
1/5/05 | Claude Reichman |
Tous ceux qui s'intéressent à l'automobile savent qu'hormis la
prudence, il y a deux types de protection contre l'accident : la sécurité passive et la
sécurité active. La première consiste à protéger les passagers en cas de choc grâce
à la solidité et la capacité de déformation de la carrosserie, aux ceintures de
sécurité, ainsi qu'à des dispositifs tels que les coussins gonflables. La seconde
privilégie tout ce qui tient à la tenue de route, aux capacités d'accélération qui
permettent à la voiture de se dégager rapidement, ou encore au freinage. Dans le premier
cas, il s'agit de limiter les conséquences de l'accident, dans le second de l'éviter. Il
va de soi que ces deux stratégies sont complémentaires, mais aucun constructeur n'aurait
la moindre chance sur le marché s'il s'avérait que ses véhicules n'offrent à leurs
passagers qu'une sécurité passive. Si l'on transpose ces données aux problèmes économiques, on s'aperçoit qu'en France la pensée dominante néglige totalement la sécurité active et se focalise sur la sécurité passive au point de rendre toute sécurité active impossible. Autrement dit, si l'on veut bien admettre que la caractéristique d'une économie en bonne santé est de créer le plus d'emplois possible de façon saine, donc non artificielle, la préoccupation de la classe politique, syndicale, administrative et médiatique qui dirige notre pays n'est nullement de réunir les conditions permettant la bonne santé de l'économie, mais de traiter aussi bien que possible les conséquences de son dysfonctionnement. Dans ces conditions, l'économie ne peut qu'être vouée à la crise permanente et le nombre des victimes de sa mauvaise santé qu'augmenter sans cesse. A cet épouvantable contresens, une seule et unique explication : le marxisme, qui ne voit dans l'économie libre qu'un lieu d'affrontement entre exploiteurs et exploités, alors qu'elle est au contraire, malgré ses imperfections et ses inévitables conflits d'intérêts, le seul moyen qu'ait jamais trouvé l'humanité de satisfaire ses aspirations au bien-être. C'est parce que la classe dominante française est profondément imprégnée de marxisme que notre pays va très mal et qu'il n'a pas la moindre chance de s'en tirer sans une véritable révolution de pensée, laquelle passera forcément par l'accession au pouvoir d'hommes et de femmes récusant totalement le marxisme et bien décidés à l'éradiquer, par la persuasion et par la loi, des comportements. Il est faux que toutes les idées soient respectables C'est la raison pour laquelle les partisans d'une économie de liberté doivent refuser tout accommodement avec les marxistes avérés ou déguisés. Ces derniers, qu'ils soient politiciens, syndicalistes, technocrates ou journalistes, ne doivent rencontrer aucune indulgence, ni aucune marque de sympathie ou de compréhension de la part des hommes et des femmes libres de France. Ces derniers n'ont pour armes que leurs convictions et leur sévérité à l'égard de ceux qui font le malheur du pays. S'ils veulent convaincre la majorité des citoyens du bien fondé de leurs idées, ils ne doivent manifester aucune complaisance envers les idées adverses. Car il est faux que toutes les idées soient respectables. On ne voit pas en quoi on devrait éprouver le moindre respect pour des gens dont les idées mises en pratique condamnent des millions de leurs concitoyens au chômage et au déclassement social et privent du moindre espoir les jeunes générations du pays. Or tel est bien le cas de la classe politique, syndicale, administrative et journalistique française. S'il y avait une presse digne de ce nom en France, elle bruirait de débats homériques opposant les suppôts du pouvoir à leurs détracteurs, comme cela existe dans tous les pays démocratiques et civilisés. Au lieu de cela, chez nous, c'est le calme des cimetières. La comparaison n'a rien d'outré, car personne ne peut douter que notre pays soit en train de mourir. Bien entendu, ceux que ce grand malheur laisse indifférents, soit parce qu'ils considèrent que leur propre situation n'en sera pas affectée, soit parce qu'ils sont aveugles et sourds, continuent de s'adonner aux poisons et aux vices du système, haussant les épaules quand ils voient poindre l'esquisse d'une contradiction et insultant ceux qui l'émettent, comme Giscard qualifiant de " comique troupier " l'argument qui évoque le devoir de réserve des membres du Conseil constitutionnel, ou comme Alain Minc, président du conseil de surveillance du journal Le Monde, désignant le référendum sur la Constitution européenne comme une " vérole antidémocratique ". Bien entendu, ces personnages sont caricaturaux, mais même ceux qui le sont moins constituent de graves dangers pour la survie de notre pays. Ils n'insultent pas, mais ils instillent le doute dans les esprits, le désarroi dans les mentalités et, finalement, l'esprit de renoncement qui est le plus sûr ferment de toutes les catastrophes historiques. Nous sommes nombreux à partager les idées que je viens d'énoncer. Nous sommes beaucoup moins nombreux à combattre les idées adverses. " La seule condition au triomphe du mal, a écrit le grand penseur anglais Edmund Burke, c'est l'inaction des gens de bien. " Tant que les gens de bien ne se réveilleront pas, en France, les fourriers du mal continueront d'avoir la voie libre. Mais quelque chose est en train de bouger dans notre pays. Si confus que soit parfois le débat sur la Constitution européenne, il marque cependant le début d'une prise de conscience du peuple. Que voulez-vous, la " vérole démocratique " a au moins ceci de bon qu'elle donne aux gens l'envie de se soigner ! Et pour cela d'écarter d'eux tous ceux qui les ont infectés. Et que tout le monde, vraiment, a assez vus ! Claude Reichman
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