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11/10/08 | Claude Reichman |
C’est sur les gouvernants qu’il faut renforcer les contrôles ! Le grand chambardement mondial est en cours. Il va évidemment bouleverser le monde bancaire et financier, mais ce sont surtout ses conséquences économiques et sociales qui vont changer radicalement la donne. Tout d’abord, le capitalisme n’est pas mort. Pour l’excellente raison qu’aucun développement économique n’est possible sans capitaux. Surtout si l’on considère que trois milliards d’être humains vont s’ajouter, pendant le prochain demi-siècle, aux six milliards qui peuplent aujourd’hui la planète et qu’il va falloir investir massivement pour les accueillir, tandis qu’ils consommeront et produiront à leur tour, augmentant d’autant la richesse mondiale. Les capitaux seront donc indispensables, comme ils le seront pour réparer les dégâts créés par une « ingénierie » financière laissée à ses folies par des gouvernants irresponsables. Il a fallu attendre la catastrophe pour que les dirigeants politiques et les banquiers centraux s’aperçoivent qu’on prenait des risques insensés en laissant les banques et les établissements financiers extraire de leur bilan d’énormes engagements, noyer leurs créances dans des « véhicules » obligataires dont personne ne savait exactement ce qu’ils contenaient, et les vendre partout dans le monde à des banques attirées par des rendements supérieurs à ceux des obligations ordinaires, aucune d’entre elles ne se souciant de l’emprunteur sur qui tout reposait, qui n’était qu’un Américain placé au bas de l’échelle sociale et dont la solvabilité était si peu évidente que ses remboursements étaient jugés « de second choix » : subprime ! Alors s’il faut renforcer les contrôles, ce doit être sur ceux qui gouvernent les Etats et sur les administrations qu’ils sont censés diriger. Bien entendu, on trouvera toujours quelques banquiers malhonnêtes ou imprudents pour tenir le rôle du bouc émissaire, mais les politiciens ont les meilleures chances d’échapper à la punition, tout simplement parce que ce sont les peuples qui les ont élus et que ceux-ci se condamneraient eux-mêmes en les accablant. Il va de soi que les électeurs ne se priveront pas pour autant de remplacer leurs gouvernants. Mais si ces derniers ne sont pas soumis à une vigilance suffisante, ils commettront inévitablement autant d’erreurs que leurs prédécesseurs. C’est la raison pour laquelle il faut donner au citoyen le goût et l’habitude de se diriger le plus possible par lui-même, ce qui ne peut être obtenu que par la suppression de l’Etat providence, qui ne produit que des générations d’assistés. A cet égard, tous les espoirs sont permis : les régimes sociaux, déjà exsangues dans la plupart des pays et tout particulièrement en France, vont devoir être rangés au rayon des aberrations historiques, où des générations de visiteurs se demanderont comment des êtres humains apparemment dotés comme eux de raison ont pu laisser se créer et se développer de tels monstres ! Claude Reichman
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