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Une immense querelle de voleurs |
11/7/03 | Claude Reichman |
L'Etat providence s'effondre par pans entiers. Et ce n'est qu'un début.
Les intermittents du spectacle ont pris place dans la file de plus en plus longue de ceux
qui n'envisagent pas de vivre autrement qu'aux dépens des autres. Ce qu'on a coutume
d'appeler " l'exception française " n'est en fait qu'une gigantesque
escroquerie collective. Il y a un siècle et demi, Frédéric Bastiat, dans une formule
lumineuse, avait défini l'Etat comme " la grande fiction à travers laquelle tout le
monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde ". Ce n'est évidemment pas un
hasard si Bastiat est reconnu dans le monde entier comme un des plus grands économistes
de l'histoire et qu'on ignore son uvre en France. Le mettre à la place qu'il
mérite serait condamner sans appel l'organisation de la société dans notre pays. Il
n'empêche que Bastiat avait complètement raison et que les faits sont en train de le
démontrer. Un criminologue avisé a coutume de dire que " les malfaiteurs ne s'arrêtent que quand on les arrête ". Il en va de même pour tous les pratiquants de la malhonnêteté, que celle-ci soit le fait des hommes de l'Etat ou de ceux qu'ils subventionnent. Par malhonnêteté il ne faut pas entendre seulement les détournements d'argent auxquels certains personnages au pouvoir ou proches de lui procèdent à leur profit personnel. Si condamnables soient-ils, de tels comportements ne concernent qu'une goutte d'eau dans l'océan des sommes dérobées à ceux qui travaillent et font vivre la nation. S'il n'est pas consenti démocratiquement et équitablement réparti, l'impôt n'est rien d'autre qu'un vol pratiqué au moyen du monopole de la violence dont dispose l'Etat. Les groupes sociaux qui veulent s'emparer des sommes ainsi dérobées dans une proportion plus importante que celle qui devrait normalement leur revenir sont eux aussi des voleurs en réunion. La vie publique en France n'est plus qu'une immense querelle de voleurs, à laquelle assistent impuissants les volés. Tous receleurs C'est à cette aune qu'il faut juger des prétentions
des différents voleurs et les justifications qu'ils en donnent. Quand les employés de la
SNCF ou de la RATP bloquent les transports pour protéger leurs retraites scandaleusement
avantageuses, ils ne font rien d'autre que de racketter la société. Quand les
intermittents du spectacle empêchent la tenue des festivals de l'été pour continuer à
jouir d'indemnités de chômage qui leur permettent de vivre pendant un an après
seulement trois mois de travail, ils ne font rien d'autre que de rançonner les salariés
du secteur privé qui alimentent l'Unedic par leurs cotisations. Claude Reichman |