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19/5/09 Ivan Rioufol
Il faut désarmer les banlieues, cache après cache !

Cette fois, c'est avec une arme de guerre (probablement une kalachnikov) que des agresseurs ont tiré sur des policiers, ce week-end à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), sans faire de victime. Un stade supplémentaire a été franchi dans l'expression d'une rébellion des voyous des cités contre l'ordre public. A cette occasion, on apprend (Le Monde daté de mardi) que le quartier des Tarterêts à Corbeil-Essonnes (Essonne) a connu quatre week-ends consécutifs d'affrontements entre les jeunes et la police, depuis le début avril. En réalité, les médias ne rendent plus compte de toutes les scènes de guérillas, tant elles sont devenues habituelles. Le 14 mars, dans la cité des Musiciens aux Mureaux (Yvelines), la police avait essuyé des tirs de plombs. Le 18 mars, Nicolas Sarkozy avait annoncé seize mesures policières et judiciaires. Effet dissuasif nul, de toute évidence.

Entendre Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, se féliciter que les policiers "ont réussi à mettre en fuite leurs agresseurs" illustre le désarroi des forces de l'ordre, dont l'autorité ne suffit plus à se faire respecter. C'est même contre eux que vont les reproches du sociologue Laurent Mucchielli. Dans Le Parisien de ce lundi, il constate : "Les policiers ont considérablement augmenté le niveau de leur violence, en particulier depuis qu'ils sont dotés de flash-balls et de pistolets électriques Taser". Il les compare aux voyous : "On se heurte à une logique de guerre entre deux groupes de jeunes gens, virils et violents, qui se provoquent et s'affrontent. Bien que les uns aient la légitimité de l'Etat et pas les autres, il est étonnant de constater que le seul mode de dialogue entre eux est le rapport de force". De tels raisonnements cul par dessus tête, révélateurs d'un état d'esprit culpabilisant une approche répressive, confortent le sentiment d'impunité des irréductibles.

Si le gouvernement ne veut pas se ridiculiser encore avec d'autres vaines déclarations martiales contre l'insécurité des cités et l'inviolabilité de leurs territoires, il est désormais contraint de passer à l'acte. Outre le démantèlement des trafics de drogue dans les quartiers sensibles, c'est leur désarmement effectif, cache après cache, que les pouvoirs publics doivent envisager. A moins que l'ensemble des cités ne s'estiment solidaires des 222 bandes qui sont, officiellement, au cœur des violences, l'Etat ne doit pas craindre les répercussions d'une telle riposte républicaine. Reste un doute, malgré tout : les banlieues ghettos surarmées seraient prêtes à soutenir une guerre urbaine ?

Ivan Rioufol

 

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