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7/10/09 Ivan Rioufol
        Des clandestins inexpulsables !

Le ministre de l'immigration, Eric Besson, a confirmé ce mercredi matin sur RMC qu'il y aurait des vols charters, affrétés avec la Grande-Bretagne, pour renvoyer dans leur pays des Afghans interpellés près de Calais. "Il y aura des vols groupés sous réserve qu'un certain nombre de conditions soient remplies: que nous puissions être certains que les personnes seront en sécurité en arrivant à Kaboul et, deuxièmement, qu'il y ait possibilité d'une aide à la réinstallation". Très bien. Je parie que ces vols seront peu remplis. Le "message de fermeté" n'impressionnera ni les passeurs ni leurs clients. La grande majorité des interpellés, relâchés par la justice, restera en France. Manuel Valls (PS) n'a pas tort quand il expliquait, ce matin sur RTL: "Aujourd'hui, la politique d'immigration du pouvoir est peu lisible, on ne sait pas quels sont les critères des régularisations et des expulsions (...)".

Besson ne peut pas continûment faire l'éloge du droit d'asile et de la France "terre d'immigration et de métissage" et prétendre dans le même temps mener une politique visant à décourager les sans-papiers. Or il tient cette posture bancale, tiraillé entre un discours politiquement correct et la perception négative qu'a désormais de l'immigration, et singulièrement de l'immigration clandestine, l'opinion française et européenne (Libération du 18 septembre, enquête Médiascopie). D'évidence, le gouvernement et l'Insee répugnent à se confronter aux premiers effets catastrophiques d'un afflux dans certaines communes aujourd'hui asphyxiées démographiquement et financièrement. C'est ainsi que Grigny (Essonne), qui affiche une forte surnatalité, vient d'être placée sous la tutelle de l'Etat.

La vérité est que l'immigration clandestine, qui pénètre aisément dans un espace européen mal contrôlé à ses frontières, a toutes les chances de passer à travers les autres mailles du filet et de demeurer dans le pays choisi. Lundi, Pierre Cardo, ancien maire de Chanteloup-les-Vignes, expliquait dans Le Figaro comment les clandestins devenaient "pratiquement inexpulsables" à partir du moment où ils installaient leurs enfants à l'école (elles ont l'obligation de les accueillir à partir de six ans) et étaient pris en charge par le Réseau Education sans frontières (RESF). Selon lui, "l'école est devenue une porte d'entrée s'ajoutant aux mariages blancs et aux certificats d'hébergement".

Le gouvernement sait tout cela, et les candidats aussi. Plutôt que d'affréter médiatiquement d'inutiles charters, c'est cette politique de laxisme qui est à revoir. Le tourmenté Eric Besson osera-t-il ?

Ivan Rioufol

 

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