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19/1/09 Ivan Rioufol
   Bush, un homme politique lucide

Pour la pensée unique, l'affaire est entendue : George W. Bush a été une calamité pour son pays et pour le monde. Le même discours moutonnier présente Barack H. Obama, qui prend ses fonctions demain mardi, comme un messie. Ceux-là n'ont probablement pas écouté le nouveau président, qui vient d'avouer : "On ne pourra pas appliquer tout ce qu'on a pu annoncer dans la campagne". C'est bien de le dire. Mais est-ce honnête d'avoir tant bercé l'opinion ? "Je ne me suis pas soucié de ma popularité", a dit Bush en faisant ses adieux, jeudi. Obama, lui, a particulièrement soigné son culte de la personnalité, au risque de promettre tout et n'importe quoi. J'avoue être plus sensible à l'attitude de Bush que d'Obama.

L'obamania risque de déchanter. Elle avait cru voir dans cette personnalité brillante un social-démocrate pacifiste et accommodant, image idyllique pour une Europe anti-guerre, incapable de penser la dangerosité du monde. En réalité, Obama ne s'annonce pas comme un président de rupture, en tout cas en politique extérieure, qui sera son premier dossier avec le conflit israélo-palestinien. L'Afghanistan sera le prochain théâtre de sa guerre contre al-Qaida. Obama a confirmé Robert Gates, nommé par Bush, à la Défense. Ses promesses de fermeture de Guantanamo ou d'un retrait rapide d'Irak sont de plus en plus floues. Hillary Clinton mènera une diplomatie probablement assez proche de celle des néo-conservateurs.

George W. Bush, qui a été réélu une fois, pourrait bien être réhabilité par l'histoire, comme le furent Harry Truman ou Ronald Reagan, qui quittèrent la scène sous les sifflets. Le président sortant a d'ailleurs, déjà, une bonne image dans les pays de l'Est, en Afrique, en Chine. Il est détesté dans les médias français par antiaméricanisme pavlovien et, plus précisément, pour son bellicisme en Irak, qui a répondu aux attentats du 11 septembre 2001. Mais l'Irak n'est plus le "bourbier" décrit par les commentateurs. La démocratie s'y installe. Et son choix d'avoir désigné "l'islamo-fascisme" comme l'ennemi des démocraties et des musulmans éclairés a fait de lui un homme politique lucide. Pour cela, au moins, il mérite d'être salué.

Ivan Rioufol


 

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