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1/6/24 | Claude Reichman |
Les juges vont enfin devoir respecter nos droits ! Pas une journée sans une mauvaise nouvelle. Le plus souvent, c’est un Français poignardé. Hier ce fut la dégradation de la note de la France par Standard & Poor’s. Heureusement le ministre de l’intérieur a pu nous offrir l’arrestation d’un terroriste qui projetait de frapper les spectateurs du stade de Saint Etienne. Mais à en croire le ministre des finances, tout va bien. Finalement, tout va toujours bien en France, même si nous avons 3000 milliards de dette et que l’insécurité ne cesse de gagner. Je veux bien que les gouvernants soient optimistes. Sinon la catastrophe se déclencherait aussitôt. Mais entre l’optimisme et le pessimisme il y a le réalisme. Et de ce point de vue, nous ne sommes pas gâtés. Les têtes de liste à l’élection européenne se sont produits sur les chaînes de télévision. Il n’en est rien sorti. On a l’impression que ces jeunes gens ne vivent pas en France. Comment les a-t-on choisis ? A la courte paille ? La démocratie est un art difficile à pratiquer. On l’a vu tout de suite à Athènes où elle est née cinq siècles avant notre ère. Pensez que ces Grecs ont fait mourir Socrate, qui ne réclamait que la liberté de penser ! Alors vous imaginez bien qu’un Mélenchon ne ferait pas long feu si nous nous inspirions de la Grèce antique ! Tout le monde connaît l’histoire du type qui tombe d’un gratte-ciel et qui à chaque étage s’écrie : Jusqu’ici ça va. Nos gouvernants tombent en groupe du haut de la République et chantent en chœur que jusqu’ici ça va. Belle musique pour des obsèques ! Evidemment, on peut en rire, même si ce n’est pas gai. Mais Kafka lisait Le procès à ses amis et tous riaient de bon cœur. Aujourd’hui, kafkaïen signifie sinistre. Mais ce ne fut pas toujours le cas. Question d’époque. L’issue cependant est toujours dramatique. Quand les choses vont de plus en plus de travers, elles finissent toujours par se gâter et par faire d’innombrables victimes. Beaucoup de Français pensent qu’il faut que cela aille vraiment très mal pour que les citoyens se réveillent et changent de classe politique à grands coups de bottes dans le train (ou, bien entendu, par un procédé plus violent). Il se peut qu’ils aient raison. Mais où en sera-ton au moment où se déclenchera la colère populaire ? Je crains qu’une très longue période de misère et de troubles graves ne se produise alors. Et combien de temps durera-t-elle ? Quelles en seront les ruines ? Qu’aurons-nous fait du pays dont nous avons hérité ? Tout doit nous pousser à réagir sans tarder. Mais il faut reconnaître que les circonstances ne s’y prêtent pas. Nous sommes affligés de médias hors sol, qui n’accueillent qu’une petite troupe d’habitués. Ce n’est pas sur eux qu’il faut compter pour sonner le réveil et le salut au drapeau. Et les politiciens se trouvent fort aise de cette situation qui ne les dérange pas dans leurs ébats. Quant aux médias alternatifs qu’on trouve sur les réseaux sociaux, ils ont la mauvaise idée de singer les médias du système et nous délivrent la même mauvaise bibine. Alors que faire ? « Assieds-toi au bord du fleuve, et tu verras passer le cadavre de ton ennemi », dit un adage qu’on dit russe mais qui est peut-être chinois ou africain. Bref, il est universel. C’est ce qu’on appelle la sagesse des nations. Mais elle est aussi synonyme de résignation. Et laisse donc ses chances à l’adversaire. Mieux vaut, ne serait-ce que pour le moral des troupes, lancer l’alarme à tous et se préparer à combattre. Je ne prône évidemment pas la guerre. Mais un combat qui abrogera les dispositions contre nature dont notre pays est accablé et les remplacera par d’autres qui sont bien connues de tous les réformateurs du monde civilisé. La résistance au changement des élites françaises est abusive. Elle ne repose sur aucun motif sérieux, mais sur de vieilles habitudes, des préjugés stupides et des intérêts particuliers inadmissibles. Le plus grave est que le changement essentiel, celui de notre système social, a été prévu et organisé par un traité européen, celui de 1986 dénommé l’Acte unique. Il prévoit qu’au 1er janvier 1993 l’Europe constituera un marché unique où les hommes, les produits et les services circuleront librement. En France, on a tout fait pour refuser cette évolution alors qu’on avait adopté toutes les lois nécessaires pour l’appliquer. Les deux premiers magistrats qui ont jugé en faveur de ces dispositions ont été mutés du midi en banlieue parisienne et à Mayotte. Les autres ont compris le message et ne se s’y sont plus risqués. Notre action a toutefois permis à plus d’un demi-million d’indépendants de sauver leur entreprise. Mais il en reste encore plus de deux millions et demi à sauver et, bien sûr, des millions de salariés qui ne parviennent à finir le mois. La Cour de cassation a fini par juger que les dispositions d’ordre public, comme celles qui résultent des traités, doivent être appliquées par les juges. L’issue est donc proche ! Claude Reichman
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