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8/6/08 Bernard Martoïa

Le quarante-quatrième président des États-Unis aura du pain sur la planche


Bien malin celui ou celle qui, à la veille des élections primaires, aurait pu prédire qui en sortiraient vainqueurs ? Le suspense longtemps entretenu dans le camp démocrate par la pugnace Hillary Clinton s’achève aujourd’hui. L’ex-première dame, qui envisageait avec condescendance de prendre pour colistier le jeune et inexpérimenté sénateur de l’Illinois, doit battre sa coulpe. Elle se rend à Canossa pour réparer les dommages qu’elle a causés à l’unité du parti de l’âne. Dans la lexicologie américaine, le parti démocrate est assimilé à celui de l’âne et le parti républicain à celui de l’éléphant. Le symbole des deux grands partis américains revient au caricaturiste Thomas Nast. Le 7 novembre 1874, le magazine Harpers’Weekly publia le premier dessin avec un éléphant républicain en colère détruisant la passerelle en bois construite par un âne démocrate. En revanche, les couleurs attribuées aux deux partis ne datent que de la campagne acrimonieuse de l’an 2000. Avec le rouge conféré au parti républicain et le bleu au parti démocrate, l’Amérique semble oublier le courant de l'histoire.

L’ex-première dame se retire donc avec panache de la compétition. Elle s’est battue jusqu’au bout en dépit des objurgations des uns et des autres de jeter l’éponge. Malgré sa défaite électorale, elle reste la meilleure des trois candidats en lice. Elle a une bonne expérience du pouvoir qui fait défaut à celui qui lui a ravi la couronne et elle a une bien meilleure santé que le sénateur de l’Arizona… Enfin, si elle n’a pas de talent particulier en économie, elle a su s’entourer des conseils des meilleurs économistes comme Robert Rubin, (l’ancien secrétaire du Trésor de son mari) pour un crédible plan de sauvetage du dollar. Autant d’atouts décisifs qui font défaut à celui qui va devoir assumer la charge écrasante de succéder à l’actuel locataire de la Maison Blanche qui a précipité le déclin de son pays.

Cette campagne, qui a intoxiqué les médias français, ne s’achèvera officiellement que lors des conventions des deux partis au cours de l’été. La véritable campagne présidentielle ne commencera officiellement qu’après Labor Day (la fête du travail) qui est le premier lundi de septembre. Entre l’élection proprement dite qui se tient toujours le premier mardi de novembre et l’arrivée au bureau ovale du nouveau président le 20 janvier 2009, il faudra patienter sept mois. C’est une longue attente avec les défis que doit surmonter l’Amérique du XXIe siècle. La fixation au premier mardi de novembre de l’élection qui fascine le monde revient au huitième président des États-unis (1837-1841) C’est Martin Van Buren, le fils d’un humble tavernier d’origine hollandaise installé à Kinderhook dans l’État de New York, qui instaura cette coutume. Dans l’Amérique paysanne et bigote du début du XIX siècle, Van Buren dut choisir une date qui respectât ces deux impératifs : après les récoltes et avant l’arrivée brutale du général hiver (novembre) et en dehors du jour réservé au Seigneur. Ainsi fut fixée cette date au premier mardi de novembre qui permettait après l’office de se rendre en une journée de marche au plus proche bureau de vote.

Il ne sert à rien de mentionner le mot du candidat qui fait mouche. Tout ce verbiage est un bruit de fond qu’il faut écrêter pour aller à l’essentiel. Hillary Clinton est victime de la proportionnelle intégrale instaurée par les caciques du parti démocrate. Cette élection primaire aurait dû s’achever par sa victoire lors du Super Tuesday de février quand elle emporta la Californie et l’État de New York. Dans le camp républicain où la coutume a été respectée, McCain a irrémédiablement distancé ses concurrents lors de ce grand rendez-vous. Obama a perdu tous les grands États mais il a grignoté partout ailleurs les voix qui lui ont donné la victoire.

La tortue a eu raison du lièvre. En sera-t-il de même en novembre ? Sur l’élection proprement dite, les faits sont têtus. Aucun candidat n’a remporté l’élection présidentielle sans l’État clé de l’Ohio. Qui a gagné cet État dans le camp démocrate ? Hillary Clinton. Funeste présage pour celui que la presse française encense en raison de la couleur de sa peau...

Bernard Martoïa

 

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