Le régime est à l’agonie !
Sous la Ve République, on n’avait jamais vu un tel remaniement. Les
nominations annoncées à l’avance par les médias, puis par un simple
communiqué au lieu de l’annonce sur le perron du palais présidentiel par le
secrétaire général de l’Elysée, une allocution du président devant le
conseil des ministres et non une adresse au pays … bref le grand n’importe
quoi. Le protocole a une seule utilité : donner une certaine solennité aux
actes du pouvoir pour le faire respecter du peuple. Sans respect, il n’y a
plus de pouvoir et le pays entre dans l’aventure.
La subsumption est un terme de logique qui consiste à faire remonter une
idée à une idée plus générale. Autrement dit à inscrire l’accessoire dans
l’essentiel. C’est un exercice auquel tout un chacun n’est pas forcément
apte car il demande de l’expérience et de la culture. Que de personnes ai-je
vu se perdre dans les détails et échouer dans leur action. Mais ce qui se
comprend et s’excuse chez ceux à qui la vie n’a pas permis de développer
leur intelligence n’est pas admis quand on accède à d’importantes fonctions
de direction et de représentation. Le peuple est le plus souvent
intelligent, et il ne permet pas au pouvoir quel qu’il soit de ne pas
l’être.
Ne pas comprendre que le spectacle qu’on donne, s’il vous ridiculise, scie
la base du pouvoir qu’on exerce est la meilleure promesse d’une révolution.
Prenons l’exemple de François Hollande. Ce garçon intelligent s’est conduit
si stupidement qu’il n’a même pas pu se représenter. Son successeur,
Emmanuel Macron, est arrivé en Jupiter et s’est rapidement transformé en
Scapin. Aujourd’hui il hésite entre Néron et Caligula. Bref il est cuit, et
le régime avec lui.
La Ve République repose sur le président de la République. Hormis les
dictatures, aucun Etat au monde n’a fait un tel choix. Celui-ci s’explique
par le traumatisme causé chez le général de Gaulle et tous ses contemporains
par l’effondrement de l’Etat et de la troisième République. Il est de fait
que la Ve a résisté à beaucoup de chocs et que les présidents successifs n’y
ont pas été pour rien, même s’ils n’étaient pas tous des foudres de guerre.
Le système a donc fonctionné, jusqu’au moment où, comme toute construction
déséquilibrée, il s’est révélé inapte à représenter le peuple. Le fait que
près de la moitié du corps électoral soit dans une situation précaire et
déserte les urnes ou vote aux extrêmes suffit à discréditer le régime. Qu’il
ait été par ailleurs incapable de réguler l’immigration et ait laissé un
flux ininterrompu s’engouffrer dans le pays, transformant nombre de
quartiers en zones de non droit, est une atteinte grave à l’unité de la
nation et à la paix civile.
Emmanuel Macron est arrivé à la tête de l’Etat à un moment où tous les
éléments du drame étaient réunis. Loin de comprendre la situation, il s’est
comporté de façon capricieuse et souvent offensante pour les Français, alors
qu’il fallait des mesures d’urgence et de sauvegarde pour redresser le pays.
Ses discours incessants et finalement incohérents l’ont rendu inaudible pour
les citoyens. Sa dernière allocution devant les ministres fut pathétique. Il
parlait comme un président qui vient de prendre ses fonctions et qui n’est
comptable de rien devant la nation. ll n’en fallait pas plus pour le
discréditer définitivement aux yeux des Français.
Un régime fondé sur son président ne peut que tomber avec lui. Les
institutions permettent à Macron de rester en place jusqu’au jour où il ne
pourra plus maintenir l’ordre. L’insurrection des banlieues n’a pu être
arrêtée que parce que les forces de l’ordre ont tenu. Macron en est bien
conscient, qui a eu ce mot incroyable dans sa dernière allocution : « Il
faut que ça tienne ». Incroyable parce qu’il révèle le désarroi du chef de
l’Etat, qui ne sait plus que mouliner des mots au lieu de prendre des
décisions.
Le régime agonise. On ne peut plus en douter. Cela devrait obliger les
Français les plus responsables à se préparer à la relève. Il n’en est rien.
Les médias continuent leur ronronnement et aucune grande voix ne se fait
entendre. Cette paralysie est très inquiétante, car elle laisse le champ
libre à toutes les dérives. Les élucubrations sur le genre et autres « wokeries »
ne devraient pas tenir cinq minutes dans un pays en ordre de marche mentale.
Et l’on ne devrait pas laisser libre cours aux provocations et aux
agressions des prétendus « insoumis », qui ne sont en réalité que des déçus
du progrès social, n’ayant pas dans la société la place qu’ils estiment
mériter. Rien de tout cela n’est hors de portée d’une démocratie occidentale
moderne. Faut-il encore qu’on sache se doter de dirigeants qui ne soient
pas, finalement, des usurpateurs. « En ces temps d’imposture universelle,
disait George Orwell, dire la vérité est un acte révolutionnaire. » C’est ce
qu’il faut s’efforcer de faire.
Claude Reichman
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