Le jour où les marchés
refuseront de prêter
de l’argent aux Etats … !
Que va-t-on faire de ces fameux critères de Maastricht ? Les ranger sur une
étagère du grand musée de la construction européenne ?
À moins que la situation des finances publiques de nos États soit tellement
catastrophique qu'ils n'aient pas d'autres choix que de courir derrière une
vertu budgétaire et de tenter de rattraper au vol certains — pas tous — de
ces critères essentiels à la survie financière de ces États.
En effet, vu le niveau d'endettement des États européens, ceux-ci n'auront
pas d'autre possibilité que de demander le grand retour des critères de
Maastricht ! Car pour continuer à assurer leur crédibilité financière, ce
sont eux-mêmes qui promettront de retourner vers nos « célèbres » 3 % et 60
%... Sinon les marchés financiers se diront qu'ils n'ont finalement pas
l'intention de rembourser leur dette puisqu'ils ne font pas preuve de
promesses budgétaires vertueuses ! Et si les marchés refusent de prêter
l'argent nécessaire — ou bien alors avec des spreads sur les taux
d'intérêt considérables —, certaines nations se retrouveront en faillite !
L'Islande ou la Grèce ne constitueraient plus des cas isolés. Sans parler de
pays de l'Est, comme la Roumanie, qui sont sortis totalement essorés de
cette crise : pensez donc que le PIB roumain est passé en deux ans de +8 % à
—8 % ! Terrifiant et inquiétant.
Gageons qu'après la crise, les ministres européens du Budget courront
derrière les critères de Maastricht pour enfin tenter de les respecter.
Cette course ne sera pas imposée par le « bâton » de Bruxelles, mais pour
une raison de survie financière. L'idée est très intéressante. Ce n'est pas
la Commission européenne, sans pouvoir, qui sera en mesure de réimposer ces
critères. Ce sont les États qui vont « courir derrière » pour rassurer les
marchés ! Avant la crise, certains gouvernements se faisaient tirer
l'oreille pour respecter ces critères ! Après la crise, ce seront les États
eux-mêmes qui hurleront à l'oreille des marchés financiers qu'ils veulent
devenir vertueux...
Finalement, la crise devrait imposer aux États la vertu budgétaire que
Bruxelles tentait de faire entrer dans le crâne des gouvernements à coups de
règlements et de sanctions. Une victoire posthume pour une Commission
européenne à l'agonie.
Eric Revel
Extrait de « Demain, rien ne sera plus comme avant », d'Eric
Revel (Editions Ellipses).
|