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31/7/09 Ivan Rioufol

La grippe porcine pour cacher la montée de l’islamisme !

Puisqu'on vous le dit : la grippe A est beaucoup plus préoccupante que la burqa. Le hasard de l'actualité rapproche ces deux dossiers, qui ont en commun l'évaluation officielle de leurs risques. Et, à écouter les pouvoirs publics, l'affaire est entendue : avec 367 femmes répertoriées par le ministère de l'Intérieur comme portant la burqa ou le niqab, il n'y a donc aucune raison de prévoir une loi interdisant le voile intégral, ce bras d'honneur fait à la France et à sa laïcité. En revanche, les 514 cas de grippe porcine annoncent le pire. L'Institut de veille sanitaire prévoit, en l'absence d'intervention sanitaire, un bilan pour la France "qui pourrait s'établir de 9 à 21 millions de malades, de 91 000 à 212 000 décès en fin de pandémie". D'ailleurs, une jeune fille de 14 ans, porteuse du virus, ne vient-elle pas de mourir, au CHU de Brest ?

Cependant, à y regarder de plus près, ce discours-là sonne faux. Il met en application l'habituelle politique de l'autruche, en utilisant cette fois la diversion : un procédé usuel, qui consiste à brouiller des données dérangeantes et à détourner l'attention. La pensée pantouflarde, qui récuse les situations conflictuelles et ne jure que par l'Etat-mamma, adore ces enfumages. Les belles âmes se mobiliseront, n'en doutons pas, pour convaincre d'une urgente mobilisation contre cette grippe cochonne, et pour assurer que cette histoire de burqa n'est qu'un fantasme de plus brandi par ceux (forcément islamophobes, racistes, d'extrême droite) qui observent les tentatives de subversion de l'islamisme dans le mode, y compris en France.

En réalité, la dramatisation des contaminations reste à démontrer. Le professeur Bernard Debré a qualifié cette épidémie de "grippette pas dangereuse", et d'autres témoignages confirment le caractère bénin des effets. Il se révèle également que cette jeune fille décédée "souffrait d'une grave maladie, compliquée d'une autre infection pulmonaire sévère". En revanche, le port de la burqa, que l'esprit capitulard aimerait classer sans suite, pose des problèmes autrement plus graves pour l'harmonie sociale. Ce défi ne se résume pas en une addition farfelue (367) des femmes qui auraient été vues la porter, même s'il serait intéressant de savoir combien de femmes portent aussi le voile, puisque ce décompte semble si simple.

Le problème posé à travers la burqa est celui de l'idéologie islamiste, qui a pris les démocraties occidentales pour cible. C'est ce que rappelle le maire (PC) de Vénissieux, André Gerin, à l'origine du débat : "Ne nous trompons pas, l'emprise des fondamentalistes, des intégristes islamistes tente de régenter la vie civile de certains territoires de notre pays". C'est cette "dérive qui affecte le monde musulman", dont parle avec mesure Amin Maalouf (Le dérèglement du monde, Grasset), que ne veut pas affronter la pensée conforme. Elle devrait pourtant écouter ces femmes qui, de Fadela Amara à Ayaan Hirsi Ali en passant par Chadortt Djavann, disent qu'il n'y a aucune différence entre le voile et la burqa, sinon quelques centimètres de tissu. Au parlement bruxellois, le voile est déjà présent. Maintenir la France, la tête dans le sable ?

Ivan Rioufol

 

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