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28/7/09 | Claude Reichman |
Le règne de Sarkozy n’aura duré que deux ans ! La malédiction des deux ans a encore frappé. Comme son maître et seul véritable inspirateur, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy vient d’abdiquer au terme de ses deux premières années de mandat. Rappelons que Jacques Chirac n’a tenu que deux ans à Matignon, de 1974 à 1976, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, puis deux ans encore, de 1986 à 1988, en cohabitation avec François Mitterrand, puis deux ans à nouveau de 1995 à 1997, quand devenu président de la République il avait dissous l’assemblée nationale, abandonnant l’essentiel du pouvoir au premier ministre socialiste, Lionel Jospin. Le dernier mandat de Jacques Chirac semble avoir fait exception à la règle, mais en réalité c’est un président amoindri par une élection qui avait vu la gauche voter pour lui par rejet de Le Pen, et incapable de la moindre action concrète, qui s’est péniblement survécu à lui-même avant qu’un référendum européen perdu et un accident vasculaire cérébral ne le transforme en cadavre politique trois ans après sa réélection. L’accident de santé apparemment sans gravité que vient de subir Nicolas Sarkozy mérite-t-il d’être considéré comme le tournant décisif de son mandat ? Sans aucun doute et pour les raisons suivantes. Depuis son installation à l’Elysée, Nicolas Sarkozy a mené une politique haletante et sans résultat concret. Perpétuellement en mouvement afin d’occuper en permanence la scène médiatique, il a sans cesse confondu la communication avec l’action. La situation de la France, déjà très compromise lorsqu’il a pris ses fonctions, ne s’est nullement améliorée pendant la première année de son mandat, avant de connaître une brutale détérioration sous les effets conjugués de la crise française, en aggravation constante depuis plus de trente ans, et de la crise mondiale. Aujourd’hui, la situation financière, économique et sociale de la France a échappé à tout contrôle. Nicolas Sarkozy le sait. Son incapacité à gouverner s’est muée en impuissance et cette situation le mine. Pour un homme dont le rêve était de devenir président de la République afin de s’incarner dans le personnage puissant que ses origines et sa constitution ne lui permettaient pas d’être naturellement, et qui, au prix d’efforts acharnés et quasi obsessionnels pendant trente années, avait enfin atteint son but, le constat de la vanité de tous ces sacrifices au regard d’une situation qu’il ne dominait pas ne pouvait que le plonger dans une profonde dépression. C’est ce drame psychologique et la nécessité de s’en abstraire qui l’ont conduit à multiplier les efforts physiques les plus déraisonnables, jusqu’à cette course du 26 juillet, menée sous le soleil et dans un état d’extrême fatigue, véritable tentative de suicide dans laquelle il a heureusement échoué mais dont les causes restent entières et qui sera inévitablement suivie d’une ou plusieurs autres. Car on ne peut en douter : Nicolas Sarkozy souffre essentiellement d’un mal qui a moins l’ambition pour substrat que la considération qu’il veut pouvoir se porter. Et c’est là que son destin ne peut que diverger avec celui de Jacques Chirac. Ce dernier a finalement été heureux d’exercer son mandat de président comme un roi fainéant. La royauté suffisait à l’idée qu’il se faisait de lui-même et à l’appétit de la vie dont sa robustesse et son légendaire appétit témoignaient de façon éclatante. Rien de tel chez Nicolas Sarkozy. Le gamin craintif avait un besoin vital de devenir un grand chef, puissant et redouté, mais en aucun cas un chef privé de ses attributs par son échec sur le pavois. Voilà pourquoi, sachant qu’il ne réaliserait jamais le rêve le plus ancré au fond de lui-même, il a tenté de mettre fin à une situation qu’il ne supporte plus. Les jours et les mois qui viennent, pour Nicolas Sarkozy comme pour chacun, n’appartiennent qu’à Dieu, mais en ce qui le concerne personnellement la messe est dite. Claude Reichman
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