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3/10/14 Ivan Rioufol

            La dette mène souvent à la révolution !

Michel Sapin est de ceux qui font du mal à la politique et à sa crédibilité. Il est devenu le parangon de la désinvolture et du toupet. La France "tient impeccablement les dépenses" et a "pris ses responsabilités", a ainsi assuré ce mercredi le ministre des Finances en commentant le budget 2015. C’est ce qui explique sans doute que la dette publique vient de franchir les 2 000 milliards d’euros (30 300 euros par Français, bébés compris).

Celui qui avait promis avec emphase la baisse du chômage et des déficits cautionne cette fois-ci la prévision d’une croissance de 1% en 2015. Mais comment croire cet apparatchik qui, avec une assurance désarmante, dit n’importe quoi ?

D’ailleurs le Haut conseil des finances publiques a immédiatement qualifié "d’optimiste" cet objectif annoncé. Sapin n’est évidemment pas le seul à afficher une telle indifférence pour ceux à qui il s’adresse. Cela fait quarante ans que les Français se font gruger par une classe politique qui a décidé, droite et gauche confondues, de faire vivre le pays à crédit.

Mais le niveau de la dette est devenu tel que la nation, liée à des créanciers étrangers, a perdu pour longtemps sa souveraineté financière. "La France coule", titrait mercredi Le Figaro. Pour autant, on apprend par exemple que les crédits alloués à l’aide médicale d’Etat (AME), dispositif qui offre la médecine gratuite aux clandestins (plus de 600 millions d’euros pour 2014) seront augmentés de 73 millions supplémentaires en 2015.

Cette addiction à la dette, aggravée par les taux d’emprunt dérisoires qu’offre actuellement le "dealer de crédits" qu’est la Banque centrale européenne de Mario Draghi, met évidement la France à la merci de la moindre saute d’humeur de ses prêteurs, de la moindre panique boursière. D’autant que les mesures d’économies que le gouvernement ne cesse de promettre sont très en-deçà des urgences.

L’histoire nationale montre, en tout cas, que les endettements insupportables mènent souvent à des révolutions. Les déficits accumulés par les rois - qui furent de ce point de vue aussi irresponsables que leurs successeurs républicains - conduisirent notamment à 1789. Les petits épargnants et les rentiers de l’époque furent les premières victimes des "assignats", cette monnaie fictive gagée sur les biens de l’Eglise et créée pour tenter d’éviter la banqueroute. Mirabeau disait d’elle : "Douter de la valeur de l’assignat c’est douter de la révolution, c’est un crime". Ce à quoi la rue insolente chantonnait : "Les écus sont les écus, les assignats des torche-culs".

Si le pouvoir socialiste persiste à se comporter avec une telle irresponsabilité, qui se retrouve également sur bien d’autres sujets tout aussi explosifs, le peuple pourrait bien décider de répéter l’histoire.

Ivan Rioufol



 
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