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12/10/08 | Olivier de Ducla |
La crise, raisonnons un peu ! « Le pire est passé » titrait Le journal des finances fin septembre dernier. Ne rions pas, il n’était pas le seul. Je rédige cet article avant de connaître le plan de sauvetage concocté par les grands de ce monde, entre Washington et Paris. Il faudrait, nous dit-on, un choc psychologique pour renverser la vapeur. Faire cesser la peur, parfois panique. Faisons donc le point. Depuis juin/juillet de l’année dernière, les marchés chutent. Et la chute s’accélère en octobre, octobre mois maudit. On se souviendra sans doute que la crise annoncée dans mon ouvrage, « Le Krach programmé » paru en 2003 (éditions Jean-Cyrille Godefroy), trouvait son origine dans l’étude des chartes qui montraient que l’année 2000 était comparable à l’année 1928. On se souvient comment les principaux indices nord américains avaient « dévissé » ainsi que les indices européens pour des chutes comprises entre 50 et 75%. Cette prévision, générée par les graphiques, devait bien avoir une raison économique. C’est ce qui était démontré dans ce livre. Le krach est bien là, comme tous les commentateurs l’admettent désormais. C’est une chose de savoir qu’une dépression majeure va s’installer. Mais comment s’en sortir ? Il convenait d’analyser les vraies causes du chômage car on ne soigne pas un malade sans faire un diagnostic. Dans un livre paru l’année dernière, « Votre emploi est menacé» (duclainternational.com), j’ai recensé à la suite de Maurice Allais, les causes de la crise économique en cours. Parmi ces causes nombreuses, deux causes principales ont émergé. Le gouvernement Sarkozy-Fillon a commencé à s’attaquer à quelques-unes d’entre elles mais, tant qu’on n’aura pas agi à la racine du mal, les plus belles déclarations n’y feront rien. La première, c’est l’endettement. Le coût de l’endettement représente l’intégralité du déficit budgétaire. Il s’alourdit d’année en année. Et si les taux d’intérêt venaient à monter, ça deviendrait dramatique. Autrement dit, on est au bord du gouffre. La deuxième, à égalité, vient d’une politique suicidaire menée par Bruxelles avec acharnement, c’est la politique d’abaissement systématique des barrières douanières voulue par les Anglais, et la destruction programmée par les Anglo-Américains de notre agriculture. Le « sauvetage » des banques, à quoi on s’attache en priorité, est une aberration. Car il fait glisser le poids des erreurs (plusieurs centaines de milliards d’euros) des épaules des spéculateurs (les banques américaines et européennes) sur celles des malheureux contribuables (nous). Pourquoi ne pas faire payer les coupables ? D’ailleurs, le plan Paulson, à peine annoncé, provoque une chute historique à Wall Street, puis en Europe le lendemain. Les créances pourries sont toujours là, on aura passé le mistigri, c’est tout. Qu’on évite une panique bancaire en garantissant que le citoyen ne perdra pas un euro, très bien, mais que les coupables soient mis hors d’état de nuire. Le président a repris intégralement les termes de mon dernier livre. Les banques ont outrepassé leur mission qui n’est pas de spéculer pour leur compte mais de faciliter l’économie. Heureusement qu’on a Madame Lagarde qui trouve toujours les bonnes solutions. Conte la hausse du pétrole, en son temps, il fallait aller à pied et prendre les transports en commun. Pour la crise des « subprimes», il ne fallait pas s’inquiéter, comme pour le nuage de Tchernobyl, la crise ne pouvait se diffuser en France. On est gouverné ! Il faut donc corriger les excès, comme le suggère le langage chartiste, langage qui nous avait permis d’annoncer la crise en cours. L’exubérance irrationnelle a commencé en 1995 à 1713 points. On est condamné à y revenir. Je maintiens, plus que jamais, mes prévisions de 2002, 2003 et 2007. Comme je l’ai déjà expliqué, les sorties de crises passent obligatoirement par un retour sur soi. Il faut retrouver un marché intérieur pour créer des débouchés à la production locale (préférence communautaire ou nationale). C’est ainsi que ça c’est passé dans le monde occidental après 1929. L’Etat doit diriger le crédit vers des investissements productifs volontaires. Roosevelt, après avoir mis les banques en faillite et leur avoir interdit la spéculation et la surpuissance (Glass-Steegall ACT de 1933) a entrepris une politique de grands travaux d’infrastructures (routes, barrages etc.). Les banques ne pouvaient plus à la fois être des banques de dépôt et des banques d’affaires et n’avaient pas le droit de devenir des banques nationales. Malheureusement, cet Act a été abrogé par une loi de décembre 1999, tant l’optimisme régnait alors. Quelques mois plus tard les marchés s’effondraient. En France, nous avons déjà des routes et des barrages. Pourquoi alors ne pas entreprendre la construction des 500 000 logements sociaux qui nous font si cruellement défaut Outre de revenir à Glass-Steegall, il faudra désormais réglementer voire supprimer le marchés des produits dérivés, une véritable incitation à la spéculation débridée dont la liquidation inévitable va bientôt nous tomber sur la tête. Il ne servirait à rien de faire tout ça si on ne profitait pas des réunions qui se tiennent en ce moment au plus haut niveau pour refonder le système monétaire entre les nations. L’abrogation par Nixon en 1971 de la convertibilité du dollar en or et la substitution du système de changes flottants a montré son échec. Il faut revenir à un système qui empêche les gouvernements de vivre avec des déficits budgétaires systématiques. Revenir au système de l’étalon or, pourquoi pas ? En tout cas à un système de parité fixes mais ajustables, celui qui dévie trop étant contraint de dévaluer sa monnaie. L’important est de trouver un moyen d’empêcher les gouvernants de faire n’importe quoi. Après tout, le citoyen ordinaire est bien obligé d’avoir un budget en équilibre. Une entreprise aussi, sinon c’est la faillite. Il ne reste donc plus qu’une chose à faire : me nommer Premier Ministre…. Olivier de Ducla
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