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Elections régionales : la France dans l'impasse |
22/3/04 | Claude Reichman |
L'UMP a perdu, mais personne n'a gagné. Telle est la leçon qui se
dégage du premier tour des élections régionales. La défaite du gouvernement était
inévitable. Ses réformettes ont mécontenté la gauche sans satisfaire la droite. Les
socialistes et leurs alliés ont su éviter de trop se diviser comme à la dernière
élection présidentielle et bénéficient surtout du fait qu'ils sont dans l'opposition.
Le Front national consolide ses positions mais ne crée pas de déferlante. La France se
retrouve dans la pire des situations, celle où nul ne peut douter que le pays se débatte
dans de grandes difficultés sans qu'apparaisse la moindre solution politique. Le nud du problème se situe à droite. Sa division en deux camps est suicidaire. Ce n'est pas la droite nationale qui fait problème. Associée au pouvoir, elle abandonnerait rapidement certaines positions excessives et apparaîtrait simplement comme l'aile ferme d'une de ces grandes coalitions conservatrices qui gouvernent la plupart des pays européens en alternance avec la gauche. C'est le souhait de l'immense majorité de ses électeurs. Encore faudrait-il que les autres formations de droite puissent mériter cette appellation. Tel n'est évidemment pas le cas. Dirigées par des technocrates qui se refusent obstinément à libérer la France des impôts, des charges et des règlements qui l'étouffent car ils sont le fondement même de leur pouvoir, elles ne veulent en aucun cas s'allier avec la partie populaire de l'électorat de droite qui, lui, réclame ces réformes. Cette fausse droite a réussi à capter l'électorat modéré et à lui faire croire que l'union de toute la droite serait un pacte passé avec le diable. Dans ces conditions, il n'y a aucune chance de voir un jour s'instaurer en France une politique conservatrice et libérale qui remettrait le pays à l'endroit. La seule perspective est celle d'une fausse alternance entre la vraie gauche et la fausse droite en attendant l'explosion inévitable que provoquera l'accumulation des problèmes non résolus. Cette analyse, nous la faisons depuis de longues années. Elle nous a conduit à créer Droite de France, une formation politique clairement ancrée à droite et qui, sans partager toutes les options de la droite nationale, ne voit aucune raison de la tenir à l'écart d'une grande coalition de droite. Il nous appartient donc de tenter d'arracher à la fausse droite ses électeurs abusés et de les ramener au bercail. Le salut par Internet C'est évidemment une entreprise difficile car elle se fait sans les moyens que procure aux partis politiques en place le financement public. Mais elle a toutes ses chances de succès grâce à la formidable innovation que représente Internet. On a pu voir, dans plusieurs pays et même en France, des mobilisations populaires se faire rapidement et sans engagements de dépenses par ce moyen. En outre, la toile n'est plus le domaine exclusif des jeunes. Les nouveaux pratiquants se recrutent parmi les adultes et les retraités, si bien qu'aujourd'hui plus de 22 millions de personnes en France sont connectées au Web et peuvent sans aucune difficulté se tenir au courant de ce qui s'y écrit. Et ce nombre ne cesse d'augmenter. Bien entendu, parmi les adeptes de cette technologie, beaucoup recherchent seulement de la distraction. Mais on peut se servir de son automobile pour aller aux bains de mer ou au spectacle d'un chanteur tout autant que pour se rendre à une réunion politique. D'ores et déjà notre site Internet représente un pôle d'opinion qu'on ne peut plus ignorer et sa fréquentation connaît une progression fulgurante, en France et dans le monde entier. Ceux qui s'intéressent à nos idées et qui approuvent notre stratégie peuvent aisément faire croître le nombre de nos soutiens. Il leur suffit de faire connaître notre site à leurs amis et relations et, au cas où ceux-ci ne disposent pas d'Internet, d'imprimer nos publications et d'en adresser copie par courrier au plus grand nombre possible d'entre eux. C'est par des actions individuelles simples et répétées que se développent les grands mouvements populaires. Surtout quand ils sont portés par une nécessité. Ce qui se passe en France actuellement représente un des plus grands défis auxquels notre pays ait jamais été confronté. Il doit faire face à la fois au bouleversement de son organisation économique et sociale par la compétition mondiale, à laquelle aucun pays moderne ne peut échapper, et par une modification en profondeur de sa population en raison d'une immigration massive et difficile à assimiler, et dont les politiciens en place se refusent à admettre publiquement l'ampleur, tandis que les citoyens ordinaires sont confrontés chaque jour davantage aux effets qu'elle produit sur leur mode de vie, notamment en termes d'insécurité. La gauche n'a pas la moindre solution à proposer pour résoudre ces graves problèmes. Il appartient donc à la droite de le faire. Elle n'y parviendra qu'en retrouvant ses valeurs essentielles, fondées sur le respect de l'individu et la récompense de ses mérites. Pour cela, il lui faut répudier l'organisation technocratique de la société mise en uvre et obstinément maintenue par les dirigeants de la fausse droite au risque de voir notre pays sombrer dans les pires convulsions. Une fois encore, tout va dépendre de chacun d'entre nous. Ne comptons ni sur un sauveteur providentiel ni sur quelque heureux hasard. Les miracles ne surviennent qu'en terrain préparé. La langueur dont souffre la droite en France est son plus grand ennemi. Les élections régionales du 21 mars doivent nous réveiller. Quand on est dans une impasse, il n'y pas d'autre choix que de se retourner et de faire route dans le bon sens. Et comme le dit la chanson, la meilleure façon de marcher c'est de mettre un pied devant l'autre et de recommencer. Claude Reichman
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