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7/1/09 Alain Lambert

Il est urgent de renoncer à l’utopie de l’Etat providence

Iniquité générationnelle ? Que peut bien revêtir ce vocable barbare ? Tout simplement l'odieux comportement consistant à nous octroyer des droits "acquis" en matière de protection sociale : santé, retraite, dépendance, sans en assurer le financement courant, et à en renvoyer cyniquement la facture à la génération suivante, par l'accumulation d'une montagne de dettes.

Comment concevoir qu'un tel système puisse survivre dans la durée ? En vertu d'une redistribution qui s'annonce entre les pays développés et ceux en développement, tout indique que nos enfants et petits enfants n'atteindront pas notre niveau actuel de revenus.

Comment croire, dès lors, que bénéficiant de ressources plus faibles que les nôtres, ils accepteraient sans broncher des prélèvements plus élevés pour nous garantir à nous, leurs parents, des revenus plus charnus que les leurs ? Comment imaginer qu'ils consentiront de bonne grâce à nous servir les généreuses pensions que nous nous serons allouées (sans les financer), tout en remboursant notre dette accumulée et en assumant les coûts supplémentaires considérables liés à notre vieillissement et à notre dépendance, que nos gains d'espérance de vie ne manqueront pas d'accroître.

Pour l'instant, les revendications persistent comme si elles s'adressaient à une sorte d'Etat Providence, détenteur d'un trésor caché, qui viendra, le moment venu, pallier l'insoutenabilité de la charge pesant sur les générations montantes. Le temps est venu de clamer haut et fort que cette providence et ce trésor n'existent pas et qu'il est urgent de renoncer collectivement à cette utopie, de nous réveiller et d'examiner, dans un consensus transgénérationnel intelligent et serein, les voies et moyens de voir éclore un système de protection équilibré et durable.

Cette absence de lucidité constitue un immense péril, bien pire encore que les tourments que nous traversons : une crise, voire une guerre des générations. Des enfants abandonnant leurs parents, incapables d'assurer leur subsistance.
Cela ne vous rappelle-t-il pas cette si bouleversante histoire de notre enfance ? Celle du Petit Poucet et de la terrible et déchirante décision du bûcheron et de la bûcheronne : ces parents qui, le coeur brisé, épuisés par une période effroyable de disette, refusèrent de voir leurs enfants mourir de faim sous leurs yeux.

De même, pour les enfants devenus grands, il ne sera plus possible de garder leurs parents à leur charge. Non, le mieux sera, à leur tour, de les emmener couper du bois en forêt. En fouillant soigneusement leurs poches avant de partir, non pas pour y chercher un hypothétique magot, évidemment, mais pour vérifier que pas le moindre petit caillou blanc ne s'y trouve. Quant aux miettes de leur dernier quignon de pain... les oiseaux les mangeront.

Alain Lambert

 

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