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18/11/09 Eric Revel

  Le jour où les marchés refuseront de       prêter de l’argent aux Etats … !

Que va-t-on faire de ces fameux critères de Maastricht ? Les ranger sur une étagère du grand musée de la construction européenne ?

À moins que la situation des finances publiques de nos États soit tellement catastrophique qu'ils n'aient pas d'autres choix que de courir derrière une vertu budgétaire et de tenter de rattraper au vol certains — pas tous — de ces critères essentiels à la survie financière de ces États.

En effet, vu le niveau d'endettement des États européens, ceux-ci n'auront pas d'autre possibilité que de demander le grand retour des critères de Maastricht ! Car pour continuer à assurer leur crédibilité financière, ce sont eux-mêmes qui promettront de retourner vers nos « célèbres » 3 % et 60 %... Sinon les marchés financiers se diront qu'ils n'ont finalement pas l'intention de rembourser leur dette puisqu'ils ne font pas preuve de promesses budgétaires vertueuses ! Et si les marchés refusent de prêter l'argent nécessaire — ou bien alors avec des spreads sur les taux d'intérêt considérables —, certaines nations se retrouveront en faillite ! L'Islande ou la Grèce ne constitueraient plus des cas isolés. Sans parler de pays de l'Est, comme la Roumanie, qui sont sortis totalement essorés de cette crise : pensez donc que le PIB roumain est passé en deux ans de +8 % à —8 % ! Terrifiant et inquiétant.

Gageons qu'après la crise, les ministres européens du Budget courront derrière les critères de Maastricht pour enfin tenter de les respecter. Cette course ne sera pas imposée par le « bâton » de Bruxelles, mais pour une raison de survie financière. L'idée est très intéressante. Ce n'est pas la Commission européenne, sans pouvoir, qui sera en mesure de réimposer ces critères. Ce sont les États qui vont « courir derrière » pour rassurer les marchés ! Avant la crise, certains gouvernements se faisaient tirer l'oreille pour respecter ces critères ! Après la crise, ce seront les États eux-mêmes qui hurleront à l'oreille des marchés financiers qu'ils veulent devenir vertueux...

Finalement, la crise devrait imposer aux États la vertu budgétaire que Bruxelles tentait de faire entrer dans le crâne des gouvernements à coups de règlements et de sanctions. Une victoire posthume pour une Commission européenne à l'agonie.

Eric Revel

Extrait de « Demain, rien ne sera plus comme avant », d'Eric Revel (Editions Ellipses).

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