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19/12/08 | Eric Revel |
Finance mondiale : un mea culpa général Je veux revenir sur l'affaire Madoff. Du nom donc de cet homme qui a floué ses clients de 50 milliards de dollars. Son nom est devenu à lui seul synonyme d'escroc, son visage, celui d'un financier apparemment content de lui, est devenu le visage de la crise financière qui dégénère en une crise économique si violente, que l'Insee prévoit, par exemple, pour la France plus de 200.000 emplois perdus sur le seul premier semestre de l'an prochain ! Bernard Madoff personnalise à lui seul la folie financière de ces dernières années, que nous allons payer cash : salariés bientôt au chômage, épargnants floués en Bourse, patrons de Pme qui manquent de crédits pour leur activité... L'affaire Madoff dans vos journaux, ce matin : du " Comment Madoff a trompé le monde" de Libération, au Figaro qui explique que les "épargnants français vont perdre 500 millions d'euros". La presse est finalement embarrassée par ce scandale qui en cache sans doute d'autres. La presse économique, en première ligne, est la plus gênée : c'est son monde, ses valeurs qui craquent, ses repères qui s'éloignent : La Tribune résume bien cette gêne : " Scandale Madoff: l'embarras des autorités", titre le quotidien. Un embarras général des experts de tous poils, un embarras illustré aussi par ce titre des Echos, qui formulent, toujours ce matin, à posteriori , ce titre : "Madoff : les clefs pour comprendre le scandale". On aurait aimé comprendre plus vite, être alerté plus fort. Mais les experts, journalistes ou analystes aux aguets doivent faire leur mea culpa. Tous. Et que dire des autorités financières, américaines en tête, qui ont fermé les yeux, qui ont laissé faire ? Non pas au nom de la liberté du marché, mais par complicité et par incompétence. Il faudra savoir réguler dans l'avenir. Mais il faudra savoir à qui ont profité ces dizaines de milliards de dollars envolés sur l'autel de l'escroquerie. Le pire de ce scandale Madoff est à venir. La crise va entraîner, en effet, des amalgames, des raccourcis idéologiques : on va jeter le bébé avec l'eau du bain. Les malversations financières, la crise financière et la sophistication opaque de ses produits vont condamner, et pour longtemps, d'une même voix le capitalisme industriel.... et la folie financière. La financiarisation de l'économie mondiale poussée à ce niveau va plomber idéologiquement l'ensemble des acteurs du marché : entrepreneurs, capitaines d'industrie, tous mis dans le même sac et jetés en pâture, victimes expiatoires d'un petit milieu de financiers. Tout cela aura un impact philosophique et éthique et pour longtemps ! Eric Revel
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