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12/6/12 Ivan Rioufol
             Crise de la représentation nationale !

Le vainqueur du premier tour des législatives est le parti des abstentionnistes. Il regroupe 42,77% des électeurs, taux record sous la Ve République.

Ce qu’il faut donc analyser, c’est la crise de représentation nationale, qui persiste et s’aggrave. Elle va conduire un pays sociologiquement à droite à se faire gouverner par une gauche politiquement minoritaire. Si le Front de Gauche, avec 6,91% des voix, peut espérer avoir néanmoins une douzaine de députés, le Front national, qui additionne le double des voix (13,6%), pourra s’estimer heureux s’il fait entrer trois élus à l’Assemblée. Ces déséquilibres et ces injustices sont des éléments qui ne peuvent que consolider la frustration chez des électeurs assignés au silence, à la transparence, à la non-existence.

La France plonge dans une situation malsaine, avec un parti socialiste omniprésent à tous les échelons de la vie politique, médiatique, syndicale. Cette position dominante, rendue notamment possible par l’alliance du PS avec une extrême gauche ayant un faible pour les violences verbales, les idéologies totalitaires et les tables rases, peut être vue comme une régression démocratique. C’est en tout cas sur le terrain de la défense et du respect de la démocratie et de ses libertés que j’entends, pour ma part, me placer.

Quand François Bayrou, qui sera vraisemblablement battu dimanche sur ses propres terres du Béarn, explique n’avoir pas été "compris" par son "électorat traditionnel" qui l’a mis en troisième position, il ne se rend pas compte que c’est lui qui, au contraire, n’a pas voulu comprendre ses électeurs. Le président du MoDem va échouer par excès d’orgueil et de distance, tout comme Jean-Luc Mélenchon a pris une raclée dans la circonscription du Pas-de-Calais qu’il disputait à Marine Le Pen(21,5% contre 42,4%) par excès d’arrogance et de mépris pour les questions identitaires qui taraudent la classe moyenne. Ségolène Royal, en ballottage à La Rochelle, pourrait semblablement perdre à cause de son parachutage et de son soutien par les autorités parisiennes.

Ce qui est en train se de mettre en place, ici et là, c’est la revanche des citoyens contre des élites déconnectées de leurs préoccupations. Dans ce contexte, l’UMP serait bien inspirée, par exemple, de laisser ses électeurs trancher eux-mêmes des situations de duel entre le PS et le FN.

Ivan Rioufol


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