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13/2/09 Eric Revel

54 milliards d’euros pour les actionnaires

Le chiffre va faire couler encore beaucoup d'encre. Alors que la France s'enfonce dans la récession et que les plans de licenciements affolent les compteurs, les entreprises du CAC 40 auront versé quelque 54 milliards d'euros à leurs actionnaires en 2008, trois milliards de moins, tout de même, que l'année précédente.

Sur cette somme, 43 milliards d'euros pour les seuls dividendes des actionnaires petits ou grands. Le chiffre peut faire tourner la tête et faire rager ceux qui vilipendent la Bourse en ces temps de crise financière métamorphosée en crise économique d'une rare violence. Mais à y regarder de plus près, cette masse d'argent distribuée est aussi une forme de soutien à la consommation et à l'investissement. Vu l'état pitoyable des marchés financiers, il y a fort à parier, en effet, que ces dividendes seront d'une manière ou d'une autre réinvestis dans l'économie réelle et c’est tant mieux.

54 milliards aux actionnaires dont 43 milliards de dividendes. Et les 11 milliards restants ?

11 milliards qui restent sur les 54 milliards versés aux actionnaires, c'est là que le bât blesse. Les entreprises du CAC 40 ont racheté leurs propres actions pour donc 11 milliards d'euros en 2008. Et là, il y a un problème. Racheter ses propres actions pour soutenir son cours en Bourse s'est révélé totalement inopérant vu l'effondrement des marchés financiers. Racheter ses propres actions pour mieux contrôler son capital a été tout aussi inefficace car les capitalisations boursières ont fondu comme jamais.

Les groupes du CAC 40 doivent, en réalité, suivre l'exemple du groupe Total qui a décidé, il y a deux mois, de suspendre cette pratique financière qui n'a rien de louable et qui ne correspond à aucun type d'investissement, ni d'augmentation du pouvoir d'achat.

Faut-il légiférer ou faire appel aux sens civique et citoyen des grandes entreprises françaises pour qu'elles arrêtent de racheter leurs propres actions ? Le débat est lancé. La France a besoin de mobiliser toutes ses ressources pour lutter contre la violence de la crise. Le pays n'a pas besoin de gonfler un secteur financier qui a failli et qui a plongé le monde entier dans la crise économique du siècle.

Eric Revel

 

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